
La start-up spécialisée dans l'IA Anthropic a réglé un recours collectif pour violation du droit d'auteur, dans lequel des auteurs accusaient l'entreprise d'avoir entraîné ses modèles d'IA à partir de leurs œuvres sans leur autorisation. Anthropic, qui a formé son assistant IA Claude à l'aide de livres protégés par le droit d'auteur, a été poursuivie en justice par les auteurs Andrea Bartz, Charles Graeber et Kirk Wallace en août 2024.
Une action en justice contre Anthropic révèle la façon dont l'entreprise a détruit des millions de livres imprimés dans le seul but de former son IA Claude. Anthropic a retiré la reliure des livres, les a numérisés en fichiers numériques et a jeté les originaux. Cette numérisation destructrice a joué en sa faveur : le juge a estimé que cela relève de l'usage loyal, car les livres achetés ont été transformés, utilisés en interne, sans création de nouveaux exemplaires. Mais l'affaire se complique : Anthropic a aussi téléchargé plus de 7 millions de livres numériques piratés. Pour ces copies pirates, Anthropic doit faire face à un procès pour des dommages-intérêts.
Début août, un juge fédéral américain vient de certifier la plus grande action collective jamais intentée pour violation du droit d’auteur contre une entreprise technologique. La cible : Anthropic, créatrice du modèle Claude, accusée d’avoir bâti une partie de son succès sur des données issues d’une massive bibliothèque de livres piratés. Derrière cette affaire se joue un débat fondamental : l’IA peut-elle prospérer sur la base d’une appropriation massive de contenus protégés ? Et si la justice tranche sévèrement, l’impact pourrait être dévastateur non seulement pour Anthropic, mais pour l’ensemble du secteur.
Dans ce contexte, Anthropic a réglé un recours collectif pour violation du droit d'auteur, dans lequel des auteurs accusaient l'entreprise d'avoir entraîné ses modèles d'IA à partir de leurs œuvres sans leur autorisation, selon un document judiciaire. Basée à San Francisco, Anthropic, qui a formé son assistant IA Claude à l'aide de livres protégés par le droit d'auteur, a été poursuivie en justice par les auteurs Andrea Bartz, Charles Graeber et Kirk Wallace en août 2024.
En juin dernier, le juge fédéral américain William Alsup a statué que les modèles d'IA pouvaient légalement apprendre à partir de livres protégés par le droit d'auteur sans le consentement des auteurs. Cette décision a constitué une victoire partielle pour Anthropic. Alsup a estimé que cette utilisation était « extrêmement transformative » et « équitable », même si l'entreprise avait peut-être enfreint la loi en piratant une grande partie de ses sources. Selon le dossier déposé devant la Cour d'appel des États-Unis pour le 9e circuit, la société technologique et les auteurs concernés ont demandé à la cour de suspendre la procédure pendant qu'ils finalisent l'accord de règlement.
La doctrine de l'« usage loyal », qui autorise la reproduction limitée de matériel protégé par le droit d'auteur sans consentement dans certaines circonstances, est un élément clé de la défense des sociétés d'IA contre les plaintes pour violation du droit d'auteur. « Cet accord historique profitera à tous les membres du groupe », a déclaré Justin Nelson, associé chez Susman Godfrey et avocat des auteurs. « Nous sommes impatients d'annoncer les détails de l'accord dans les semaines à venir. »
Alsup avait initialement ordonné que l'affaire soit jugée en décembre afin de déterminer le montant des dommages-intérêts à verser pour piratage. Si l'affaire avait été jugée, les dommages-intérêts auraient pu atteindre 150 000 dollars par cas de violation délibérée du droit d'auteur et auraient pu coûter des milliards à la start-up. Début août, l'entreprise d'IA a tenté de faire appel, mais sa demande a été rejetée.
Anthropic, fondée par d'anciens employés d'OpenAI et soutenue par Amazon, a piraté au moins 7 millions de livres provenant de Books3, Library Genesis et Pirate Library Mirror, des bibliothèques en ligne contenant des copies non autorisées d'ouvrages protégés par le droit d'auteur, afin de former son logiciel, selon le juge. Elle a également acheté des millions d'exemplaires imprimés en gros, en a retiré la reliure, en a découpé les pages et les a numérisées sous forme numérique et lisible par machine, ce que le juge Alsup a estimé relever du fair use, selon la décision du juge.
« La simple conversion d'un livre imprimé en fichier numérique pour gagner de la place et permettre la recherche était transformatrice pour cette seule raison », a-t-il écrit. Anthropic a ensuite acheté les livres qu'elle avait initialement piratés. Alsup a déclaré que ces achats n'absolraient pas la société, mais qu'ils pouvaient réduire les dommages-intérêts.
Cet accord intervient alors que de nombreuses autres affaires de violation du droit d'auteur contre des sociétés d'IA sont portées devant les tribunaux à travers le pays. Tout récemment, Walt Disney Co. et Universal Pictures ont poursuivi en justice la société d'intelligence artificielle Midjourney, que les studios accusent d'avoir entraîné ses modèles de génération d'images sur leurs contenus protégés par le droit d'auteur.
Un autre exemple de cette situation, en 2023, Jane Friedman, journaliste, auteure et professeure, a découvert sur Amazon et Goodreads une demi-douzaine de livres frauduleux portant son nom, probablement remplis de contenu généré par l’intelligence artificielle (IA). Ces livres traitaient de sujets similaires à ceux qu’elle aborde dans ses ouvrages, comme l’écriture, la publication et la promotion de livres électroniques. Elle a demandé à Amazon et à Goodreads de retirer ces faux titres de leurs sites, mais elle s’est heurtée à des difficultés et à des résistances. Ce n'est que quand la plainte de Jane Friedman est devenue virale sur internet que les deux plateformes ont décidé de retirer lesdits livres.
Source : Juge fédéral américain William Alsup
Et vous ?


Voir aussi :



Vous avez lu gratuitement 229 articles depuis plus d'un an.
Soutenez le club developpez.com en souscrivant un abonnement pour que nous puissions continuer à vous proposer des publications.
Soutenez le club developpez.com en souscrivant un abonnement pour que nous puissions continuer à vous proposer des publications.