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Après avoir publié un livre critiquant Meta, une ancienne cadre risque la faillite : chaque interview, post sur les réseaux sociaux, conférence publique critiquant Meta peut lui coûter 50 000 $

Le , par Stéphane le calme

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Après avoir publié un livre critiquant Meta, une ancienne cadre de l'entreprise risque la faillite :
chaque interview, post sur les réseaux sociaux, conférence publique critiquant Meta peut lui coûter 50 000 dollars

L’affaire Sarah Wynn-Williams, ex-directrice de la politique publique mondiale chez Meta, fait grand bruit. Après avoir publié un livre critique sur les pratiques internes du géant californien, elle risque aujourd’hui la faillite. En cause : une clause de non-dénigrement intégrée à son accord de départ, qui prévoit une sanction de 50 000 dollars pour chaque propos jugé dénigrant. Ce bras de fer illustre un problème plus vaste : jusqu’où les multinationales en général, les grandes enseignes de la tech en particulier, peuvent-elles contrôler le récit de leurs anciens employés, même lorsqu’il s’agit d’informations cruciales pour le débat public ?

Sarah Wynn-Williams n’est pas une inconnue dans l’univers de la tech. Ancienne responsable politique de Meta, elle a quitté l’entreprise en 2017, après plusieurs années à naviguer dans les zones grises de la régulation numérique et de la diplomatie technologique. À son départ, elle signe comme beaucoup d’autres un accord de séparation comprenant une clause classique mais redoutable : ne jamais critiquer publiquement son employeur.

Huit ans plus tard, elle publie Careless People, un ouvrage devenu rapidement un bestseller, où elle dénonce les pratiques douteuses de Meta. Sécurité des adolescents sacrifiée au profit de la croissance, complaisance envers certains régimes autoritaires, et une culture interne marquée par des comportements sexistes : le livre se veut autant un témoignage qu’un acte d’alerte.

Ce livre contenait également des allégations de harcèlement sexuel que l'entreprise a niées. Il indique qu'elle a été licenciée pour « mauvaises performances et comportement toxique ».

Cependant, l'ancienne diplomate s'est vu interdire la publication de ses mémoires après que Meta, propriétaire de Facebook et d'Instagram, ait obtenu une décision l'empêchant de le faire. Elle a ensuite comparu devant une sous-commission judiciaire du Sénat américain, où elle a déclaré que Meta travaillait « main dans la main » avec Pékin sur les outils de censure, ce que l'entreprise a nié.


La riposte juridique de Meta : 50 000 dollars par infraction

Pour Meta, l’affaire est simple. Wynn-Williams a violé un contrat volontairement signé. Les propos contenus dans le livre seraient diffamatoires, parfois mensongers, et terniraient l’image de l’entreprise. L’arbitrage en cours a débouché sur une interdiction : l’autrice ne peut plus promouvoir son livre dès lors que cette promotion contient des critiques jugées contraires à son engagement contractuel.

Le dispositif de sanction est dissuasif : 50 000 dollars par infraction. C'est ce que rappelle une députée au Parlement britannique, estimant que l'entreprise de Mark Zuckerberg tentait de « réduire au silence et de punir » Sarah Wynn-Williams après que celle-ci ait décidé de s'exprimer sur son expérience au sein de l'entreprise. Louise Haigh, ancienne secrétaire d'État aux Transports du Parti travailliste, a rappelé que Wynn-Williams risquait une amende de 50 000 dollars chaque fois qu'elle enfreignait une ordonnance obtenue par Meta lui interdisant de tenir des propos désobligeants à l'égard de l'entreprise.

À ce rythme, chaque interview, chaque post sur les réseaux sociaux, chaque conférence publique peut représenter une nouvelle amende. L’ancienne cadre dit craindre la faillite, tant la menace financière est écrasante.

Louise Haigh : « Meta cherche à la réduire au silence »

Pan Macmillan, qui a publié ces mémoires, a déclaré avoir vendu plus de 150 000 exemplaires tous formats confondus. Le livre a également été classé parmi les meilleures ventes de livres reliés de 2025 par le Sunday Times. L'édition de poche devrait être publiée au début de l'année prochaine.

Le magazine New York a précédemment rapporté que Wynn-Williams avait reçu une avance de plus de 500 000 dollars pour son livre.

Haigh a mis en avant le cas de Wynn-Williams à la Chambre des communes lors d'un débat sur les droits du travail lundi. Elle a déclaré que la décision de Wynn-Williams de s'exprimer publiquement l'avait plongée dans une situation financière précaire. « Malgré les déclarations publiques précédentes selon lesquelles Meta n'utilise plus d'accords de confidentialité dans les cas de harcèlement sexuel – ce que Sarah a affirmé à plusieurs reprises –, elle est poussée à la ruine financière par le système d'arbitrage britannique, Meta cherchant à la réduire au silence et à la punir pour s'être exprimée », a-t-elle déclaré.

« Meta a imposé une ordonnance de silence à Sarah et tente de lui infliger une amende de 50 000 dollars pour chaque violation de cette ordonnance. Elle est au bord de la faillite. Je suis certaine que toute la Chambre et le gouvernement soutiendront Sarah lorsque nous adopterons cette loi visant à garantir que les lanceurs d'alerte et ceux qui ont le courage moral de s'exprimer soient toujours protégés. »

Il est entendu que le montant de 50 000 dollars représente les dommages-intérêts que Wynn-Williams doit payer pour avoir enfreint de manière substantielle l'accord de séparation qu'elle a signé lorsqu'elle a quitté Meta en 2017. Meta a souligné que Wynn-Williams avait conclu volontairement l'accord de non-dénigrement dans le cadre de son départ.

Meta a déclaré qu'à ce jour, Wynn-Williams n'avait pas été contrainte d'effectuer de paiement au titre de cet accord.


Des dénonciations qui se sont multipliées

Récemment, témoignant devant les sénateurs américains, Sarah Wynn-Williams a fait de nouvelles déclarations sur Meta. Elle a révélé que l'entreprise ciblait les adolescents avec des publicités basées sur leur état émotionnel.

Répondant à une question de la sénatrice Marsha Blackburn, Wynn-Williams a confirmé que Meta, anciennement Facebook, ciblait les jeunes de 13 à 17 ans avec des publicités lorsqu'ils se sentaient faibles ou déprimés, reconnaissant qu'ils constituaient un groupe « très précieux » mais vulnérable pour les annonceurs. « Elle pouvait identifier les moments où ils se sentaient sans valeur, impuissants ou en situation d'échec, et [Meta] prenait cette information et la partageait avec les annonceurs », a-t-elle déclaré.

Wynn-Williams a expliqué que les annonceurs ciblaient les adolescents lorsqu'ils se sentaient mal, car ils étaient plus susceptibles de faire des achats. Par exemple, si une adolescente supprime un selfie, des publicités pour des produits de beauté s'affichent, supposant qu'elle n'est pas sûre de son apparence. De même, les adolescents ayant des problèmes d'image corporelle étaient ciblés par des publicités pour la perte de poids.

Les adultes ne sont pas épargnés par cette pratique. Un document présenté lors de l'audition révèle que Facebook a également recherché l'état émotionnel des jeunes mères pour des publicités ciblées. Wynn-Williams s'est souvenue d'avoir suggéré à un cadre de Meta qu'une entreprise valant des milliards de dollars ne devrait pas avoir besoin d'exploiter des adolescents vulnérables à des fins financières.

Meta a toutefois nié les affirmations de Wynn-Williams, les décrivant comme étant « éloignées de la réalité et truffées de fausses affirmations ». Bien que la question du ciblage émotionnel ait été abordée, la majeure partie de l'audience s'est concentrée sur les liens de Meta avec la Chine.


La Chine : la « baleine blanche » de Mark Zuckerberg d'après l'auteure

Sarah Wynn-Williams affirme que la « baleine blanche » de Mark Zuckerberg est la Chine et sa population de 1,4 milliard de personnes. « C'est la chose qu'il a toujours cherché à conquérir, mais qui lui a échappé », a déclaré Sarah Wynn-Williams. Pour tenter d'accéder au marché chinois, Facebook a garanti qu'il favoriserait l'ordre social et a donné aux ingénieurs chinois des explications détaillées sur le fonctionnement de sa fonction de reconnaissance faciale.

Sarah Wynn-Williams ajoute également que Facebook a essentiellement proposé d'aider le parti communiste chinois à censurer les messages viraux, en suggérant que le gouvernement fournisse à l'entreprise une liste noire de contenus interdits. « Ce qui est encore plus inquiétant, c'est qu'ils ont installé ces compteurs de viralité à Hong Kong et à Taïwan », affirme-t-elle. Facebook aurait également essayé diverses autres méthodes visant à censure le discours.

En 2015, Mark Zuckerberg aurait demandé au président chinois Xi Jinping s'il lui ferait « l'honneur de nommer son enfant à naître ». Xi Jinping a refusé. Dans son ouvrage, Sarah Wynn-Williams souligne que malgré leurs efforts, Meta et son PDG n'ont jamais réussi à pénétrer pleinement le marché chinois.

Depuis 2019, Meta a déclaré qu'elle n'opérait pas en Chine, mais Sarah Wynn-Williams note que la société a tout de même réalisé 23  milliards de dollars de recettes l'année dernière grâce à des entreprises basées en Chine qui font de la publicité sur ses plateformes de médias sociaux du groupe.

Quand les clauses de silence deviennent des armes

Ce cas illustre un usage croissant des clauses de non-dénigrement dans les accords de départ. Présentées comme des garde-fous contre la diffamation, elles peuvent en pratique fonctionner comme des « ordonnances de bâillonnement » privées.

Dans certains pays, ces clauses sont strictement encadrées. Aux États-Unis, le National Labor Relations Board a récemment jugé qu’elles ne pouvaient pas empêcher des discussions sur les conditions de travail. Au Royaume-Uni, plusieurs députés dénoncent désormais leur abus, estimant qu’elles étouffent la transparence et nuisent à l’intérêt général. En Europe continentale, leur validité varie selon les juridictions, mais elles restent difficiles à contester sans de longs et coûteux procès.


La frontière fragile entre diffamation et vérité

Tout le problème repose sur une tension : distinguer la diffamation, qui doit être sanctionnée, de la critique légitime, indispensable dans une démocratie. Meta assure que Careless People contient des mensonges. Wynn-Williams, de son côté, affirme que son récit repose sur des faits vécus et documentés.

Le dilemme est redoutable : si chaque témoignage critique d’un ancien employé peut être assimilé à une violation contractuelle, comment garantir que des révélations d’intérêt public ne soient pas muselées ? À l’inverse, une entreprise a-t-elle le droit d’être protégée contre des accusations infondées qui pourraient ruiner sa réputation et sa valeur boursière ?

La dimension politique : un enjeu démocratique

Au-delà du duel juridique, cette affaire résonne comme un avertissement. Les grandes plateformes ne sont plus de simples entreprises technologiques : elles régulent la parole publique, influencent la politique mondiale et façonnent nos espaces numériques. Si même les insiders ne peuvent plus témoigner sans risquer leur sécurité financière, la transparence devient un mirage.

Le cas Wynn-Williams met en lumière une asymétrie de pouvoir : d’un côté, une multinationale valorisée à des centaines de milliards de dollars ; de l’autre, une ancienne salariée désormais menacée de ruine pour avoir raconté son expérience.

Vers un nouveau cadre légal ?

Face à la polémique, des voix politiques s’élèvent déjà pour encadrer l’usage des clauses de non-diffamation. Faut-il les interdire lorsqu’elles concernent des questions de santé publique, de droits humains ou de sécurité numérique ? Faut-il instaurer une protection renforcée des lanceurs d’alerte au sein des grandes entreprises technologiques ?

Ces débats rappellent les précédentes batailles menées contre les clauses de confidentialité abusives dans le monde médical ou bancaire. L’idée centrale reste la même : protéger le droit du public à savoir, même face aux intérêts économiques colossaux des entreprises.

Conclusion : une affaire emblématique de notre époque

Wynn-Williams ne s'est pas exprimée en public depuis sa comparution devant la commission sénatoriale en avril. Dans une déclaration écrite publiée ce mois-ci, elle s'est dite reconnaissante que le Sénat américain continue d'enquêter sur le comportement de Meta. « J'aimerais pouvoir en dire plus », a-t-elle déclaré. « J'exhorte les autres employés du secteur technologique et ceux qui envisagent de dénoncer des abus à partager ce qu'ils savent avant que d'autres enfants ne soient victimes de préjudices. »

Son avocat a confirmé que Wynn-Williams « reste silencieuse sur les questions mêmes sur lesquelles enquête le Congrès, malgré les appels clairs et unanimes du Congrès demandant à Meta de mettre fin à la procédure d'arbitrage qui menace de la ruiner ».

L’histoire de Sarah Wynn-Williams n’est pas seulement celle d’une ancienne cadre devenue écrivaine en lutte contre un géant. C’est un miroir des tensions de notre époque : liberté d’expression contre pouvoir contractuel, droit à la vérité contre droit à la réputation, individus isolés contre multinationales omnipotentes.

La question posée est universelle : qui a le droit de dire la vérité quand cette vérité dérange ceux qui détiennent le pouvoir ?

Source : Louise Haigh

Et vous ?

Trouvez-vous les propos de Sarah Wynn-Williams crédibles ou pertinents ?

Les clauses de non-dénigrement doivent-elles être limitées, voire interdites, lorsqu’elles concernent des sujets d’intérêt général comme la sécurité en ligne ou la transparence politique ?

Faut-il instaurer une législation plus forte pour protéger les lanceurs d’alerte face aux représailles contractuelles des multinationales ?

Où se situe la frontière entre la diffamation d’une entreprise et la critique légitime de pratiques internes aux conséquences sociétales ?

Peut-on encore parler de liberté d’expression quand un ancien employé risque la ruine financière pour avoir raconté son expérience ?

Les grandes plateformes numériques sont-elles devenues trop puissantes pour que leurs dysfonctionnements puissent être dénoncés sans risque personnel majeur ?
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Avatar de Freem
Membre émérite https://www.developpez.com
Le 23/09/2025 à 16:39
Ma lecture perso: la madame, qui était celle qui traquait les ados au moral bas pour les signaler, a touché un gros billet à la fois pendant son contrat, puis pour partir, sinon elle n'aurais pas signé une telle clause.
Puis elle s'est aperçue qu'elle pouvais se faire ENCORE PLUS de blé. Mais pas de bol, en faisant ça elle enfreint un contrat qu'elle à signé, et maintenant elle chiale qu'elle se prend le retour de flamme...

Allez, les citations quand même:

> Ancienne responsable politique de Meta, elle a quitté l’entreprise en 2017, après plusieurs années à naviguer dans les zones grises de la régulation numérique et de la diplomatie technologique

Ouai, c'est pas une sainte quoi.

> Elle pouvait identifier les moments où ils se sentaient sans valeur, impuissants ou en situation d'échec, et [Meta] prenait cette information

En fait, c'était elle, la chasseuse. Elle livrais la viande à la boucherie.
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