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Un deal de façade ? Les États-Unis obtiennent TikTok, mais Pékin conserve l'algorithme. Les détracteurs critiquent l'accord conclu par Trump
Beaucoup y voient un compromis purement politique

Le , par Stéphane le calme

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« La Chine conserve l'algorithme » : les détracteurs critiquent l'accord conclu par Trump concernant TikTok.
Tandis que Trump crie victoire, la Chine garde le cerveau de l'application

La promesse de Donald Trump de « libérer TikTok des griffes de la Chine » se heurte à une réalité plus complexe. Si la plateforme américaine change bien de mains, avec Oracle et Silver Lake en première ligne, son cœur technologique — l’algorithme de recommandation — demeure sous contrôle chinois. Un paradoxe qui soulève des critiques virulentes et pose une question essentielle : qu’est-ce qu’un réseau social sans le code qui le fait tourner ? L’essence même de TikTok réside dans son algorithme de recommandation. C’est ce moteur d’analyse et de prédiction qui capte l’attention de millions d’utilisateurs, ajuste les vidéos proposées et transforme une simple application de partage en machine addictive.

Depuis des années, TikTok est au centre d’un bras de fer entre Washington et Pékin. La plateforme, accusée par l’administration Trump de représenter une menace pour la sécurité nationale, devait être placée sous contrôle américain. L’accord annoncé prévoit qu’Oracle et Silver Lake prennent environ 80 % de TikTok US, qu’un conseil d’administration basé aux États-Unis soit constitué, et qu’un représentant du gouvernement fédéral y siège pour surveiller les décisions stratégiques.

Pour Donald Trump, c’est l’illustration d’une politique ferme face à la Chine, une démonstration que les États-Unis ne laisseront plus passer l’influence étrangère sur leurs infrastructures numériques. Mais derrière ce récit triomphaliste, les failles techniques et stratégiques de l’accord apparaissent vite.

L’algorithme de recommandation, la pièce maîtresse que Pékin ne lâche pas

Si TikTok a conquis plus d’un milliard d’utilisateurs dans le monde, ce n’est pas seulement grâce à son format court et addictif, mais surtout grâce à son algorithme de recommandation. Basé sur une analyse fine des comportements (temps de visionnage, interactions, répétitions, abandon de vidéos, etc.), il ajuste en permanence le flux de contenus pour garder l’utilisateur scotché à l’écran.

Pour que le projet TikTok soit conforme à la législation américaine, les dirigeants du secteur technologique affirment que ses algorithmes doivent être créés et maintenus par une équipe d'ingénieurs américains indépendante de toute influence chinoise. Au-delà des conditions financières, la question du traitement des algorithmes de TikTok a été un élément délicat de l'accord, car ils sont considérés comme la partie la plus lucrative de l'entreprise.

Or, cet algorithme reste la propriété de ByteDance en Chine. Selon les informations disponibles, l’accord qui transfère TikTok US à Oracle, Silver Lake et A16Z ne prévoit pas la cession intégrale du code source de l’algorithme. Cela signifie que la nouvelle application américaine ne pourra pas simplement répliquer le modèle de recommandation chinois sans un accord de licence très strict – et surveillé par Pékin, qui a lui-même placé des restrictions à l’exportation des technologies sensibles d’IA.

Cela signifie que les États-Unis pourraient se retrouver avec une version plus boguée de TikTok, des sources ayant déclaré au WSJ que les ingénieurs de TikTok seraient contraints de « recréer un ensemble d'algorithmes de recommandation de contenu » pour l'application américaine si l'accord était conclu. Cependant, selon le Financial Times, « le contenu généré par les utilisateurs américains serait toujours accessible aux utilisateurs de l'application "reste du monde" et vice versa ».


Souveraineté numérique : une illusion de façade

La souveraineté numérique repose sur trois piliers : la maîtrise des infrastructures, le contrôle des données et la possession de l’intelligence algorithmique. Dans le cas de TikTok US, seul le premier pilier est partiellement atteint. Les serveurs seront hébergés par Oracle, ce qui garantit que les données des utilisateurs américains resteront sur le sol national. Mais dès lors que les mécanismes d’exploitation de ces données (l’algorithme) restent étrangers, la souveraineté est incomplète.

Les critiques dénoncent donc un accord cosmétique, pensé pour apaiser l’opinion publique et donner un signal politique, mais incapable de résoudre le problème central : la dépendance technologique vis-à-vis de la Chine.

Il est donc possible que le Congrès, contrôlé par les républicains, intervienne si des préoccupations en matière de sécurité nationale subsistent après la finalisation de l'accord par Trump. Politico a rapporté que certains républicains, comme le sénateur Chuck Grassley (Républicain de l'Iowa), adoptent une « ligne dure » et s'engagent à s'opposer à l'accord s'il enfreint la loi Protecting Americans from Foreign Adversary Controlled Applications Act, qui vise à interdire TikTok si la Chine conserve le contrôle de l'algorithme.

Sécurité nationale : une menace toujours présente

L’administration Trump avait justifié son offensive contre TikTok par des raisons de sécurité nationale. La crainte : que Pékin utilise l’application pour surveiller les citoyens américains, influencer les opinions politiques ou manipuler le débat public. Mais si le code algorithmique reste chinois, cette menace perdure.

Certes, les États-Unis pourront imposer des audits réguliers et surveiller les flux de données. Mais un algorithme reste une « boîte noire », complexe à analyser et susceptible d’intégrer des biais subtils, invisibles lors d’un audit ponctuel. Le risque d’influence, de censure ou de manipulation algorithmique demeure donc intact.

Cependant, Trump semble penser que le fait qu'Oracle, partenaire de longue date de TikTok, prenne une participation plus importante tout en gérant les données des utilisateurs américains dans ses installations au Texas suffira à empêcher les propriétaires basés en Chine restants, qui conserveront moins de 20 % des parts, de se livrer à des activités d'espionnage, de lancer des campagnes de désinformation ou de diffuser d'autres types de propagande.

La Chine s'était auparavant opposée à la vente forcée de TikTok, selon le FT, allant même jusqu'à imposer des contrôles à l'exportation sur les algorithmes afin de conserver la partie la plus lucrative de TikTok dans le pays. Et « on ne sait toujours pas dans quelle mesure la société mère chinoise de TikTok conserverait le contrôle de l'algorithme aux États-Unis dans le cadre d'un accord de licence », a noté le FT.

Mardi, Wang Jingtao, directeur adjoint de l'autorité chinoise de régulation de la cybersécurité, n'a pas donné de détails sur la manière dont l'accès de la Chine aux données des utilisateurs américains serait restreint dans le cadre de l'accord. Wang a seulement indiqué que ByteDance « confierait la gestion des données des utilisateurs américains et la sécurité du contenu de TikTok » à des propriétaires américains, selon le FT.

Un investisseur basé en Asie a déclaré au FT que les États-Unis utiliseraient « au moins une partie de l'algorithme chinois », mais qu'ils le formeraient à partir des données des utilisateurs américains, tandis qu'un conseiller américain a accusé Trump de se défiler et d'accepter un accord qui n'imposait pas la vente de l'algorithme.

« Après tout cela, la Chine conserve l'algorithme », a déclaré le conseiller américain.


Une opération qui ressemble à une mise en scène

Beaucoup voient dans ce deal un compromis purement politique. Trump peut afficher une victoire diplomatique et économique : TikTok est désormais « américain », un représentant du gouvernement siège à son conseil d’administration, et Oracle obtient un rôle de gardien technologique. Mais dans les faits, la Chine conserve l’arme la plus puissante : le contrôle de l’algorithme qui fait le succès planétaire de l’application.

Ce scénario arrange aussi Pékin. La Chine peut présenter ce compromis comme une concession minimale : l’Occident gagne la façade commerciale, mais la substance — l’innovation stratégique — reste entre ses mains. C’est une manière d’affirmer que le savoir-faire algorithmique est devenu un outil de puissance géopolitique, au même titre que le nucléaire ou les semi-conducteurs.

Les conséquences pour l’avenir des plateformes étrangères

Si ce modèle venait à se généraliser, il pourrait servir de précédent. Demain, d’autres plateformes étrangères pourraient céder une majorité de capital à des investisseurs américains tout en conservant leurs algorithmes en propre. Les États-Unis auraient alors une illusion de contrôle, mais resteraient dépendants des décisions techniques prises ailleurs.

Cela pose une question plus large : la souveraineté numérique peut-elle vraiment s’exercer sans souveraineté algorithmique ? Dans un monde où les systèmes de recommandation déterminent ce que nous voyons, lisons et consommons, céder cet aspect revient à céder la maîtrise de l’attention collective.

La crise TikTok illustre une tension croissante : d’un côté, la logique économique pousse à trouver des compromis qui permettent de préserver les marchés, les investissements et la croissance. De l’autre, la logique géopolitique exige un contrôle strict des infrastructures stratégiques. L’accord conclu sous Trump semble avoir penché en faveur de la première logique, au prix d’une souveraineté limitée.

Conclusion : une victoire en trompe-l’œil

En apparence, l’administration Trump peut se féliciter d’avoir contraint TikTok à se réorganiser sous pavillon américain. Mais en réalité, l’essentiel a échappé à ce deal. Pékin conserve l’algorithme, et donc le contrôle véritable sur l’évolution de la plateforme. Washington a gagné un symbole politique, mais a perdu la bataille technologique.

Source : vidéo dans le texte

Et vous ?

La souveraineté numérique est-elle possible sans maîtrise des algorithmes ?

Les États-Unis doivent-ils interdire purement et simplement TikTok s’ils veulent garantir leur sécurité nationale ?

Ce modèle de compromis pourrait-il s’étendre à d’autres domaines stratégiques comme les semi-conducteurs, le cloud ou l’intelligence artificielle ?

Les États-Unis ont-ils sacrifié la sécurité nationale au profit d’un compromis politique ?

Pékin a-t-il réussi à imposer un précédent en gardant la main sur le savoir-faire stratégique ?
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