
une mesure pour sauver Intel
Donald Trump continue de faire pression sur TSMC. Le président américain aurait proposé de réduire à 15 % les droits de douane sur Taïwan à seulement deux conditions : « TSMC doit acquérir une participation de 49 % dans Intel et investir 400 milliards de dollars supplémentaires aux États-Unis ». Intel est en déclin et la demande de Donald Trump est considérée comme une tentative désespérée pour sauver le fabricant américain de semiconducteurs. Les analystes estiment que cette demande semble improbable d'un point de vue purement financier, sans tenir compte des répercussions industrielles que pourrait avoir une prise de participation de TSMC dans Intel.
Les droits de douane constituent le principal cheval de bataille de Donald Trump depuis son retour à la Maison Blanche. Le président américain a imposé des droits élevés à presque tous les pays dans le but de : réduire le déficit commercial des États-Unis et réindustrialiser le pays en forçant les entreprises à installer leurs usines dans le pays et à produire localement. Mais les experts sont sceptiques quant à l'efficacité de cette mesure et redoutent leurs impacts.
Les récentes négociations ont permis à Taïwan de réduire les droits de douane appliqués par les États-Unis à 20 %, contre 32 % auparavant. Mais ce taux reste supérieur à celui du Japon et de la Corée du Sud, et même supérieur aux 19 % appliqués à la Thaïlande et à l'Indonésie, ce qui inquiète.
« Même si ce taux de 20 % est temporaire, il faudra voir quels atouts Taïwan aura pour négocier avec les États-Unis lors des prochaines discussions. Une différence de 5 % est très préjudiciable », a déclaré sans détour Hsu Shu-po, président de la Fédération nationale du commerce de Taïwan. Selon plusieurs responsables de groupes industriels de l'État insulaire, l'industrie taïwanaise va connaître des moments difficiles en raison des droits de douane élevés.
Une taxe de 20 % sur les exportations taïwanaises vers les États-Unis pourrait considérablement nuire aux entreprises taïwanaises, c'est pourquoi l'État insulaire continue de négocier avec les responsables américains pour espérer la réduire, voire supprimer complètement ces droits de douane. Mais selon un nouveau rapport publié par un média local, Donald Trump a présenté à Taïwan deux conditions pour alléger les droits de douane, toutes deux assez strictes :
- TSMC doit acquérir une participation de 49 % dans Intel ;
- TSMC doit investir 400 milliards de dollars supplémentaires aux États-Unis.
Sans tenir compte des répercussions industrielles de la prise de participation de 49 % de TSMC dans Intel, il s'agit là d'engagements financiers colossaux. TSMC investit déjà énormément aux États-Unis, l'une des usines de la société devant atteindre sa pleine capacité de production en 2024. Le géant taïwanais des semiconducteurs est en passe de construire deux autres usines dans son site de l'Arizona, ainsi qu'un centre de R&D et une usine d'assemblage.
Au total, TSMC prévoit d'investir 165 milliards de dollars aux États-Unis. Ainsi, selon les experts, la demande du président Donald Trump d'investir 400 milliards de dollars supplémentaires aux États-Unis en plus d'acheter une participation dans Intel semble improbable d'un point de vue purement financier.
Le rôle crucial de TSMC dans les négociations entre Taïwan et les États-Unis
L'administration Trump utilise les droits de douane comme principal moyen de réduire le déficit commercial des États-Unis avec leurs pays partenaires. Le déficit commercial de Taïwan avec les États-Unis a atteint 73,9 milliards de dollars l'année dernière, dépassant les 68,5 milliards de dollars du Japon et les 66 milliards de dollars de la Corée du Sud, ce qui exerce une pression supplémentaire sur le gouvernement de l'île pour qu'il fasse des concessions.
Mais la politique tarifaire américaine a été erratique et imprévisible. Ces droits de douane ont affecté Taïwan, l'un des principaux partenaires commerciaux des États-Unis. En avril 2025, Donald Trump a menacé d'imposer des droits de 100 % TSMC s'il ne construit pas des usines aux États-Unis.
Selon le média taïwanais Mnews, TSMC constitue le principal point de blocage dans les négociations en cours entre Taïwan et les États-Unis. Un vétéran de l'industrie technologique a déclaré à média : « depuis le début, les semiconducteurs, et en particulier TSMC, ont été la priorité absolue du président Donald Trump. La capacité de Taïwan à proposer des conditions satisfaisantes pour Donald Trump dépend toujours du président de TSMC, Wei Zhejia ».
Toutefois, les deux conditions fixées par Donald Trump ne peuvent être décidées par le gouvernement, car le Fonds national de développement ne détient que 6,38 % des actions de TSMC. Wei Zhejia est donc la personne clé qui a le pouvoir de décider si TSMC doit aider Intel et accroître ses investissements aux États-Unis. Au cours des derniers mois, de nombreux analystes ont mis en garde contre l'ingérence politique dans les entreprises privées.
Chen Huiming, analyste chevronné du secteur des semiconducteurs et associé directeur de Juxin Capital à Hong Kong, a souligné : « bien sûr, cela est inacceptable. Tout d'abord, l'UE n'a investi que 600 milliards de dollars aux États-Unis. Pourquoi l'avenir d'une entreprise privée devrait-il être compromis par la politique ? TSMC est un patriote national. Nous devons préserver autant que possible sa compétitivité. C'est une garantie pour la sécurité de Taïwan ».
« À long terme, le mandat de Trump ne durera peut-être que trois ans », a ajouté Chen Huiming. Selon un autre analyste cité par le média Mnews, la principale préoccupation de Donald Trump est la confrontation entre les États-Unis et la Chine, et la maîtrise des technologies des semiconducteurs et de l'IA est primordiale. L'implantation d'usines aux États-Unis n'est qu'un début ; les États-Unis veulent en fin de compte contrôler les technologies clés.
L'administration Trump tente de sauver le géant américain Intel de la faillite
Intel est en déclin. Des activités de fabrication aux produits grand public, pratiquement tous les départements d'Intel sont touchés. Ce déclin se reflète dans le chiffre d'affaires annuel déclaré par l'entreprise, qui est passé d'un pic de 79 milliards de dollars en 2021 à 53 milliards de dollars en 2024, soit une baisse considérable de 33 %. Intel joue un rôle essentiel dans les projets américains concernant la fabrication nationale de semiconducteurs.
À ce titre, Intel a déjà reçu des milliards de dollars de subventions fédérales. Mais ce financement n'a pas résolu les problèmes d'Intel, qui a reporté l'ouverture de son usine de fabrication dans l'Ohio de 2025 à l'horizon 2030, voire 2031. L'une des principales raisons de ce retard semble être les efforts déployés par Intel pour préserver ses ressources financières en l'absence d'une aide significative de la part du CHIPS Act américain et de partenaires extérieurs.
En bref, l'administration américaine semble faire pression sur TSMC pour qu'il acquière une participation considérable dans Intel afin d'injecter des capitaux indispensables dans l'entreprise et de maintenir à flot les plans du gouvernement américain concernant une chaîne d'approvisionnement nationale en puces.
Cependant, les analystes affirment que TSMC n'est pas susceptible d'accepter la proposition de l'administration Trump pour diverses raisons. Il sera intéressant de voir ce qu'il adviendra d'Intel dans les mois à venir. Le géant américain des semiconducteurs travaille actuellement sur plusieurs produits prometteurs, notamment les processeurs Panther Lake et Nova Lake. Si ces produits tiennent leurs promesses, la situation pourrait s'améliorer pour Intel.
Des déclarations récentes du PDG Lip-Bu Tan ont mis en lumière une réalité difficile : l'entreprise accuse un retard considérable dans le domaine de l'IA et a chuté de manière significative dans le classement des principales entreprises de semiconducteurs sur le plan mondial. Lip-Bu Tan estime qu'il est trop tard pour que l'entreprise rattrape son retard dans le secteur de l'IA. Intel a été contraint de licencier des milliers d'employés pour faire des économies.
À l'opposé, Nvidia est en bonne santé économique et performe bien. Du moins, selon le marché. L'entreprise dirigée par Jensen Huang est le leader du marché des puces d'IA, contrôlant plus de 90 % des parts de marché. Nvidia a récemment franchi le seuil des 4 000 milliards de dollars de capitalisation boursière, loin devant ses concurrents du secteur des semiconducteurs. Avec une capitalisation estimée à 103 milliards de dollars, Intel se classerait 16e.
Conclusion
Taïwan est un enjeu crucial pour la Chine et les États-Unis. L'île est sous la menace persistante d'une invasion chinoise visant à le rattacher à la Chine continentale. Le cas échéant, cela permettra à la Chine d'exercer un contrôle sans précédent sur la chaîne d'approvisionnement en semiconducteur. De leur côté, les États-Unis craignent un tel scénario et tentent de faire pression sur TSMC pour participer à la relance de l'industrie américaine des puces.
En 2024, Donald Trump a suggéré que Taïwan devrait payer les États-Unis pour sa défense, affirmant que « le pays ne donne rien aux États-Unis ». Il semblait lier ses commentaires à l'industrie taïwanaise des semiconducteurs, en déclarant que « cette dernière vole environ 100 % » des activités américaines dans le domaine des puces. Cependant, les analystes doutent de l’efficacité des pressions exercées par l’administration Trump sur TSMC.
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