En avril 2024, NVIDIA a annoncé l'acquisition du fournisseur d'orchestration Kubernetes centré sur l'IA Run:ai dans le but d'aider à renforcer l'efficacité des clusters de calcul construits sur GPU. Les détails de l'opération n'ont pas été divulgués, mais il semblerait que l'opération soit évaluée à environ 700 millions de dollars. La startup basée à Tel Aviv a apparemment levé 118 millions de dollars à travers quatre tours de financement depuis sa fondation en 2018.
Pour rappel, NVIDIA conçoit et fournit des unités de traitement graphique (GPU), un type de semi-conducteur destiné aux applications des centres de données. De son côté, Run:ai fournit des logiciels d'orchestration GPU permettant aux entreprises clientes de programmer, de gérer et d'optimiser leur infrastructure de calcul d'intelligence artificielle, que ce soit sur place, dans le cloud ou dans des environnements hybrides.
NVIDIA avait affirmé lors de l'annonce : "Avec Run:ai, NVIDIA permettra aux clients d'avoir une seule structure qui accède aux solutions GPU n'importe où. Les clients peuvent s'attendre à bénéficier d'une meilleure utilisation des GPU, d'une meilleure gestion de l'infrastructure GPU et d'une plus grande flexibilité grâce à l'architecture ouverte." Cependant, la Commission européenne avait ouvert une enquête sur cette acquisition.
Le 20 décembre 2024, la Commission européenne a décidé d'approuver sans condition l'offre de 700 millions de dollars de NVIDIA d'acquérir Run:ai. L'enquête de l'UE sur l'opération s'est concentrée sur les pratiques susceptibles de renforcer le contrôle de NVIDIA sur les GPU, des puces très recherchées qui divisent et traitent les tâches informatiques, mais elle a conclu que l'acquisition de Run:ai ne poserait pas de problèmes de concurrence.
La Commission européenne autorise l'acquisition de Run:ai par NVIDIA
La Commission européenne a donc autorisé sans condition, en vertu du règlement de l'UE sur les concentrations, le projet d'acquisition de Run:ai par NVIDIA. La Commission est parvenue à la conclusion que l'opération ne poserait aucun problème de concurrence au sein de l'Espace économique européen (EEE). En outre, la Commission confirme que l'opération n'atteint pas les seuils de notification fixés dans le règlement sur les concentrations étant donné que les recettes courantes de Run:ai sont négligeables.
L'opération d'acquisition a d'abord été notifiée en Italie, où l'autorité nationale de concurrence a examiné l'opération qui était susceptible de présenter des risques concrets pour la concurrence. Ensuite, l'Italie a présenté une demande de renvoi à la Commission européenne pour un examen du projet d'acquisition. Même si l'opération d'acquisition de Run:ai par NVIDIA ne revêt pas une dimension européenne, selon la commission, elle présentait le risque d'affecter les échanges au sein du marché européen et menacait d'affecter de manière significative la concurrence.
L'enquête de la Commission a commencé en novembre 2024. L'enquête portait sur l'incidence de l'opération sur les marchés de GPU discrets pour centres de données et les logiciels d'orchestration GPU. Même si les activités de NVIDIA et de Run:ai ne se chevauchent pas, les GPU et le logiciel d'orchestration GPU doivent être compatibles. La Commission a donc examiné si, après l'opération, NVIDIA serait en mesure d'entraver la compatibilité entre ses GPU et le logiciel d'orchestration GPU des concurrents de Run:ai, ainsi que la compatibilité entre le logiciel de Run:ai et les GPU des concurrents de NVIDIA.
Sur la base de son enquête sur le marché, la Commission a conclu que:
- NVIDIA détient probablement une position dominante sur le marché mondial des GPU discrets destinés aux centres de données. Toutefois, NVIDIA n'aura ni la capacité technique ni l'incitation à entraver la compatibilité de ses GPU avec les logiciels d'orchestration GPU concurrents en raison de la disponibilité et de l'utilisation généralisée d'outils garantissant cette compatibilité, ce qui a été confirmé par les concurrents de Run:ai
- Run:ai n'occupe pas aujourd'hui une position significative sur le marché des logiciels d'orchestration GPU. Les clients continueront d'avoir accès à des alternatives à Run:ai, à la fois crédibles et suffisantes, ayant des fonctionnalités logicielles avancées similaires et ils auront aussi la possibilité de construire leur logiciel d'orchestration GPU en interne.
Teresa Ribera, vice-présidente exécutive chargée d’une transition propre, juste et compétitive au sein de la Commission, a commenté la décision :
L’intelligence artificielle est appelée à exercer une influence significative sur de nombreuses industries en Europe. NVIDIA étant l’un des principaux producteurs de matériel informatique essentiel pour les applications d’IA utilisées dans l’UE et au-delà, il était important de vérifier que son acquisition de la jeune société de logiciels Run:ai n’aurait pas d’incidence négative sur la concurrence sur les marchés critiques, qui sont essentiels pour la compétitivité future.
Mais notre enquête de marché nous a confirmé que d’autres options logicielles compatibles avec le matériel informatique de NVIDIA resteront disponibles sur le marché. Cette affaire, transmise par l’Italie, souligne l’importance des renvois par les États membres pour permettre à la Commission de continuer à contrôler les transactions potentiellement problématiques.
Mais notre enquête de marché nous a confirmé que d’autres options logicielles compatibles avec le matériel informatique de NVIDIA resteront disponibles sur le marché. Cette affaire, transmise par l’Italie, souligne l’importance des renvois par les États membres pour permettre à la Commission de continuer à contrôler les transactions potentiellement problématiques.
La Commission européenne a donc autorisé sans condition le projet d'acquisition de Run:ai par NVIDIA. Elle a conclu que l'opération ne poserait aucun problème de concurrence sur aucun des marchés examinés dans l'EEE ou en Italie. Malgré ces conclusions, l'acquisition de Run:ai vient renforcer la position dominante de NVIDIA sur le marché de l'IA.
À titre de rappel, le chiffre d'affaires de NVIDIA au troisième trimestre 2024 a grimpé de 94 %, atteignant 35,08 milliards de dollars, dépassant les attentes de 1,8 milliard de dollars. Cette augmentation des revenus est en partie dû à la demande croissante en IA et en puces pour centres de données. Pour l'avenir, NVIDIA prévoit un chiffre d'affaires de 37,5 milliards de dollars au quatrième trimestre et s'apprête à lancer ses GPU de la série RTX 50, avec une croissance supplémentaire attendue du matériel Blackwell à venir. L'acquisition Run:ai pourrait venir encore booster ces chiffres.
Source : Commission européenne
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