
L'UE a reporté l'imposition d'une amende à Google pour pratiques anticoncurrentielles présumées dans le domaine des technologies publicitaires, craignant des représailles américaines sous Trump qui pourraient perturber les négociations commerciales. Ce report, influencé par l'opposition interne et le lobbying, met en évidence les tensions entre l'application des lois antitrust et la diplomatie géopolitique, ce qui pourrait affaiblir la réglementation européenne en matière de technologie.
La tension monte à nouveau entre Washington et Bruxelles. Le président américain Donald Trump, récemment revenu à la Maison Blanche, a réitéré sa volonté d’imposer de lourds droits de douane aux pays qui maintiennent des régulations ou des taxes jugées hostiles aux intérêts américains. Dans son viseur : l’Union européenne, et particulièrement les États membres qui appliquent des taxes sur les services numériques (Digital Services Tax, DST) ou des législations structurantes comme le Digital Services Act (DSA) et le Digital Markets Act (DMA).
Trump accuse ces initiatives « d'attaquer injustement » les entreprises américaines (Apple, Amazon, Meta, Microsoft, Google), piliers de la tech mondiale. En réponse, Emmanuel Macron plaide désormais pour que l’Europe se dote d’un arsenal de représailles ciblant directement ces groupes si Washington venait à passer à l’acte.
Dans ce contexte, l'Union européenne a de manière inattendue reporté sa décision d'imposer une amende importante à Google, filiale d'Alphabet, pour des pratiques anticoncurrentielles présumées dans son activité de technologie publicitaire. Ce report intervient dans un contexte d'inquiétudes croissantes concernant d'éventuelles représailles de la part des États-Unis, en particulier sous la présidence de Donald Trump, qui pourraient compromettre les négociations commerciales transatlantiques en cours. Selon certaines sources, les autorités de concurrence de l'UE étaient sur le point d'annoncer la sanction, qui aurait pu inclure des mesures correctives comportementales visant à limiter la domination de Google dans le domaine des technologies publicitaires, mais elles se sont rétractées à la dernière minute.
L'affaire porte sur le contrôle exercé par Google sur l'écosystème de la publicité en ligne, où il opère à la fois en tant qu'acheteur et vendeur, ce qui lui vaut d'être accusé d'auto-favorisation et de fermeture du marché. Les régulateurs mènent une enquête depuis 2021, s'appuyant sur des amendes précédentes totalisant plusieurs milliards d'euros infligées à Google pour ses pratiques dans le domaine de la recherche et d'Android. Cette dernière enquête devait aboutir à une amende modeste, pouvant atteindre plusieurs centaines de millions d'euros, assortie d'ordonnances visant à modifier les activités commerciales.
Les tensions commerciales l'emportent sur les priorités antitrust
Cette intervention serait due à l'opposition au sein même de l'UE, notamment de la part du commissaire au commerce Maroš Šefčovič, qui craignait de provoquer une réaction négative de la part des États-Unis. Les pressions exercées par Washington ont ajouté à la tension, conduisant à l'annulation de la décision quelques heures avant son annonce prévue. L'UE craint particulièrement de compromettre l'accord commercial fragile conclu en juillet, qui impose des droits de douane de 15 % sur de nombreuses exportations européennes, mais qui promet une réduction des droits de douane américains sur les voitures européennes.
Cette pause reflète une dynamique géopolitique plus large, où l'application des règles antitrust croise les relations internationales. La responsable de la concurrence de l'UE, Teresa Ribera, qui a récemment pris les rênes, avait rédigé une décision qui prévoyait non seulement une amende, mais aussi l'obligation pour Google de mettre fin à ses pratiques abusives. Cependant, le personnel examine actuellement des questions supplémentaires sur le projet, ce qui pourrait retarder la procédure de plusieurs jours ou semaines.
Pour les initiés du secteur, cette évolution souligne l'équilibre que l'UE cherche à trouver entre une réglementation technologique stricte et la diplomatie économique. Google, qui détient une part importante du marché mondial de la publicité numérique, évalué à 600 milliards de dollars, a fait l'objet de contrôles répétés, mais l'issue de cette affaire pourrait créer un précédent pour le fonctionnement des plateformes verticalement intégrées. Ce report pourrait donner à Google le temps de proposer volontairement des mesures correctives, évitant ainsi des sanctions plus sévères.
Les détracteurs affirment que ces hésitations affaiblissent la loi européenne sur les marchés numériques et d'autres cadres visant à contrôler les gardiens. Parallèlement, les responsables américains ont exprimé leur inquiétude quant au fait que des mesures agressives à l'encontre des entreprises américaines pourraient mettre à mal les alliances, d'autant plus que les négociations commerciales progressent vers une baisse des droits de douane sur des secteurs clés tels que l'automobile.
Alors que l'UE attend des signaux plus clairs de la part des États-Unis sur les réductions tarifaires, la décision concernant les technologies publicitaires reste en suspens, aucune nouvelle date n'ayant été annoncée. Cela pourrait encourager d'autres géants technologiques faisant l'objet d'enquêtes similaires, tels que Meta et Amazon, à tirer parti de leur influence géopolitique pour se défendre.
Les observateurs du marché suivent la situation de près, car toute amende ou décision pourrait contraindre Google à céder une partie de son portefeuille publicitaire ou à l'ouvrir à ses concurrents, ce qui pourrait remodeler ses modèles de revenus. Pour l'instant, cet épisode montre à quel point les tensions commerciales mondiales peuvent tempérer même les initiatives réglementaires les plus déterminées, laissant l'empire publicitaire de Google intact un peu plus longtemps dans ce contexte d'incertitudes transatlantiques.
En outre, ce rapport intervient alors que le président américain Donald Trump a tenté de faire capoter le projet de l'Union européenne (UE) d'obliger les Big Tech américains à verser une compensation aux FAI européens pour l'utilisation de leurs réseaux. Le projet de l'UE sur « les contributions équitables » intervient dans un contexte marqué par l'augmentation du trafic de données provenant des services de streaming et cloud. Fin jullet, Donald Trump a annoncé que l'UE a renoncé à ce projet, qu'il considère comme une « extorsion européenne », présentant cela comme une victoire. Mais l'UE nie cette déclaration, précisant que la question n'est encore pas réglée et doit faire l'objet d'une législation.
Source : Union européenne
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