Un juge français se retrouve exclu de la vie numérique par les USA : Ses comptes Amazon, Airbnb, Paypal ont fait l’objet de fermetureLa conséquence d’une dépendance totale aux monopoles logiciels américains
Le juge français Nicolas Guillou a toute sa vie numérique et financière qui est désormais sévèrement restreinte en raison des sanctions globales imposées par les États-Unis. Ces sanctions font suite à la décision de la Cour pénale internationale (CPI) de délivrer des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le ministre de la Défense Yoav Gallant pour crimes de guerre. Le tableau ravive l’intérêt autour des initiatives d’affranchissement de la dépendance aux solutions logicielles américaines.
ICC Judge Nicolas Guillou, who sought accountability for Israeli war crimes in Gaza, faces severe US sanctions, effectively blocking him from global banking and services for doing his judicial duty. pic.twitter.com/MGfHMErJJ7
— Quds News Network (@QudsNen) November 21, 2025
La souveraineté numérique a fait l'objet de nombreuses discussions en Europe ces dernières semaines, notamment lors d'un sommet franco-allemand à Berlin. A date, un juge français fait l'expérience des conséquences du degré de dépendance vis-à-vis des États-Unis dans le secteur numérique. Nicolas Guillou, l'un des six juges et trois procureurs de la Cour pénale internationale (CPI), a été sanctionné par les États-Unis en août. Dans une récente interview, il décrit sa situation actuelle comme un voyage numérique dans le temps, qui le ramène dans les années 1990, avant l'ère d'Internet.
Tous ses comptes auprès d'entreprises américaines telles qu'Amazon, Airbnb ou PayPal ont été immédiatement fermés par les prestataires. Les réservations en ligne, par exemple via Expedia, sont immédiatement annulées, même si elles concernent des hôtels en France. La participation au commerce électronique lui est également pratiquement impossible, car les entreprises américaines jouent toujours un rôle d'une manière ou d'une autre et il leur est strictement interdit d'entretenir des relations commerciales avec des personnes sanctionnées.
US sanctions against French ICC judge Guillou, who signed arrest warrants for Netanyahu and Gallant, turned his life into a living hell.
— Gemina Teed (@GeminaTeed) November 20, 2025
His economic life has been cancelled worldwide and online. He can’t use US services or access banking services, even with non-American banks. https://t.co/RTLN1st7cN
C’est de souveraineté dont il est question et celle de l’Union européenne fait plus que jamais l’objet de pesées comme le souligne le juge dans un récent entretien
La situation actuelle est en effet telle que l’UE est reconnue comme une colonie logicielle des Etats-Unis. Au début du mois d’avril 2024 une annonce secoue le net : Un État fédéral allemand fait passer 30 000 PC de Microsoft Windows et Microsoft Office à Linux, LibreOffice et d'autres logiciels libres et open-source, cette annonce parait logique, mais pourquoi cela choque-t-ilil en fin de compte ? Pourquoi est-ce qu'au final ça n'est qu'une exception qui confirme la règle ? la règle c'est qu'en réalité à de très rares exceptions près, toute l’Europe est restée sous Microsoft Windows et Microsoft Office, mais pourquoi donc ? et c'est la qu'un excellent documentaire refait surface sur les réseaux sociaux, qui explique tout.
Le lundi 19 février 2018, un reportage télévisé de 45 minutes sur la dépendance des administrations publiques à l'égard de Microsoft a été diffusé sur Das Erste, la première chaîne de l'ARD (radiodiffuseur public allemand). Il s'intitule " The Microsoft Dilemma ; Software Colony Europa " (Le dilemme Microsoft ; la colonie logicielle en Europe). Une partie de l'émission traitait de l'accord Open Bar entre Microsoft et le ministère français de la Défense, et proposait des interviews d'une sénatrice française, Joelle Garriaud-Maylam, d'une journaliste française qui avait fait un reportage sur le sujet en 2017, Leïla Minano, et du responsable des affaires publiques d'April, Étienne Gonnu.
Une équipe multinationale de journalistes - Investigate Europe - a rédigé une série d'articles sur la dépendance désastreuse de l'Europe à l'égard de Microsoft, chacun analysant un cas national spécifique de dépendance publique à la firme américaine. L'article français, écrit par Leïla Minano et publié dans le magazine d'information Marianne en mai 2017 (en français), portait sur l'accord Open Bar entre Microsoft et le ministère français de la Défense. Le reportage télévisé a été réalisé dans la foulée de cette impressionnante enquête journalistique, et revient sur l'accord Open Bar.
Il est intéressant de noter que l'article de Marianne - qui a révélé des informations précieuses sur la façon dont l'accord Open Bar a été initialement conclu, et a confirmé qu'il avait été renouvelé pour quatre années supplémentaires - a aidé April à obtenir le texte du nouveau contrat (en français) par le biais d'une demande d'accès aux documents administratifs. Cela a finalement incité une sénatrice française, Joelle Garriaud-Maylam, à soumettre une proposition de résolution visant à créer une commission d'enquête sur cet accord Open Bar en octobre 2017.
C’est pour ce lot de raisons que l’UE cherche des alternatives aux fournisseurs américains de services d’informatique dématérialisée ou encore que la Cour pénale internationale a remplacé Microsoft Office par la suite logicielle souveraine de l'UE OpenDesk.
Et vous ?
Partagez-vous les avis selon lesquels l’Europe est une colonie logicielle des USA ?
Que vous suggère l'idée de souveraineté logicielle pour l'Europe ? Est-ce une piste que l'UE gagnerait à explorer avec plus de sérieux ?
Quelle appréciation faites-vous des efforts visant à assurer la souveraineté technologique de l'UE vis-à-vis des USA ?
Qu’est-ce qui explique les hésitations et les échecs qui marquent les projets de passage des solutions américaines fermées à celles dites libres et open source ? La supériorité des solutions américaines à code source fermé ? Le lobbying ? La résistance au changement ?Voir aussi :
Un logiciel libre doit-il être en mesure de restreindre les tâches que ses utilisateurs peuvent effectuer avec son aide ? Non, pour Richard Stallman
France : le Sénat choisit d'encourager l'utilisation des logiciels libres et formats ouverts plutôt que de leur donner la priorité
Les députés votent la priorité au logiciel libre dans l'enseignement supérieur, échec du lobbying des éditeurs de logiciels propriétaires
Les logiciels libres ne seront plus prioritaires dans l'Éducation Nationale, ils seront envisagés mais plus préférés aux solutions propriétaires
Choisir en priorité le logiciel libre porterait atteinte au principe de neutralité technologique des marchés publics, pour le Syntec Numérique
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