Le recours collectif est initié par Justina Jong et Amina Salgado, deux employées qui dénoncent des pratiques discriminatoires dans les divisions d’ingénierie, de marketing et d’AppleCare entre 2020 et 2024. Elles allèguent qu’Apple favorise les hommes dans l’attribution des promotions et qu’il existe des écarts de rémunération systématiques entre les sexes.
Justina Jong affirme avoir constaté un écart salarial important par rapport à un collègue masculin occupant un poste similaire. Après avoir dénoncé des comportements inappropriés, elle aurait subi des représailles, notamment un environnement de travail hostile, et sa carrière serait restée stagnante. Amina Salgado, quant à elle, a obtenu une augmentation après une enquête externe, mais Apple aurait refusé de régler les arriérés de salaire qu'elle réclame.
Les plaignantes estiment que les politiques d'Apple renforcent des inégalités systémiques, notamment en fixant les salaires en fonction des rémunérations précédentes, en utilisant des évaluations biaisées et en favorisant les hommes pour les augmentations et promotions.
Les femmes de l'entreprise dénoncent des pratiques discriminatoires systémiques
Dans un autre dossier, Justina Jong accuse Apple de ne pas avoir réagi de manière adéquate face à ses signalements de harcèlement sexuel. Elle aurait été forcée de continuer à travailler avec un collègue senior qui l’avait agressée, entraînant des troubles émotionnels graves, dont un syndrome de stress post-traumatique.
Malgré des politiques internes visant à lutter contre la discrimination et le harcèlement, les plaignantes affirment qu'Apple ne les applique pas efficacement, créant ainsi un environnement de travail inégalitaire et hostile.
Le juge Ethan Schulman de la Cour supérieure de Californie a rejeté la tentative d'Apple d'annuler les accusations liées au recours collectif. Il a estimé qu'il existe une « possibilité raisonnable » que des milliers de femmes aient été victimes de pratiques discriminatoires en matière de rémunération dans les divisions concernées.
Apple n’a pas réussi à justifier les disparités salariales ni à prouver que les cas cités dans la plainte n’étaient pas représentatifs des 12 000 employées concernées. Le tribunal a conclu que les preuves suggèrent un système de rémunération illégal entraînant des écarts salariaux systémiques entre les sexes.
Bien qu’Apple ait réussi à faire rejeter les demandes d’arriérés de salaire pour les anciennes employées, le recours collectif peut continuer à progresser, permettant aux plaignantes actuelles de réclamer réparation pour les inégalités salariales alléguées.
Eve Cervantez, avocate des plaignantes, a salué cette décision, la qualifiant d’étape importante dans la lutte contre les pratiques discriminatoires d’Apple. Selon elle, les politiques salariales de l'entreprise maintiennent systématiquement les femmes à des niveaux de rémunération injustes.
Si le recours collectif aboutit, il pourrait entraîner des changements significatifs dans les pratiques salariales et managériales d'Apple, tout en offrant une réparation aux milliers d'employées concernées. Apple, qui n’a pas encore commenté publiquement, devra démontrer que ses politiques ne sont pas responsables des écarts salariaux et des pratiques discriminatoires dénoncées.
Apple : une entreprise innovante, mais un modèle de gouvernance à réinventer
Apple, en tant qu’acteur majeur de l’industrie technologique, porte une responsabilité particulière dans l’établissement de normes éthiques et équitables sur le lieu de travail. Pourtant, il semble que certaines dynamiques internes mettent en lumière des écarts importants entre les valeurs affichées et les pratiques réelles. Cela soulève des interrogations sur la capacité de l’entreprise à garantir un environnement de travail réellement inclusif et respectueux.
Les grandes organisations doivent s’efforcer de dépasser les approches symboliques pour adopter des mesures concrètes et durables qui favorisent l’équité. Cela inclut une gestion transparente des processus de rémunération, d’évaluation et de promotion, ainsi que des mécanismes efficaces pour protéger les employés contre les abus et les comportements inappropriés. Lorsque ces engagements ne sont pas respectés, cela ne remet pas seulement en question la réputation de l’entreprise, mais aussi sa capacité à attirer et retenir les talents.
Apple a souvent été salué pour son innovation technologique et son influence mondiale. Cependant, les défis internes relatifs à la gestion des ressources humaines révèlent une déconnexion entre sa quête d’excellence externe et sa gouvernance interne. Cela invite à une réflexion plus large sur le rôle des entreprises leaders dans la construction d’une culture organisationnelle exemplaire, où chaque employé, quel que soit son genre ou son rôle, peut évoluer sans crainte d’injustice ou de discrimination.
Il est essentiel qu’une entreprise de cette envergure adopte une approche proactive pour identifier et corriger les failles systémiques qui compromettent son intégrité. Non seulement cela renforcera la confiance de ses employés, mais cela servira également de modèle pour le secteur technologique dans son ensemble. Car à ce niveau de visibilité, l’impact des actions – ou de l’inaction – dépasse les frontières de l’entreprise et influence l’industrie toute entière.
Sources : California Superior Court Judge Ethan P. Schulman, JUSTINA JONG and AMINA SALGADO's complaint
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Dans quelle mesure les politiques salariales d'Apple, telles que la fixation des salaires de départ en fonction des rémunérations antérieures, exacerbent-elles les inégalités de genre au sein de l'entreprise ?
L’ampleur des accusations (concernant jusqu'à 12 000 employées) indique-t-elle un problème systémique au sein de l’entreprise ou des cas isolés de discrimination et de harcèlement ?
Voir aussi :
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