Un projet national de vérification de l'âge sur Internet fait débat au niveau du Congrès américainIl allonge la liste des initiatives similaires qui mènent vers un Internet global piloté sur le modèle chinois
Cette nouvelle approche en matière de vérification de l'âge impose aux boutiques d'applications mobiles de vérifier l'âge des utilisateurs, puis d'envoyer ces informations aux applications lorsque les utilisateurs les téléchargent. L'idée existe depuis un certain temps, mais c'est seulement cette année que la première loi de ce type a été adoptée dans l'Utah, rapidement suivie par d'autres versions dans plusieurs autres États américains. L’objectif : protéger les plus jeunes de la pédopornographie. En cela, cette loi allonge la liste des initiatives similaires qui mènent vers un Internet global piloté sur le modèle chinois.
Le projet de loi doit être examiné lors d'une audience devant une commission de la Chambre des représentants qui étudie un vaste ensemble de projets de loi sur la sécurité des enfants en ligne. Il arrive juste au moment où le projet de loi a trouvé un nouveau soutien dans le secteur, Pinterest. « Nous devons garantir la sécurité de nos enfants et la tranquillité d'esprit des parents dès la première mise en marche de leur appareil. En faisant des boutiques d'applications le centre de vérification de l'âge, l'App Store Accountability Act établit une norme claire pour la sécurité des jeunes en ligne », déclare le PDG Bill Ready dans un communiqué. Des entreprises telles que Meta, Snap et X ont également exprimé leur large soutien à l'approche des boutiques d'applications.
🚨ALERT!! On Dec 2 the House Energy & Commerce Committee will hear a slate of 19 (NINETEEN!!!) bills, pitched as "Legislative Solutions to Protect Children and Teens Online"...because more government is always better 🙄
— Julie “Florida Woman” Barrett (@juliecbarrett) November 29, 2025
The App Store Accountability Act is among the worst of the… pic.twitter.com/Q5SkERa3Rx
Le modèle chinois de surveillance d’Internet prend peu à peu forme dans les autres pays
La Chine dispose déjà d’une identité numérique pour contrôler encore plus les activités de ses citoyens en ligne. Ce pays connu comme la matérialisation de la fiction Big Brother de 1984 apparaît désormais comme un exemple pour bon nombre d’autres en matière de surveillance de masse. En effet, de l’Australie au Canada en passant par l’Europe, on assiste à une multiplication d’initiatives allant dans le sens de vérifier l’âge des internautes avec pour motif de protéger les plus jeunes contre les abus sexuels en ligne.
L'expert en cybersécurité basé en Ontario, Richard Rogerson, a été surpris d'être identifié par une plateforme de jeux en ligne pour enfants le mois dernier. Ses trois enfants jouaient au jeu Roblox Murder Mystery, jusqu'à ce que la plateforme se retrouve derrière un système de vérification d’âge qui impose de se soumettre à un scan facial ou de présenter une carte d’identité.
Opened roblox after a year of not playing, had to verify my age via cam and this is what came up pic.twitter.com/8SW66EGIpq
— luneylaplace (@drsomniac) November 29, 2025
L'Australie ajoute YouTube à l'interdiction des RS pour les moins de 16 ans
L'Australie est revenue sur sa décision d'exclure YouTube de son interdiction des réseaux sociaux pour les adolescents. Une loi sur les réseaux sociaux destinée aux jeunes entrera en vigueur à partir du mois de décembre et actera l’interdiction des réseaux sociaux pour les moins de 16 ans. Youtube ne bénéficiera pas d’exemption en dépit des efforts de la plateforme pour éviter une inclusion dans le champ d’application de ladite loi.
En vertu de cette interdiction, les adolescents pourront toujours visionner des vidéos sur YouTube, mais ne seront pas autorisés à créer un compte nécessaire pour publier du contenu ou interagir sur la plateforme, ce qui implique une vérification d’identité.
#WATCH: The #Australian government announces @YouTube will be among the social media platforms that must ensure account holders are at least 16-years-old from December https://t.co/YWzJmZh8VD pic.twitter.com/NRgggjg3Jw
— Arab News (@arabnews) July 30, 2025
Même la France a évoqué la mise en place d’un mécanisme de certification visant à contrôler l’âge
L’objectif : obliger les sites pornographiques à contrôler efficacement l'âge des spectateurs sur leurs sites. La mesure prévoyait que les personnes souhaitant consulter ces sites installent sur leur téléphone portable une application de certification numérique agréée par le gouvernement pour prouver qu'elles ont au moins 18 ans.
La protection des enfants est le justificatif commun de toutes ces initiatives
Les gouvernements affirment que ces mesures protégeront les utilisateurs, notamment les enfants, contre des dangers tels que la pédopornographie, les contenus terroristes ou la désinformation. Cependant, les critiques soulignent que les définitions floues de ce qui constitue un contenu « nuisible » pourraient ouvrir la voie à une censure excessive, limitant la liberté d'expression. De plus, les startups et plateformes indépendantes pourraient ne pas avoir les moyens de se conformer aux nouvelles règles. Certains dénoncent également une surveillance intrusive des activités en ligne des utilisateurs, compromettant leur vie privée. Enfin, il existe une inquiétude quant à l'utilisation potentielle de ces lois pour réprimer des opinions dissidentes ou contrôler les discours politiques.
« La vérification de l'âge empêche les gens d'accéder anonymement à l'information en ligne », expliquait déjà Riana Pfefferkorn, chercheuse en politiques publiques à l'université Stanford. « Cela inclut les informations auxquelles les adultes ont tout à fait le droit d'accéder, mais qu'ils ne veulent pas que d'autres sachent qu'ils consultent, comme la pornographie, ainsi que les informations auxquelles les enfants veulent accéder, mais qui, pour des raisons politiques, sont jugées inappropriées pour eux, comme les informations précises sur la sexualité, la santé reproductive et le contenu LGBTQ. »
Avant l'entrée en vigueur de la loi, les experts s’étaient accordés sur un point : le système serait contourné. Les ados les plus technophiles savent déjà utiliser des VPN, des DNS chiffrés (DNS-over-HTTPS) ou même des navigateurs alternatifs pour simuler une connexion depuis l’étranger, où les règles ne s’appliquent pas. Selon eux, cela pourrait favoriser l’utilisation de plateformes plus dangereuses, non régulées, voire illégales, hébergées hors du Royaume-Uni. Autrement dit, la loi pourrait déplacer le problème sans vraiment le résoudre.
Source : SENAT US
Et vous ?
Les mesures de vérification d'âge sont-elles réellement efficaces pour protéger les mineurs, ou poussent-elles simplement les utilisateurs vers des méthodes de contournement qui pourraient, à terme, rendre la tâche des régulateurs plus difficile ?
Partagez-vous les avis selon lesquels ce n’est qu’une question de temps avant que la totalité d’Internet soit surveillée sur le modèle chinois ?
La responsabilité de protéger les enfants de la pornographie incombe-t-elle d’abord aux parents, aux écoles, ou à l’État ?
Peut-on vraiment empêcher les adolescents motivés de contourner les règles, ou s’agit-il d’une course technologique perdue d’avance ?
Les lois sur la vérification de l’âge sont-elles une avancée nécessaire pour la protection de l’enfance ou un pas de plus vers une surveillance de masse ?
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