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Le PDG d'une société de technologie publicitaire basée sur l'IA, qui s'était engagée à créer un « monde sans fraude », est condamné pour fraude,
Rapports falsifiés, revenus gonflés de 700 %

Le , par Bruno

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Le PDG d'une société de technologie publicitaire basée sur l'IA, qui s'était engagée à créer un « monde sans fraude », est condamné pour fraude,
rapports falsifiés, revenus gonflés de 700 %

L’histoire de Paul Roberts, fondateur et ancien PDG de Kubient, illustre une ironie presque trop parfaite : une entreprise qui se voulait le rempart contre la fraude publicitaire s’est effondrée sous le poids de ses propres manipulations comptables. Le 20 mars, Matthew Podolsky, procureur général par intérim du district sud de New York, a annoncé sa condamnation à un an et un jour de prison pour fraude en valeurs mobilières. Roberts avait orchestré un stratagème visant à tromper investisseurs et auditeurs en gonflant artificiellement les revenus de Kubient de plus de 1,3 million de dollars, tout en exagérant l’efficacité de son outil de détection des fraudes, Kubient Artificial Intelligence (KAI). La sentence a été prononcée par la juge Jennifer L. Rochon. Cette affaire alimente un cynisme grandissant face aux promesses excessives de l’IA, souvent perçue comme un levier de spéculation bien plus que d’innovation réelle.

Kubient se présentait comme un pionnier de la lutte contre la fraude publicitaire grâce à son algorithme « auto-apprenant », KAI, censé surpasser les solutions existantes de 300 %. Pourtant, derrière ces déclarations se cachait une escroquerie sophistiquée : des rapports falsifiés, des revenus gonflés de 700 %, et une opération de « facturation croisée » avec une société complice pour tromper les investisseurs. L’ironie est cruelle : celui qui prétendait éradiquer la fraude en est devenu l’archétype.


En mai 2024, le site web de l’entreprise de technologie publicitaire Kubient mettait en avant un « mélange parfait » de vétérans de la publicité et de développeurs, « engagés à résoudre le problème croissant de la fraude » dans les publicités numériques. Comme de nombreux sites d’entreprise, il renvoyait également à d’anciens articles de blog, dont un publié en mai 2022 et intitulé How to Create a World Free of Fraud : La sauce secrète de Kubient.

Aujourd’hui, le site de Kubient est inaccessible, l’équipe a été dissoute, et son PDG, Paul Roberts, a été condamné à une peine d’un an et un jour de prison après avoir plaidé coupable d’avoir orchestré un système frauduleux. Selon les procureurs fédéraux, Roberts a falsifié des déclarations de revenus à hauteur de 1,3 million de dollars pour soutenir l’introduction en bourse de Kubient, tout en surestimant démesurément les capacités de « KAI », son outil d’intelligence artificielle.

Le procureur général par intérim, Matthew Podolsky, a déclaré : « Paul Roberts a falsifié les comptes. Il a menti aux investisseurs et aux auditeurs sur le chiffre d'affaires de son entreprise et sur son produit phare : un outil d'intelligence artificielle qui, ironiquement, était censé détecter les fraudes dans le secteur de la publicité numérique. Le Bureau s'est engagé à faire en sorte que les dirigeants d'entreprise qui fraudent le public investisseur répondent de leurs crimes. »

Levées de fonds et rapports falsifiés : Le scandale Kubient décrypté

Au cœur de l’affaire se trouve un stratagème de facturation croisée (« je te paie, tu me paies ») mené avec une société anonyme. Kubient et cette dernière s’échangeaient des montants quasi identiques, Kubient prétendant utiliser KAI pour détecter la fraude dans les dépenses publicitaires de son partenaire. Or, selon les procureurs, Roberts aurait ordonné à ses employés de produire de faux rapports KAI, basés sur des mesures inventées et sans données réelles. Ces documents ont servi à tromper les auditeurs et à gonfler artificiellement les revenus dans les états financiers.

Avant son introduction en bourse en août 2020, Kubient avait publié un prospectus évoquant des pertes de 42 milliards de dollars dues à la fraude publicitaire en 2019. La société y vantait une technologie capable d’intervenir dans les 300 millisecondes de la fenêtre d’enchères publicitaires, s’appuyant sur un « réseau neuronal auto-apprenant » et une « prévention de la fraude avant l’enchère ».

Les revenus du premier trimestre 2020 étaient annoncés à 1,38 million de dollars, contre seulement 177 635 dollars un an plus tôt, grâce à « deux clients entreprises » ayant « testé avec succès la version bêta de KAI ». Roberts aurait lui-même insisté pour ajouter une mention affirmant que Kubient « identifiait et bloquait 300 % de fraude en plus » que les solutions concurrentes. Au total, la société a levé plus de 33 millions de dollars lors de ses introductions en bourse.

Les enquêtes menées par la SEC, l’US Postal Inspection Service et le US Attorney’s Office for the Southern District of New York ont conduit à l’inculpation de Roberts en septembre 2024. Joshua A. Weiss (ex-directeur financier) et Grainne Coen (ex-présidente du comité d’audit) ont également été mis en cause. Âgé de 48 ans, Roberts risquait jusqu’à 20 ans de prison pour fraude en valeurs mobilières. Après sa libération, il fera l’objet d’une surveillance d’un an. Kubient, alors en liquidation (Chapitre 7) au moment de sa condamnation, avait finalement fusionné avec Adomni en mai 2023, abandonnant son nom d’origine.

Comment vendre du vent avec de l’intelligence artificielle

Comme mentionné précédemment, entre octobre 2019 et mars 2021, Roberts a manipulé les comptes de Kubient en gonflant artificiellement ses revenus, représentant ainsi 94 % du chiffre d'affaires déclaré par l'entreprise en 2020, année de son introduction en bourse en août. Au cœur de cette fraude se trouvait une transaction fictive de 1,3 million de dollars entre Kubient et une autre société de publicité numérique, appelée Company-1.

Les deux entreprises avaient convenu de s’échanger des services pour des montants quasi identiques : Kubient prétendait utiliser son outil KAI pour analyser les données de Company-1 et détecter d’éventuelles fraudes publicitaires. En réalité, aucun service n’a été fourni, mais les paiements ont bien eu lieu, permettant à Kubient d’enregistrer frauduleusement ces montants comme revenus.

Pour dissimuler cette manipulation, Roberts a demandé à ses employés de produire de faux rapports KAI, entièrement basés sur des données fictives, afin de tromper les auditeurs indépendants de l’entreprise. Ces documents mensongers ont servi à faire croire que Kubient respectait ses obligations contractuelles et justifiait ainsi l’enregistrement des revenus frauduleux.

Des déclarations trompeuses à la SEC et aux investisseurs

Roberts a multiplié les fausses déclarations dans les documents officiels déposés auprès de la Securities and Exchange Commission (SEC) des États-Unis. Il a notamment exagéré l’efficacité du KAI, affirmant que cet outil permettait de bloquer 300 % de fraudes supplémentaires par rapport aux solutions concurrentes. Ces affirmations ont été utilisées pour séduire les investisseurs et lever des fonds. Grâce à ces manœuvres frauduleuses, Kubient a levé 12,5 millions de dollars lors de son introduction en bourse en août 2020, suivis de plus de 20 millions de dollars lors d’une seconde levée de fonds en décembre 2020. Aujourd’hui, la société est en procédure de faillite sous le chapitre 7 du droit américain.

En plus de sa peine de prison, Paul Roberts, 48 ans, sera soumis à une année de liberté surveillée après sa libération. L’enquête a été menée par le service d’inspection de la poste américaine, avec l’appui de la SEC, qui a également engagé une action civile contre Roberts après ses aveux. L’affaire a été traitée par la Task Force sur les fraudes aux valeurs mobilières et aux matières premières, avec le procureur adjoint Justin V. Rodriguez en charge des poursuites.

De la promesse d’une IA révolutionnaire à la réalité d’une escroquerie classique

L'affaire Paul Roberts et Kubient illustre parfaitement la tendance récurrente de l'industrie technologique à promettre des révolutions spectaculaires tout en reproduisant les dérives classiques du capitalisme opportuniste. Présenter un algorithme comme la solution ultime à la fraude publicitaire, puis se retrouver au cœur d'une fraude comptable majeure, relève d'une ironie cruelle que de nombreux observateurs n'ont pas manqué de relever avec un cynisme acéré.

Les réactions à cette affaire traduisent une lassitude générale face à l'emballement autour de l'IA et des start-ups adtech. La promesse d'un monde sans fraude – un argument marketing fréquent dans les milieux technologiques – est ici réduite à une vaste supercherie. La fraude publicitaire et la fraude comptable sont certes distinctes, mais l'échec de Kubient à prévenir l'une tout en organisant l'autre démontre l'écart abyssal entre les discours et la réalité.

De nombreux analystes soulignent que l'industrie de l'IA semble aujourd'hui suivre le même chemin que la cryptographie et la blockchain : un terrain fertile pour les promesses excessives, les levées de fonds spectaculaires et, inévitablement, les scandales. L'affaire Kubient révèle une tendance plus large : un marché où les entreprises misent davantage sur des présentations PowerPoint et des narratifs accrocheurs que sur des technologies réellement innovantes. Comme le relèvent certains, « l'escroc et son algorithme sont vite séparés ».

L'un des aspects les plus troublants de cette affaire est l'absence de diligence raisonnable de la part des investisseurs et des régulateurs. Comment une entreprise peut-elle gonfler artificiellement ses revenus de 700 % sans qu'aucun signal d'alarme ne soit déclenché ? Ce laisser-faire pose des questions sur la régulation du secteur et la responsabilité des acteurs financiers qui alimentent ces bulles technologiques.

Les analysent oscillent entre l’indignation prévisible (« Les arnaqueurs vont arnaquer ») et une forme de résignation amusée face à la répétition des schémas (« L'IA, la plus belle arnaque à l'arnaque depuis la cryptographie »). Certains pointent du doigt l’absence de diligence raisonnable, tant de la part des auditeurs que des clients séduits par le storytelling technologique (« Qui laisse un algorithme d’IA apprendre quand l’argent est en jeu ? »). D’autres soulignent la facilité avec laquelle les gourous de la tech recyclent leurs échecs – Kubient, après sa chute, a simplement fusionné sous un nouveau nom, Adomni, comme si rien ne s’était passé.

En fin de compte, l'affaire Kubient est un rappel brutal que les promesses excessives dans la tech doivent être accueillies avec scepticisme. Si l'IA possède un potentiel réel, son exploitation par des figures comme Paul Roberts met en lumière les dérives d'un marché où l'argent facile prévaut souvent sur l'innovation réelle.

Source : United States Department of Justice

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Comment une entreprise qui se présentait comme un rempart contre la fraude a-t-elle été capable de commettre une fraude aussi flagrante ?

Ce cas marque-t-il une tendance inquiétante de manipulations comptables dans des entreprises technologiques qui utilisent des outils d’IA comme argument marketing pour lever des fonds ?

Le marché de l’IA est-il réellement mûr pour des innovations révolutionnaires, ou est-il trop propice à la spéculation et à l’exploitation des attentes non réalistes ?

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