IdentifiantMot de passe
Loading...
Mot de passe oublié ?Je m'inscris ! (gratuit)

Vous êtes nouveau sur Developpez.com ? Créez votre compte ou connectez-vous afin de pouvoir participer !

Vous devez avoir un compte Developpez.com et être connecté pour pouvoir participer aux discussions.

Vous n'avez pas encore de compte Developpez.com ? Créez-en un en quelques instants, c'est entièrement gratuit !

Si vous disposez déjà d'un compte et qu'il est bien activé, connectez-vous à l'aide du formulaire ci-dessous.

Identifiez-vous
Identifiant
Mot de passe
Mot de passe oublié ?
Créer un compte

L'inscription est gratuite et ne vous prendra que quelques instants !

Je m'inscris !

Oracle et le gouvernement américain bientôt aux commandes de TikTok US : les utilisateurs vont migrer vers la nouvelle application, mais l'avenir de l'algorithme est encore flou et inquiète les annonceurs

Le , par Stéphane le calme

0PARTAGES

5  0 
Oracle et le gouvernement américain bientôt aux commandes de TikTok US : les utilisateurs vont migrer vers la nouvelle application,
mais l'avenir de l'algorithme est encore flou et inquiète les annonceurs

Après des années de tensions entre Washington et Pékin, l’avenir de TikTok aux États-Unis vient d’être redessiné par un accord sans précédent. Oracle, Silver Lake et le fonds de capital-risque Andreessen Horowitz (A16Z) vont prendre le contrôle de 80 % des activités américaines de l’application, longtemps accusée d’être un cheval de Troie chinois. Cette nouvelle entité, basée aux États-Unis, sera placée sous un dispositif de gouvernance inédit : son conseil d’administration comptera non seulement des représentants des investisseurs, mais aussi un membre officiel du gouvernement américain.

Au-delà de cette recomposition institutionnelle, l’annonce cache une révolution pour les utilisateurs. Pour continuer à accéder à TikTok, ils devront migrer vers une nouvelle application spécifiquement conçue pour le marché américain. Un défi technique et social colossal, qui pourrait bouleverser les équilibres d’un écosystème numérique déjà en pleine mutation.


Le bras de fer entre Washington et ByteDance, la maison mère chinoise de TikTok, ne date pas d’hier. Depuis 2019, l’application est dans le viseur des autorités américaines, accusée de capter des données sensibles et de représenter un risque pour la sécurité nationale. Malgré des tentatives d’apaisement – transfert d’une partie des données aux États-Unis, promesses de transparence, ouverture aux audits – la suspicion n’a cessé de croître, alimentée par la rivalité géopolitique croissante entre les deux pays.

Le 18 janvier 2025, la Cour suprême US a confirmé la loi obligeant la société chinoise ByteDance à céder sa participation dans TikTok, sous peine d'interdiction effective de la populaire application de vidéo sociale aux États-Unis. ByteDance a jusqu'à présent refusé de vendre TikTok, ce qui signifie que de nombreux utilisateurs américains pourraient perdre l'accès à l'application. Depuis, le président américain Donald Trump a continué à repousser la date limite pour la fermeture de TikTok.

Récemment, un accord-cadre a été conclu entre la Chine et les États-Unis concernant la propriété de la populaire plateforme vidéo sociale TikTok, a déclaré le secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent, après les négociations commerciales qui se sont tenues en Espagne. Li Chenggang, représentant chinois au commerce international, a déclaré aux journalistes que les parties étaient parvenues à un « consensus de base » pour résoudre les questions liées à TikTok de manière coopérative, réduire les obstacles à l'investissement et promouvoir la coopération économique et commerciale dans ce domaine.

Un consortium d'investisseurs américains et un membre désigné par le gouvernement

Selon des sources proches du dossier, les activités américaines de TikTok seraient contrôlées par un consortium d'investisseurs comprenant Oracle, Silver Lake et Andreessen Horowitz, dans le cadre d'un accord que les États-Unis et la Chine sont en train de finaliser alors que les négociations s'intensifient.

L'accord, discuté cette semaine à Madrid par les négociateurs américains et chinois, prévoit la création d'une nouvelle entité américaine chargée d'exploiter l'application, les investisseurs américains détenant environ 80 % des parts et les actionnaires chinois le reste, ont indiqué ces personnes.

Cette nouvelle société aurait également un conseil d'administration dominé par les Américains, avec un membre désigné par le gouvernement américain.

La décision d’imposer une cession partielle, plutôt qu’une interdiction brutale, résulte d’un compromis : Washington sécurise son territoire numérique tout en évitant de se mettre à dos une génération entière d’utilisateurs. Mais ce compromis a un prix : TikTok US ne sera plus qu’une cousine éloignée de l’application mondiale, coupée de son ADN chinois.

Comme le rappelle CNN, les négociations pourraient encore évoluer tant que la situation n'est pas officielle.


Oracle, Silver Lake et A16Z : un trio improbable mais stratégique

Parmi les nouveaux acteurs, Oracle occupe une place centrale. Déjà pressenti dès 2020 comme partenaire « de confiance », le géant du cloud se retrouve propulsé en garant de la souveraineté numérique américaine. En contrôlant l’hébergement des données sur son infrastructure, Oracle s’assure une rente stratégique et une vitrine politique.

Silver Lake, connu pour ses participations dans des entreprises technologiques de premier plan, apporte une assise financière considérable. Quant à Andreessen Horowitz, figure emblématique du capital-risque, sa présence traduit la volonté d’associer l’écosystème de la Silicon Valley à ce projet de reconquête numérique.

La surprise vient du quatrième acteur : l’État américain lui-même. Avec un représentant permanent au conseil d’administration, Washington ne se contente pas d’un droit de regard, il inscrit noir sur blanc sa capacité à orienter les décisions stratégiques de la plateforme. C’est une première dans l’histoire des réseaux sociaux.

Pour mémoire, nous pouvons établir un parallèle avec Intel : le gouvernement fédéral américain, via l’administration Trump, a acquis 9,9 % du capital de l’entreprise.

Officiellement, l’administration Trump se défend de vouloir intervenir dans la gouvernance d’Intel. Le gouvernement ne dispose pas de siège au conseil d’administration et s’est engagé à voter comme la direction d’Intel sur la plupart des décisions. Pourtant, l’accord prévoit aussi un warrant de cinq ans permettant d’acheter 5 % supplémentaires si Intel venait à céder sa branche fonderie.

Cette subtilité introduit une ambiguïté : même sans contrôle direct, Washington se réserve la possibilité d’influer sur l’avenir stratégique de l’entreprise. Ironie de l’histoire : alors que les républicains fustigent souvent « l'interventionnisme étatique », l’administration Trump engage ici une politique proche du capitalisme d’État, une démarche que l’on associe plus volontiers à la Chine ou à certains pays européens.


Une migration forcée qui menace la fidélité des utilisateurs

L’annonce la plus redoutée concerne les utilisateurs : pour continuer à utiliser TikTok, ils devront télécharger une nouvelle application, gérée par la nouvelle structure américaine.

Techniquement, la transition soulève plusieurs inconnues. Les vidéos déjà publiées seront-elles transférées intégralement ? Les algorithmes de recommandation, qui font la force de TikTok, seront-ils identiques, ou faudra-t-il repartir de zéro ? Comment garantir que les millions de micro-communautés qui vivent sur la plateforme ne se disloquent pas en chemin ?

Socialement, le risque est encore plus grand. L’obligation de changer d’application pourrait briser la continuité de l’expérience utilisateur et pousser certains créateurs à migrer vers des alternatives. YouTube Shorts, Instagram Reels ou encore de nouvelles plateformes pourraient profiter de ce flottement pour séduire les publics les plus volatiles.

ByteDance réduit au silence mais pas totalement évincé

Pour ByteDance, la pilule est amère. L’entreprise conserve une participation de 20 %, probablement plus symbolique qu’influente, mais perd le contrôle direct sur le marché américain, qui représente une part cruciale de son chiffre d’affaires publicitaire.

La firme chinoise se retrouve piégée dans une contradiction insoluble : soit elle cède aux exigences de Washington et accepte de voir ses activités amputées, soit elle résiste et risque l’interdiction pure et simple. Le choix final illustre la puissance de l’extraterritorialité américaine et la vulnérabilité des géants numériques étrangers lorsqu’ils s’attaquent au marché US.


Pékin envisage d'accorder une licence d'exploitation de l’algorithme de TikTok, le cœur du succès de l'application

Si TikTok a conquis plus d’un milliard d’utilisateurs dans le monde, ce n’est pas seulement grâce à son format court et addictif, mais surtout grâce à son algorithme de recommandation. Basé sur une analyse fine des comportements (temps de visionnage, interactions, répétitions, abandon de vidéos, etc.), il ajuste en permanence le flux de contenus pour garder l’utilisateur scotché à l’écran.

Pour que le projet TikTok soit conforme à la législation américaine, les dirigeants du secteur technologique affirment que ses algorithmes doivent être créés et maintenus par une équipe d'ingénieurs américains indépendante de toute influence chinoise. Au-delà des conditions financières, la question du traitement des algorithmes de TikTok a été un élément délicat de l'accord, car ils sont considérés comme la partie la plus lucrative de l'entreprise.

Or, cet algorithme reste la propriété de ByteDance en Chine. Selon les informations disponibles, l’accord qui transfère TikTok US à Oracle, Silver Lake et A16Z ne prévoit pas la cession intégrale du code source de l’algorithme. Cela signifie que la nouvelle application américaine ne pourra pas simplement répliquer le modèle de recommandation chinois sans un accord de licence très strict – et surveillé par Pékin, qui a lui-même placé des restrictions à l’exportation des technologies sensibles d’IA.

« Nous avons conclu un accord sur TikTok. J'ai conclu un accord avec la Chine. Je vais m'entretenir avec le président Xi [Jinping] vendredi pour tout confirmer », a déclaré Trump mardi matin devant la Maison Blanche avant de partir en voyage au Royaume-Uni. « Ce sont de très grandes entreprises qui veulent l'acheter. »

Pékin avait exprimé son inquiétude quant au fait qu'une entité contrôlée par les États-Unis utilise la technologie développée en Chine par la société mère de TikTok, en particulier l'algorithme qui décide des vidéos à recommander. Mais Wang a déclaré que la Chine était désormais disposée à « accorder une licence pour l'utilisation de l'algorithme de TikTok et d'autres droits de propriété intellectuelle ». Il a également déclaré que les deux parties avaient convenu de « confier l'exploitation des données des utilisateurs américains et la sécurité du contenu ».

Les détails seront examinés de près par les responsables des deux pays, qui restent préoccupés par les implications en matière de sécurité nationale. Les inquiétudes concernant le contrôle chinois d'une application utilisée par quelque 170 millions d'Américains ont conduit le Congrès à adopter la loi que le président Joe Biden a signée l'année dernière.

Les analystes évoquent trois scénarios possibles concernant l'algorithme :
  • Licence contrôlée : TikTok US obtient le droit d’utiliser une version de l’algorithme, mais ByteDance garde la main sur les mises à jour et la propriété intellectuelle. Cela limite l’autonomie américaine et expose la plateforme à de futurs blocages politiques.
  • Version « forkée » : Oracle et ses partenaires développent une variante locale de l’algorithme, inspirée du modèle original mais adaptée avec des équipes d’ingénieurs aux États-Unis. Cela implique un délai d’adaptation et un risque de baisse de qualité.
  • Nouvel algorithme maison : TikTok US repart quasiment de zéro avec un moteur construit en interne. Ce serait le scénario le plus souverain mais aussi le plus risqué, car il mettrait des années à égaler la performance du modèle chinois.

Conséquences pour les utilisateurs et les créateurs

Si l’algorithme est bridé ou remplacé, les utilisateurs américains pourraient voir leur flux devenir moins pertinent, moins addictif et donc moins engageant. Les créateurs de contenu risqueraient alors une chute brutale de visibilité et d’interactions. C’est précisément cette incertitude qui inquiète le plus les annonceurs et les influenceurs : TikTok sans son algorithme, c’est un peu YouTube sans ses recommandations ou Google sans son moteur de recherche.

Conclusion : un « TikTok sans magie » ?

Si la Maison-Blanche peut se féliciter d’avoir sécurisé son territoire numérique, la bataille n’est peut-être pas totalement gagnée. La nouvelle application devra encore prouver qu’elle peut conserver l’attractivité de TikTok sans le lien direct avec ByteDance. Or, l’algorithme maison, fruit d’années de R&D à Pékin, est précisément ce qui distingue TikTok de ses concurrents.

Sans cette magie algorithmique, la version américaine risque de perdre de sa puissance virale. Et si les utilisateurs migrent massivement vers d’autres plateformes, l’opération pourrait se solder par un affaiblissement durable de l’écosystème numérique américain, là où Washington espérait au contraire le renforcer.

L’avenir de l’algorithme de TikTok US reste flou, mais il est probable que les États-Unis ne disposent pas du même moteur que la version mondiale. Si Washington insiste pour couper tout lien avec Pékin, le nouveau TikTok pourrait perdre une partie de son attractivité. La vraie question est donc : les utilisateurs resteront-ils fidèles à une version affaiblie de la plateforme, ou se tourneront-ils vers d’autres réseaux sociaux qui, eux, conservent leurs algorithmes originaux ?

Source : vidéo dans le texte

Et vous ?

Quelle lecture faites-vous de la situation ? Quelle situation vous semble-t-elle le plus probable de se produire concernant l'algorithme de TikTok ?

La fragmentation des réseaux sociaux par pays est-elle inévitable dans un monde marqué par la rivalité technologique entre États-Unis et Chine ?

Le modèle américain, avec un représentant gouvernemental siégeant au conseil d’administration, risque-t-il de devenir une norme mondiale ?

Les utilisateurs suivront-ils TikTok dans sa version « US only » ou préféreront-ils migrer vers des alternatives comme YouTube Shorts et Instagram Reels ?

Peut-on encore rêver d’un internet véritablement mondial et interconnecté, ou assistons-nous à une “balkanisation numérique” définitive ?

Les créateurs et les annonceurs sortiront-ils gagnants ou perdants de cette transition forcée ?
Vous avez lu gratuitement 997 articles depuis plus d'un an.
Soutenez le club developpez.com en souscrivant un abonnement pour que nous puissions continuer à vous proposer des publications.

Une erreur dans cette actualité ? Signalez-nous-la !