
Meta tente d'éviter le démantèlement de son empire
La FTC poursuit actuellement Meta pour pratiques antitrust. La plainte allègue que Meta a éliminé la concurrence en rachetant les startups qu'il voyait comme des rivaux potentiels, dont Instagram et WhatsApp. Ce qui lui a permis de maintenir un monopole illégal sur le marché des réseaux sociaux. La plainte allègue également que la qualité des services s'est dégradée au fil des ans, l'expérience des utilisateurs étant sacrifiée au profit de l'affichage de publicités. Meta rejette en bloc ces allégations. Mais le régulateur espère convaincre les juges de prendre des mesures correctives contre Meta, y compris la cession des plateformes WhatsApp et Instagram.
Facebook a annoncé l'acquisition d'Instagram le 9 avril 2012 pour environ 1 milliard de dollars. À l'époque, Instagram était une jeune application de partage de photos, lancée en octobre 2010, qui connaissait une croissance rapide avec une base d'utilisateurs en pleine expansion. Environ deux ans plus tard, en février 2014, Facebook a racheté WhatsApp pour un montant estimé à 19 milliards de dollars, soit l'une des plus grosses acquisitions de l'époque.
Mais les conditions de ces acquisitions sont aujourd'hui remises en cause par la Federal Trade Commission (FTC) des États-Unis. Le régulateur américain accuse Facebook (aujourd'hui Meta) de pratiques anticoncurrentielles visant à éliminer des concurrents potentiels. Selon la FTC, Facebook (ou Meta) a vu dans ces acquisitions une opportunité de renforcer sa position dans le domaine des réseaux sociaux sur mobile et de contrer la concurrence émergente.
Le procès historique intenté par la FTC contre Facebook dans le cade de cette affaire s'est ouvert le 14 avril 2025 à Washington. Les avocats du régulateur américain ont déclaré que « Facebook a illégalement écrasé ses rivaux en achetant Instagram et WhatsApp il y a plus de dix ans », ce que l'entreprise nie. Ce mois-ci, Meta a déposé une requête devant le tribunal pour demander au juge fédéral de l'affaire de rejeter l'affaire antitrust intentée par la FTC.
Meta pense qu'il n'y a pas de raison de poursuivre sa défense après que la FTC a clos son affaire de monopole, et la société a demandé à ce que le procès se termine plus tôt en affirmant que le régulateur n'a absolument pas réussi à prouver ce qu'elle avançait. « La FTC n'a pas prouvé que Meta avait un pouvoir de monopole et par conséquent le tribunal devrait statuer en faveur de Meta », indique la motion de jugement déposée le jeudi 15 mai par Meta.
La FTC évoque l'enshittification des plateformes sociales de Meta
Le terme « enshittification » (merdification ou emmerdification) désigne la dégradation de qualité qui affecte progressivement les plateformes numériques qui opèrent sur un marché biface, par exemple celles qui mobilisent à la fois des utilisateurs et des annonceurs. À titre d'exemple, il décrit la dégradation progressive de la qualité des services en ligne à mesure que les plateformes privilégient la monétisation au détriment de l'expérience utilisateur.
Aujourd'hui, imprimer un document requiert dans certains cas de disposer d'une connexion à Internet au travers de laquelle l'utilisateur souscrit à un abonnement qui définit le nombre maximal de pages. Windows 11 Pro exige des utilisateurs qu'ils disposent d'une connexion à Internet et créent un compte Microsoft pour pouvoir amorcer le processus d'installation. Il s'agit là d'une liste non exhaustive de cas d’enshitification du web et de la technologie.
Le terme enshittification a été popularisé par l'écrivain Cory Doctorow. La FTC suggère que Meta aurait adopté cette stratégie, en augmentant la charge publicitaire et en réduisant la qualité de ses services, profitant de sa position dominante pour empêcher les utilisateurs de se tourner vers des alternatives.
Mais selon Meta, « la FTC n'a apporté aucune preuve de la dégradation de la confidentialité, de l'intégrité et des fonctionnalités des applications Meta ». Il a ajouté qu'il n'existe aucun précédent pour une plainte fondée sur ce préjudice présumé. « Meta n'a connaissance d'aucune affaire ayant conclu à l'existence d'un pouvoir de monopole sur la seule base d'une prétendue dégradation de la qualité du produit, et la FTC n'en a cité aucune », a déclaré Meta.
Meta a maintenu tout au long du procès que ses utilisateurs aiment voir des publicités. Dans sa récente requête, Meta a déclaré que la FTC n'a fourni aucune indication sur ce que devrait être « le bon nombre de publicités », « et encore moins » la preuve que « Meta a montré plus de publicités » qu'il ne l'aurait fait sur un marché concurrentiel où les utilisateurs pourraient facilement changer de service si la charge publicitaire devenait trop importante.
En outre, Meta a fait valoir que la FTC n'avait pas apporté la preuve que les utilisateurs partageant des contenus avec des amis et des membres de leur famille se voyaient présenter davantage de publicités. Meta a également fait remarquer que « l'entreprise ne tire aucun profit du fait de montrer plus de publicités aux utilisateurs qui ne cliquent pas dessus », et qu'elle ne montre donc plus de publicités qu'aux utilisateurs qui cliquent sur les annonces.
Mark Zuckerberg espère éviter le démantèlement de son empire
Meta a rejeté les accusations de la FTC en rapport avec l'enshittification présumée de ses plateformes sociales. « Ce qui compte, c'est ce que Meta a fait », a soutenu Meta. L'entreprise affirme en effet avoir enrichi Instagram avec des ressources qui lui ont permis de prospérer, « en ajoutant de nombreuses nouvelles fonctionnalités, en attirant des centaines de millions, puis des milliards d'utilisateurs, et en monétisant avec beaucoup de succès ».
Dans le cas de WhatsApp, Meta a soutenu que personne ne pense que WhatsApp avait l'intention de s'orienter vers les médias sociaux alors que les fondateurs ont témoigné que leur objectif était de ne jamais ajouter de fonctionnalités sociales, préférant offrir une application de messagerie simple et propre. La société a également contesté les affirmations selon lesquelles il craignait que Google ne rachète WhatsApp pour créer un rival de Facebook.
Le procès pour monopole est censé se poursuivre jusqu'en juin 2025, mais Meta espère que le juge de district James Boasberg reconnaîtra que la FTC n'a pas réussi à étayer ses arguments et qu'il mettra fin au procès plus tôt que prévu. Si le juge accède à la requête de Meta, cela évitera à l'entreprise de faire à des mesures correctives de la part de la FTC. Cela permettra également au PDG Mark Zuckerberg d'éviter le démantèlement de son empire.
Pour le juge James Boasberg, la question se résumera probablement à la définition de marché de la FTC. S'appuyant sur sa définition, la FTC affirme que Meta domine et exclut ses rivaux sur un marché de services de réseaux sociaux personnels. Mais Meta qualifie cela de « fiction ». Si le juge accepte l'argument de Meta selon lequel TikTok est en fait le plus grand rival de Meta, et non Snap ou MeWe, Meta pourrait avoir plus de facilité à classer l'affaire.
Conclusion
Mark Zuckerberg et sa société de médias sociaux Facebook ont été impliqués dans une longue liste de scandales au fil des ans. Après de nombreux procès et des condamnations pour violation de données, Facebook (Meta) doit faire face à un défi majeur : empêcher le démantèlement de son empire. Les risques pour Meta restent très importants, car une cession forcée d'Instagram pourrait réduire ses recettes publicitaires de 50 % aux États-Unis.
Selon les experts, la FTC aura fort à faire pour prouver ses allégations. Elle doit démontrer que Meta détient un pouvoir de monopole sur le marché actuel, et non sur la base des conditions des années passées. Cette exigence peut constituer un obstacle pour le régulateur, car le paysage concurrentiel a considérablement évolué depuis que Meta a acquis WhatsApp et Instagram, avec de nouveaux rivaux puissants comme TikTok qui gagnent du terrain.
La FTC s'attend probablement à ce que le procès se poursuive jusqu'à la fin. En cas de victoire, la FTC essaiera probablement de forcer Meta à se séparer d'Instagram et de WhatsApp. Mais cela n'est pas nécessairement inévitable en cas de défaite de Meta. Si le juge rejette la requête de Meta, ce dernier devra présenter d'autres preuves et des arguments finaux avant qu'une deuxième phase du procès ne porte sur des mesures correctives potentielles.
Source : motion déposée par Meta (PDF)
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