
Le PDG de Telegram, Pavel Durov, a fait part de ses inquiétudes concernant la menace croissante qui pèse sur les messageries privées en France et dans d'autres pays de l'Union européenne. Il a dénoncé les pressions des autorités et averti que Telegram pourrait se retirer de certains marchés européens plutôt que de compromettre la vie privée des utilisateurs en mettant en place une porte dérobée qui compromettrait le chiffrement de l'application.
« Telegram préfèrerait se retirer d'un marché plutôt que de compromettre le chiffrement avec des portes dérobées et de violer les droits fondamentaux de l'homme. Contrairement à certains de nos concurrents, nous n'échangeons pas la vie privée contre des parts de marché. En 12 ans d'existence, Telegram n'a jamais divulgué un seul octet de messages privés », a déclaré Pavel Durov dans un message publié le 21 avril 2025 sur son canal Telegram.
« Conformément à la loi européenne sur les services numériques, Telegram ne divulguerait que les adresses IP et les numéros de téléphone des personnes soupçonnées d'activités criminelles, et non les messages, sur présentation d'une décision de justice valide », poursuit le message de Pavel Durov.
Contexte des récentes préoccupations exprimées par Pavel Durov
La loi Narcotrafic, proposée par les sénateurs Jérôme Durain et Étienne Blanc le 12 juillet 2024, allait bien au-delà de son objectif affiché et inquiétait les groupes de défense des droits et libertés numériques. Un amendement introduit par Cédric Perrin, président de la commission des Affaires étrangères et de la Défense au Sénat, visait à obliger les messageries chiffrées à compromettre les protections en matière de vie privée offertes par leurs services.
La loi a été adoptée telle quelle par le Sénat. Heureusement, elle a été rejetée par l'Assemblée nationale en mars. L'article controversé 8ter, qui exigeait des services de messagerie chiffrés qu'ils mettent en place des portes dérobées permettant à la police d'accéder aux conversations privées, a été retiré. Toutefois, il y a quelques jours, le préfet de police de Paris a de nouveau plaidé en sa faveur, suscitant l'indignation de la communauté technologique.
Pavel Durov s'est alarmé des efforts déployés par la France pour affaiblir le chiffrement des services de messagerie. Il a souligné les risques associés aux portes dérobées de chiffrement, notant qu'elles peuvent être exploitées par les autorités, mais aussi par des pirates informatiques et des agents étrangers.

La proposition a été critiquée par les défenseurs de la vie privée et certains législateurs européens, l'eurodéputée finlandaise Aura Salla affirmant que « l'introduction de portes dérobées pour le chiffrement sape fondamentalement les principes de cybersécurité que cette proposition vise à défendre ».
Rappel sur les démêlées de Pavel Durov avec la justice française
Le 24 août 2024, Pavel Durov a été arrêté à l'aéroport du Bourget, près de Paris, alors qu'il arrivait d'Azerbaïdjan. Les autorités judiciaires françaises l'avaient placé en garde à vue sur la base d'un mandat d'arrêt émis à la suite d'allégations selon lesquelles Telegram était utilisé pour le blanchiment d'argent, le trafic de stupéfiants et le partage de contenus liés à l'exploitation de mineurs. Pavel Durov a ensuite été mise en examen par le parquet de Paris.
Son arrestation a suscité l'indignation en Russie, son pays d'origine, les autorités accusant la France de faire deux poids, deux mesures en matière de liberté d'expression. Les procureurs français ont indiqué qu'il risque jusqu'à dix ans de prison et plus de 485 000 euros d'amende s'il est reconnu coupable des chefs d'accusation. En mars 2025, un juge d'instruction a autorisé Pavel Durov à quitter temporairement la France pour plusieurs semaines.
Trois chefs d'accusation principaux ont été retenus contre lui par la justice française en août 2024 : complicité de diffusion de contenus pédopornographiques, complicité de trafic de stupéfiants et complicité de blanchiment d'argent. Ces accusations sont liées à l'utilisation de Telegram par des réseaux criminels, que les autorités estiment que la plateforme n'encadre pas suffisamment. Pavel Durov, quant à lui, estime que l'approche de la France est malavisée.
Pavel Durov a conclu son message du 21 avril en déclarant : « aucun pays n'est à l'abri de la lente érosion des libertés. Chaque jour, ces libertés sont attaquées et chaque jour, nous devons les défendre ». Il reste néanmoins critiqué en raison de l'absence de modération des contenus sur Telegram.
Telegram : une sorte de darknet pour les criminels et les trafiquants
« Telegram marque la prochaine itération après qu'Internet a permis aux pédophiles de se regrouper en ligne », a déclaré Dan Sexton, directeur de la technologie à l'Internet Watch Foundation (IWF), un groupe britannique spécialisé dans les abus sexuels sur les enfants. L'IWF a constaté que les sites Web qui vendent du matériel pédopornographique dirigent les internautes vers Telegram pour échanger des informations financières et effectuer des transactions.
Contrairement à d'autres entreprises de médias sociaux comme Snap, Telegram ne signale pas les images d'abus sexuels d'enfants à l'IWF ou à son homologue américain, le National Center for Missing and Exploited Children. Dans ses discussions avec Telegram, l'IWF a encouragé l'entreprise à devenir membre, ce qui lui donnerait accès à sa vaste base de données d'images d'abus étiquetées afin d'empêcher les délinquants de les partager davantage.
L'arrestation du Pavel Durov a mis un coup de pression sur Telegram, provoquant certains changements dans sa politique de modération. Telegram a mis à jour sa FAQ pour indiquer que les chats privés ne sont plus protégés...
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