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Le ministère de la Justice annonce un vaste examen antitrust de la Big Tech
Afin de déterminer si elle réduit la concurrence et étouffe l'innovation

Le , par Stan Adkens

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Les entreprises technologiques sont confrontées à une réaction négative aux États-Unis et dans le reste du monde, alimentée par les préoccupations d’autres entreprises sur les conditions de la concurrence, des législateurs et des groupes de consommateurs qui les accusent d'avoir trop de pouvoir et de nuire à leurs concurrents commerciaux et aux utilisateurs. Pour élucider ces questions, le ministère américain de la Justice ouvre une vaste enquête sur ces grandes entreprises du numérique comme Facebook, Amazon et Google afin de déterminer si elles se livrent effectivement à des pratiques anticoncurrentielles. L’annonce, qui constitue le signe le plus fort que l'administration Trump intensifie son enquête sur les géants de la technologie, a été faite mardi dans un communiqué de presse publié sur le site Web du Département de la Justice.

Cette dernière enquête annoncée ne consistera pas à examiner les infractions potentielles individuelles de ces entreprises, mais portera sur « la question de savoir si et comment les plateformes en ligne, leaders sur le marché, ont acquis un pouvoir de marché et se livrent à des pratiques qui ont réduit la concurrence, étouffé l'innovation ou causé d'autres préjudices aux consommateurs », a déclaré le ministère de la Justice dans un communiqué.


Le gouvernement américain ne vise pas non plus une plateforme numérique en particulier, mais son action tiendrait plutôt compte des préoccupations généralisées que les consommateurs, les entreprises et les entrepreneurs ont exprimées au sujet « des moteurs recherche, des médias sociaux et de certains services de ventes en détail en ligne, même si une référence apparente est faite aux entreprises comme Alphabet Inc (société mère de Google), Amazon.com Inc et Facebook Inc, et potentiellement Apple Inc ». En effet, la Division antitrust du Ministère s'entretient avec le public et cherche à obtenir de l'information du public, y compris les participants de l'industrie qui ont un aperçu direct de la concurrence sur les plateformes en ligne, ainsi que d'autres intervenants.

Makan Delrahim, le procureur général adjoint de la Division antitrust a déclaré :

« Sans la discipline d'une véritable concurrence fondée sur le marché, les plateformes numériques peuvent agir d'une manière qui ne répond pas aux demandes des consommateurs ». « L'examen antitrust du Département va explorer ces questions importantes », a-t-il ajouté.

Les géants américains de la Technologie sont sous pression un peu partout dans le monde. Reuters a rapporté mardi que selon le sénateur démocrate, Richard Blumenthal, le ministère de la Justice « doit maintenant faire preuve d'audace et d'intrépidité pour empêcher la Big Tech d'abuser de son pouvoir monopolistique. Trop longtemps absents et apathiques, les responsables de l'application de la loi doivent maintenant prévenir les abus de confidentialité, les tactiques anticoncurrentielles, les obstacles à l'innovation et les autres caractéristiques d'un pouvoir de marché excessif ».

Les grandes entreprises de technologie sous pression

Cette annonce de la nouvelle et vaste enquête antitrust survient un jour avant que la Federal Trade Commission n'annonce l'imposition d'une pénalité de 5 milliards de dollars à Facebook pour avoir échoué dans la protection adéquate de la vie privée des utilisateurs de sa plateforme, selon Reuters. Depuis mars 2018, la FTC a lancé une enquête sur des allégations selon lesquelles Facebook aurait partagé de manière inappropriée des informations appartenant à 87 millions d'utilisateurs avec le cabinet britannique de conseil politique Cambridge Analytica.

L'objectif était de déterminer si le partage de données violait un accord de consentement de 2011 entre Facebook et le régulateur. L’accord de 2011 exige, entre autres, que Facebook demande et obtient l'autorisation expresse des utilisateurs avant de partager leurs données avec des tiers, et que le géant de la technologie informe le régulateur dans les cas où d'autres entités utilisaient ces informations de manière abusive. Toutefois, Facebook s’était déjà préparé financièrement et avait commencé à mettre de côté de 3 milliards de dollars en attendant l’annonce du montant définitif de l’amende.

Reuters a rapporté en début du mois de juin que le gouvernement américain se préparait à lancer ce qui pourrait être une enquête sans précédent et de grande envergure sur certaines des plus grandes entreprises technologiques du monde. L'administration Trump veut savoir si Amazon, Apple, Facebook et Google d'Alphabet faisaient un usage abusif de leur énorme pouvoir de marché. Pour y parvenir, la FTC et le ministère de la Justice, qui appliquent les lois antitrust aux États-Unis, se sont partagé l’examen de ces quatre sociétés, ont déclaré les sources de Reuters, Amazon et Facebook étant sous la surveillance de la FTC, et Apple et Google sous celle du ministère de la Justice.


Reuters a d’abord annoncé le 1er juin qu’une enquête antitrust se préparait contre Google afin de déterminer si le géant de la technologie a enfreint la loi antitrust en exploitant ses vastes activités en ligne. Selon une source de Reuters, l'enquête potentielle sur Google portait sur des accusations selon lesquelles l’entreprise donnerait la préférence à ses propres entreprises dans les recherches.

Selon Reuters, les législateurs approuvent l’idée d’ouvrir une enquête sur la Big Tech. Les principaux législateurs démocrates et républicains se sont félicités des enquêtes potentielles menées sur les grandes entreprises de technologie. La présidente du comité judiciaire du Sénat, Lindsey Graham, républicaine, a déclaré à Reuters en juin que le modèle économique de sociétés telles que Google et Facebook devait être examiné de près. « C’est tellement puissant et tellement non réglementé », a-t-elle déclaré.

Dans un article publié mardi, Reuters a rapporté qu’une personne informée de la question a déclaré que l'examen du ministère de la Justice pourrait également inclure certains procureurs généraux d'État.

Dans son communiqué de presse, le ministère de la Justice a déclaré que l'examen « a pour but d'évaluer les conditions de concurrence sur le marché en ligne d'une manière objective et équitable et de s'assurer que les Américains ont accès à des marchés libres où les entreprises se font concurrence sur le fond pour fournir les services que les utilisateurs veulent ».


Les politiciens démocrates et républicains ainsi que des acteurs de l'industrie s'inquiètent de plus en plus de la taille des plus grandes entreprises technologiques et de leur pouvoir de marché. La sénatrice, Elizabeth Warren, candidate démocrate à la présidence, a appelé à la dissolution d'entreprises comme Amazon, Apple, Google et Facebook et au dénouement d'acquisitions antérieures.

La sénatrice est convaincue que les pratiques de ces grandes entreprises influencent la concurrence en faisant pencher la balance de leur côté. « Les géants n'ont pas le droit de racheter la compétition. La compétition a besoin d'avoir l'occasion de s'épanouir et de grandir », a-t-elle dit en mars dernier. Le discours de Warren a eu l’approbation de certaines personnes.

Parmi ces personnes, il y a Tim Wu, professeur de droit, de science et de technologie à la Columbia Law School, qui a mis en garde contre une économie dominée par quelques grandes entreprises, et la sénatrice de l'État de New York, Julia Salazar qui a déclaré : « Je suis heureuse de voir les dangers d'un pouvoir monopolistique sur le marché pris au sérieux par une candidate aux élections présidentielles de premier plan ».

Les préoccupations concernant la domination des grandes entreprises de technologie et leur rôle dans le déplacement ou l'absorption d'entreprises existantes sont examinées par les principaux organes législatifs des Etats-Unis depuis l'an dernier. « Les investisseurs en capital-risque et les jeunes entreprises s'accordent de plus en plus à dire qu'il existe une zone d'exclusion autour de Google, Amazon, Facebook et Apple qui empêche les nouvelles entreprises d'entrer sur le marché avec des produits et services innovants pour défier ces entreprises en place », a déclaré le représentant David Cicilline, un démocrate qui dirige le sous-comité.

Les pratiques des géants américains de technologie sont également pointées du doigt en dehors des Etats-Unis, notamment en Europe.

La Commission européenne a, pendant ces cinq dernières années, infligé trois lourdes amendes à Google pour abus de position dominante relatif à son système d’exploitation pour smartphone Android (4,34 milliards d’euros, un record), son comparateur de prix Google Shopping (2,42 milliards d’euros) et sa régie publicitaire AdSense (1,49 milliard d’euros). Elle a également ouvert, la semaine dernière, une « enquête approfondie » sur le géant américain du commerce en ligne Amazon, soupçonné d’enfreindre les règles européennes de concurrence.

Les géants de la technologie réfutent l’accusation selon laquelle ils sont en situation de monopole

Selon Tim Cook, PDG d’Apple, sa société n'est pas en situation de monopole puisqu'il vend moins que Samsung. Le mois dernier, il a déclaré à CBS News qu’un examen minutieux était juste, mais « si vous examinez une mesure quelconque concernant le fait que Apple est un monopole ou non, je ne pense pas que quiconque de raisonnable va arriver à la conclusion que Apple est un monopole. Notre part est beaucoup plus modeste. Nous n'avons pas de position dominante sur aucun marché ».

Google, qui représentait plus de 92 % de la part du marché mondial des moteurs de recherche en juin dernier (selon StatCounter), a cherché à convaincre le Congrès la semaine dernière qu'il y a concurrence dans le secteur de la recherche en ligne.

Devant le Congrès mardi, Adam Cohen, responsable de la politique économique de Google, a assuré qu’en matière de recherche en ligne, les consommateurs ont le choix : « dans notre activité principale qu’est recherche, les consommateurs ont la possibilité de choisir parmi un large éventail d’options : Bing, DuckDuckGo, Yahoo, et bien d’autres », ajoutant que « les services de recherche spécialisés tels que Amazon, Kayak, Travelocity, eBay, Yelp et bien d’autres sont également de puissants concurrents ». M. Cohen a également questionné : serait-ce de la faute de Google si sa solution a plus de succès auprès des consommateurs ?

L’annonce de l’enquête antitrust a fait chuter les actions des grandes entreprises visées. Selon Reuters, Facebook a chuté de 1,7 % en dehors des heures de négociation, Alphabet de 1 %, Amazon a baissé de 1,2 % et Apple de 0,4 %.

Source : Département de la Justice, Reuters

Et vous ?

Que pensez-vous de cette enquête antitrust annoncée par le ministère de la Justice ?
Que peut-on attendre de cette enquête ?
Peut-elle aboutir au démantèlement des plateformes numériques ?

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Avatar de KEKE93
Membre éclairé https://www.developpez.com
Le 15/10/2020 à 17:31
Les procès pour situation monopolistique sont des procédures très très longues.
Le procès anti-trust d'IBM avait duré de 1969 à 1982 et a généré 30 millions de pages

https://www.historyofinformation.com/detail.php?id=923

Tellement long que la situation d'IBM s'est arrangée toute seule au début des années 80, de nouveau concurrents étant venus sur le marché (Cf les PC compatibles, Oracle puis Cisco...); la cour ayant jugé qu'IBM ne méritait plus un tel procés...
IBM, prévoyant un démantellement, avait changé sa structure organisationelle de sorte qu'un démantellement ait le moins d'effet possible et est ainsi devenu un monolithe elephantesque incapable de "danser" face à la concurrence...

C'est ce qui pourrait advenir aussi aux GAFAM.
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Avatar de Waikiki
Membre averti https://www.developpez.com
Le 12/04/2021 à 14:29
Google favorise sa principale source de revenue, Apple favorise ses applications sur l'App Store, Amazon copie les produits les plus vendeurs sur sa plateforme, Microsoft a tout fait pendant des année pour imposer son OS sur les pc, Facebook utilise les données générées sur ses plateformes pour faire du profit.

Y en a vraiment qui sont encore étonnés par de telles annonces ? les GAFAM n'ont jamais été des sociétés philanthropiques et ce n'est pas prêt d'arriver.
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Avatar de sirthie
Membre éprouvé https://www.developpez.com
Le 30/07/2020 à 15:28
Citation Envoyé par brulain Voir le message
Cela s'apparente clairement à du harcèlement envers ces entreprises qui veulent simplement rendre le monde meilleur, avec une éthique et une transparence qui forcent l'admiration.
Heuuu... tu fais de l'humour, là, hein ?
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Avatar de emilie77
Membre éprouvé https://www.developpez.com
Le 23/09/2020 à 10:32
Apple ou Android... Wow marché ouvert
Apple avec son store super ouvert...
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Avatar de walfrat
Membre émérite https://www.developpez.com
Le 08/10/2020 à 13:18
Outre tous les abus, je pense aussi qu'il y a une partie de la situation qui vient des clients. Une grosse majorité des gens qui passent leur temps sur Internet, n'ont pas envie d'écumer 10 moteurs de recherches, 10 application de magasin en lignes, 10 réseaux sociaux différents pour ce qu'ils veulent faire, en soit ils n'ont pas nécessairement tort, mais ça rend la vie difficile aux petits.

Je pourrais prendre aussi une nouvelle marque de voiture, essayer d'imaginer comment ce doit être difficile de lancer une nouvelle marque de voiture et de se faire une place a côté des gros déjà existant.
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Avatar de edrobal
Membre averti https://www.developpez.com
Le 07/10/2023 à 13:08
Microsoft accuse Google de pratiques déloyales. L’hôpital se fout de la charité !!! Comment un OS aussi merdique que Windows a-t-il pu devenir quasi incontournable.
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Avatar de emilie77
Membre éprouvé https://www.developpez.com
Le 20/11/2024 à 16:46
Google:
- search
- analytics
- cloud
- android
- chrome
- gmail
- maps
- news
- calendar
- contacts
- google apps
- drive
- youtube
- photos
- ...

Ce n'est pas trop?
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Avatar de Ryu2000
Membre extrêmement actif https://www.developpez.com
Le 26/10/2020 à 11:39
Citation Envoyé par Bill Fassinou Voir le message
L’on estime qu'Apple reçoit aujourd'hui entre 8 et 12 milliards de dollars de paiements annuels, contre 1 milliard de dollars par an en 2014, en échange de l'intégration du moteur de recherche de Google dans ses produits. Il s'agit probablement du plus gros paiement que Google verse à quiconque et représente 14 à 21 % des bénéfices annuels d'Apple. Ce n'est certainement pas de l'argent qu'Apple serait impatient de laisser tomber.
Purée , plusieurs milliards de dollar juste pour mettre Google comme moteur de recherche par défaut.
J'imagine qu'aucune autre entreprise pourrait proposer un meilleur deal à Apple.

Citation Envoyé par Bill Fassinou Voir le message
Les deux entreprises sont contre l’avis des régulateurs et estiment qu’il y a de nombreux partenariats du genre dans la Silicon Valley. « Nous avons ce genre de terme étrange dans la Silicon Valley : co-opposition », a déclaré Bruce Sewell, avocat général d'Apple entre 2009 et 2017. « Vous avez une concurrence brutale, mais en même temps, vous avez une coopération qui est nécessaire ». Ils sont en concurrence sur pas mal de fronts, comme les smartphones, les cartes numériques et les ordinateurs portables. Mais ils savent aussi se montrer gentils quand cela leur convient.
Apple n'a pas de moteur de recherche ni de plateforme vidéo comme YouTube, donc ça ne lui pose pas problème que les gens utilisent ces services.

Citation Envoyé par L33tige Voir le message
Ca me rappel un épisode de Crossed de Karim Debbache.
Je me rappelle de cette blague, c'était peut-être dans un épisode de l'émission Chroma (uniquement disponible sur Dailymotion en principe).

Ça me fait penser à la chanson "Arrête un peu ta parano" de Didier Super :
Arrête un peu ta parano, si vraiment les gouvernements
Ils étaient vraiment les larbins des multinationales
Tu crois pas qu’il y a bien longtemps
Que les multinationales, elles domineraient toute la planète
Et peut-être même le monde
Et qu'elles auraient même plus besoin de s’acquitter de leurs impôts
Non mais sérieux, faut réfléchir deux secondes
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Avatar de Zefling
Expert confirmé https://www.developpez.com
Le 20/11/2024 à 16:51
Elle a également déclaré qu'il serait plus difficile d'assurer la sécurité de Chrome.
Cette blague. Firefox n'est pas sûr donc ?

Ça permet surtout de mieux contrôler l'utilisateur par tous les angles :
  • la recherche
  • la navigation
  • le système

Autant dire quasiment tout passe par chez-eux qu'une façon ou d'une autre. C'est sûr que supprimer une de ces briques, c'est une perte de revenu colossale pour Alphabet et aussi une perte de contrôle du web.
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Avatar de Sodium
Membre extrêmement actif https://www.developpez.com
Le 17/05/2020 à 18:01
Non, je ne pense pas qu'il y ait d'équivalent à Google en tant que mastodonte. Ils contrôlent le web et décident donc si un site aura des visiteurs ou non. Et ça ce n'est que le web, après on peut rajouter la majorité des smartphones, leurs services de géolocalisation etc.
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