
David Heinemeier Hansson, 45 ans, est un programmeur danois connu dans l'industrie pour ses travaux visant à révolutionner le développement d'application Web. Il est notamment le créateur du framework Web populaire Ruby on Rails. Il est également le directeur technique de la société technologique Basecamp, basée à Chicago. Militant très actif, il critique régulièrement le pouvoir et les pratiques antitrust des Big Tech (notamment Apple, Google, Facebook).
Mais dans une sortie inattendue, David Hansson a pris la défense de Google dans l'une des affaires qui opposent le géant de la recherche en ligne au département de la Justice (DOJ) des États-Unis. Il a expliqué dans un billet de blogue pourquoi Google ne devrait pas être contraint de vendre Chrome.
Dans son article, David Hansson exprime son désaccord avec la proposition du département de la Justice des États-Unis visant à forcer Google à se séparer de Chrome dans le cadre d'une action antitrust. Il estime que cette mesure serait contre-productive et ne résoudrait pas les problèmes fondamentaux liés à la domination de Google dans la recherche en ligne. Selon lui, cette mesure aura un effet extrêmement négatif sur l'innovation en matière de navigateurs.
Les raisons de son opposition à la vente du navigateur Chrome
- Chrome n'est pas la source du monopole de Google : David Hansson soutient que le véritable problème réside dans les accords exclusifs que Google conclut avec les fabricants d'appareils et les développeurs de navigateurs pour que son moteur de recherche soit défini par défaut. Il considère que ces pratiques, et non la possession de Chrome, sont au cœur du monopole de Google ;
- Chrome a gagné équitablement : David Hansson estime que Chrome s'est imposé comme navigateur dominant en offrant une meilleure expérience utilisateur, et non par des acquisitions opportunistes ou des pratiques déloyales ;
- des alternatives existent : David Hansson souligne que des navigateurs alternatifs (comme Firefox, Safari, Brave et Edge) sont disponibles, ce qui démontre l'existence d'une concurrence sur le marché des navigateurs ;
- la vente de Chrome pourrait affaiblir le Web : David Hansson craint qu'en séparant Chrome de Google, les investissements dans les standards du Web et l'innovation en matière de navigateurs diminuent, ce qui pourrait nuire à l'ensemble de l'écosystème Web ;
- des solutions plus ciblées seraient préférables : plutôt que de forcer la vente de Chrome, David Hansson préconise des mesures visant directement les pratiques antitrust de Google, telles que l'interdiction des accords d'exclusivité et la promotion d'une concurrence équitable dans le domaine de la recherche en ligne.
« Le Web se portera beaucoup moins bien si Google est contraint de vendre Chrome, même si c'est pour expier des abus légitimes de monopole sur le marché de la publicité. Ce qui signifie que nous serons tous moins bien lotis, car le Web perdrait du terrain au profit de véritables plateformes monopolistiques, telles que l'App Store d'iOS et le Play Store de Google », a-t-il écrit. D'après lui, certaines entreprises n'attendent que l'effondrement de Google Chrome.
Plusieurs rivaux sont prêts à s'offrir le navigateur phare de Google
En août 2024, un juge fédéral a conclu que Google a enfreint les lois antitrust pour créer et maintenir un monopole illégal sur le marché de la recherche en ligne. Cette décision a placé Google sous la menace d'un démantèlement et le géant de Mountain View pourrait être contraint de vendre son navigateur phare, Chrome. Le 17 avril 2025, un autre juge fédéral a déclaré que Google détient un second monopole illégal sur le marché de la publicité en ligne.
Depuis, de nombreux concurrents de Google dans les activités Internet ont manifesté leur intérêt pour Chrome. Nick Turley, chef de produit d'OpenAI, a déclaré qu'OpenAI achèterait Chrome si Google était obligé de le vendre : « Chrome serait un meilleur produit s'il était profondément intégré à OpenAI ». Perplexity AI a exprimé son intérêt pour l'acquisition de Chrome. Et Yahoo est également disposé à acheter Chrome si Google est contraint de le vendre.
Pour David Hansson, cependant, séparer Chrome de Google porterait un grave préjudice à l'innovation dans le domaine des navigateurs. David Hansson estime que cette situation profiterait à d'autres géants technologiques tels que Microsoft et Apple, au détriment des utilisateurs. Il explique notamment :

Selon David Hansson, si Chrome séparé de Google, il pourrait perdre le financement et l'influence nécessaires pour négocier ou défier ces restrictions. « Si le Web stagne, d'autres plateformes en profiteront. Mais avec l'équipe Chrome, faire avancer le Web de mille et une façons est indispensable », a-t-il déclaré.
« C’est une erreur classique qui consiste à confondre la vraie richesse avec les richesses apparentes. Les avocats considèrent que Chrome a de la valeur à un moment donné, mais la valeur réside dans la richesse qu'apporte un investissement continu. Un Chrome laissé à l'abandon avec la moitié de l'investissement s'évaporera aussi rapidement que les richesses d'un gagnant à la loterie. Pour perdurer, la richesse doit être entretenue », a écrit David...
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