Facebook pourrait faire face à des accusations d'antitrust américaines dès novembre, a rapporté vendredi le Washington Post, citant quatre personnes connaissant bien le sujet. Selon ces personnes, les enquêteurs fédéraux et d'État devraient s'engager dans une procédure judiciaire massive contre le géant des réseaux sociaux et son apparente mainmise sur les médias sociaux. Pendant ce temps, Google, contre qui le ministère de la Justice a déposé une plainte l’accusant de protéger illégalement son monopole, répondra à ces accusations d’ici décembre prochain, selon Reuters.
Ces derniers mois ne sont pas de tout repos pour les géants américains de la technologie. La plainte du ministère de la Justice allègue que Google protège illégalement sa position dominante sur le marché de la recherche à coups de milliards de dollars. Un peu plus tôt ce mois, le comité judiciaire de la Chambre américaine des représentants a publié ses conclusions sur la question de savoir si Amazon, Facebook, Apple et Google enfreignent la loi antitrust. Le rapport a accusé ces sociétés d’avoir acheté les plus petites entreprises afin d’éviter la concurrence, de faire du favoritisme quant à leurs propres services et de détenir un pouvoir démesuré sur les autres entreprises qui utilisent leurs plateformes.
Selon des personnes qui ont parlé au Washington Post, la Commission fédérale du commerce (FTC) s'est réunie en privé jeudi pour discuter de l’enquête sur Facebook tandis que les procureurs généraux des États, sous la direction de Letitia James, procureur général de New York, ont examiné la société afin de détecter d'éventuelles menaces pour la concurrence, a rapporté le journal.
Selon le Washington Post, ces sources d’informations, qui se sont exprimées sous la condition de l'anonymat pour décrire une affaire d'application de la loi, ont dit que le calendrier pourrait encore changer, ajoutant que les procureurs généraux des États sont en train de préparer leur plainte. Le journal qui a publié cette nouvelle pour la première fois n’a pas pu avoir immédiatement les commentaires de Facebook, de la FTC et du bureau du procureur général de New York.
Selon une cinquième personne, les enquêteurs de l'État cherchaient à établir une première liste de participants pour vendredi. Le groupe bipartisan concentrerait son attention sur la stratégie de Facebook qui consiste à acheter des concurrents potentiels, parfois pour les acquérir et les éliminer, selon deux ces personnes. « Les acquisitions en série de Facebook reflètent l'intérêt de l'entreprise pour l'achat de sociétés qui avaient le potentiel de devenir des rivales avant qu'elles ne deviennent de véritables menaces concurrentielles », a conclu ce mois le rapport de la sous-commission judiciaire de la Chambre.
La FTC, quant à elle, n'a pas encore voté pour porter plainte contre Facebook, bien que certaines personnes aient déclaré qu'une réunion de ses membres démocrates et républicains cette semaine - rapportée pour la première fois jeudi par le Washington Post - comportait des présentations illustrant la manière dont l'agence pourrait procéder. Selon Reuters, Facebook a déclaré en août que son directeur général Mark Zuckerberg a été interviewé lors d'une audience d'investigation de la FTC dans le cadre de l'enquête antitrust du gouvernement sur la société.
Facebook a été confronté à des enquêtes similaires par le ministère de la Justice et par les procureurs généraux des États, et a déclaré que les enquêtes précédentes portaient sur des acquisitions et des pratiques commerciales antérieures impliquant « des services de réseaux sociaux ou de médias sociaux, de la publicité numérique, et/ou des applications mobiles ou en ligne ».
Tout a commencé l’année dernière, lorsque les fonctionnaires fédéraux ont lancé leur enquête antitrust sur Facebook après que la société ait accepté de payer 5 milliards de dollars pour régler une enquête gouvernementale sur une série de scandales liés à la vie privée. La FTC, qui surveille la concurrence dans tout le pays, s'est intéressée en particulier à l'achat par Facebook de ses anciens rivaux - Instagram, une application de partage de photos, et WhatsApp, un service de messagerie - et à la mesure dans laquelle l'empreinte tentaculaire du géant de la technologie en est venue à violer les lois antitrust.
Google doit répondre au procès antitrust américain d'ici le 19 décembre
Un procès antitrust déposé contre Google au cours de ce mois par le DOJ a mis en avant la domination du géant de la technologie dans la recherche et la publicité en ligne comme preuve de son statut de monopole qui « doit être arrêté », a déclaré Ryan Shores, procureur général adjoint associé, lors d'une conférence de presse mardi matin. Une enquête du ministère a révélé que Google contrôle plus de 88 % du marché de la recherche en ligne. Le DOJ soutient également que la pratique de Google consistant à payer les fabricants de smartphones pour préinstaller ses applications offre à la société un avantage déloyal.
Dans un article publié vendredi, Reuters a rapporté que Google doit répondre au procès antitrust du Département américain de la justice d'ici le 19 décembre, en citant un dépôt de plainte effectué vendredi. Google a qualifié la poursuite de « profondément vicié qui ne ferait rien pour aider les consommateurs ».
Dans son billet de blog publié au cours de cette semaine, Google a montré un aperçu de ce à quoi ressemblerait une confrontation judiciaire entre lui et le ministère de la Justice. Le géant a soutenu qu’il fait face à d’autres concurrents dans le domaine de la recherche d’informations comme Twitter, Amazon, OpenTable et d'autres.
« Il prétend que nous ne sommes en concurrence qu'avec d'autres moteurs de recherche généraux », a écrit Walker. « Mais c'est manifestement faux. Les gens trouvent des informations de nombreuses façons : ils cherchent des nouvelles sur Twitter, des vols sur Kayak et Expedia, des restaurants sur OpenTable, des recommandations sur Instagram et Pinterest. Et lorsqu'ils cherchent à acheter quelque chose, environ 60 % des Américains commencent sur Amazon ».
Contre l’accusation de protéger illégalement son monopole sur le marché de la recherche à coups de milliards de dollars, Google a répondu qu’il négocie des accords avec les sociétés partenaires comme Apple afin de placer ces produits sur « des étagères à hauteur des yeux ». Google a dit qu’il n’est pas non plus le seul à faire cela, plusieurs autres concurrents négocient les mêmes places, selon le directeur juridique de la société Kent Walker.
Si la nouvelle concernant la plainte contre Facebook est confirmée, ce serait la deuxième action antitrust majeure contre la Silicon Valley en quelques semaines. Depuis l’année dernière, Facebook a fait face à une série de critiques de la part des régulateurs nationaux qui estiment qu'il a effrontément cherché à étendre son empire numérique d'une manière qui mine la concurrence et laisse ses milliards d'utilisateurs avec un service moins bon, y compris moins de protection de la vie privée.
Sources : The Washington Post, Reuters
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Voir aussi :
Google répond au DOJ, qui l'accuse de protéger illégalement son monopole, en décrivant son procès comme « profondément vicié qui ne ferait rien pour aider les consommateurs »
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Le , par Stan Adkens
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