
Cette rigueur contraste fortement avec l’inaction souvent critiquée dans des affaires similaires, ce qui interroge sur les priorités du système judiciaire et sur le traitement différencié accordé aux crimes impliquant des entreprises puissantes comme Tesla. Cette réaction disproportionnée soulève également des doutes quant à l’équité et à l’impartialité des autorités dans la gestion de tels dossiers.
Alors que de nombreux citoyens dénoncent l’indifférence des forces de l’ordre face à des délits courants comme le vol ou la destruction de biens personnels, il est frappant d’observer la rapidité et les ressources importantes mobilisées lorsque Tesla est visée. Cette sélectivité dans l’application de la justice révèle une protection privilégiée accordée aux intérêts des grandes entreprises, souvent au détriment des préoccupations des citoyens ordinaires. Donald Trump, affirmant son soutien à Elon Musk, a qualifié les attaques contre les concessionnaires Tesla d’actes de « terrorisme », une déclaration qui intervient alors que les perspectives financières de Tesla semblent se détériorer.
Par ailleurs, la position de Tesla et de ses dirigeants dans ces affaires interroge. En instrumentalisant le discours sur le « terrorisme intérieur » pour défendre leurs intérêts, ils semblent chercher à criminaliser toute forme de critique ou de contestation à leur égard. Cette stratégie, qui vise à dissuader les opposants en les assimilant à des terroristes, révèle une tendance inquiétante à l’autoritarisme corporatif. Elle s’inscrit dans un contexte plus large où Tesla, malgré son image de pionnier de l’innovation, est de plus en plus critiquée pour ses pratiques opaques, son mépris des droits des travailleurs et son influence excessive sur les décisions politiques.
Protéger Tesla à tout prix : les méthodes controversées des forces de l’ordre
Les informations détaillées dans ces documents judiciaires émanent d'affaires rendues publiques par la procureure générale Pamela Bondi. Ces accusations interviennent dans un contexte où l'opinion publique envers Tesla et son PDG, Elon Musk, atteint un niveau historiquement bas. Des manifestations régulières, majoritairement non violentes, baptisées « Tesla Takedown », ainsi que de nombreux actes de vandalisme à travers le pays, ont attiré l'attention de Musk, Bondi et même Donald Trump. Ces figures affirment désormais que les actes de vandalisme visant les véhicules Tesla seront traités comme du « terrorisme intérieur ».
Les arrestations annoncées par Bondi ont eu lieu entre février et début mars, et les documents judiciaires récemment divulgués révèlent les méthodes employées pour identifier les suspects. Les forces de l'ordre ont combiné l'utilisation de lecteurs automatiques de plaques d'immatriculation (LPR) et la surveillance des réseaux sociaux pour enquêter sur deux des affaires. Dans un troisième cas, le suspect a été repéré grâce aux relevés de plaques d'immatriculation et aux empreintes digitales retrouvées sur une bouteille ayant servi à fabriquer un cocktail Molotov.
Les enquêteurs ont également examiné des images supplémentaires fournies par la police de North Charleston (NCPD). Sur ces séquences, l'homme suspecté ne tenait pas l'objet vert initialement repéré, mais un porte-bouteille en carton de la bière Holland 1839. D'autres enregistrements montrent l'individu entrant dans une camionnette blanche et quittant les lieux du centre commercial Tanger Outlet, selon les documents judiciaires.
Le service de sécurité du centre commercial, contacté par les enquêteurs, a confirmé disposer de la technologie LPR. Ces caméras, installées à des points fixes, surveillent en continu les véhicules et enregistrent leurs plaques d'immatriculation. Ces systèmes, gérés par des agences gouvernementales et des entreprises privées, permettent parfois à des prestataires de vendre l'accès à ces données. Grâce à ces images, les enquêteurs ont identifié le véhicule comme une camionnette Chrysler Town and Country 2006, de couleur blanche, portant la plaque d'immatriculation 331ANL de Caroline du Sud.
Les enquêteurs ont contacté le département des véhicules motorisés de Caroline du Sud pour déterminer à qui appartenait le véhicule identifié. Cette démarche a permis de remonter au nom de Clarke-Pounder. Parallèlement, les consultants en sécurité du centre commercial Tanger Outlet ont extrait des images de surveillance montrant l'homme sans son masque, selon les documents judiciaires.
Les autorités ont ensuite mené des recherches en sources ouvertes, explorant notamment les réseaux sociaux et les applications mobiles. L'ATF a ainsi obtenu le numéro de téléphone de Clarke-Pounder, découvert qu'il était enregistré sur une application de paiement mobile, et confirmé son identité complète : Daniel Clarke-Pounder. En examinant les transactions sur cette application, les enquêteurs ont repéré des paiements liés au loyer, ce qui les a conduits à une adresse d'appartement. Pour vérifier cette information, ils ont consulté le compte Instagram de Clarke-Pounder, où un message indiquait : « Je n'ai pas posté depuis 3 ans, oups. Je suis mécanicien maintenant, je vis sur l'île James avec deux des meilleurs colocataires et je profite de la vie, je vous verrai dans 5 ans. »
Sur la base de ces éléments, les autorités ont obtenu des mandats de perquisition pour fouiller le domicile et le véhicule de Clarke-Pounder. Sur place, elles ont découvert un sweat-shirt semblable à celui porté par l'homme sur les images de surveillance, ainsi qu'un reçu pour de la bière Holland Lager 1839. Dans la chambre, un cahier violet contenant une déclaration manuscrite de trois pages a été trouvé. Ce document exprimait des convictions anti-gouvernementales et des critiques à l'encontre du « Département de l'efficacité gouvernementale » (DOGE), selon les documents.
Dans une autre affaire, en Oregon, la police a identifié Adam Lansky en combinant des recherches sur les plaques d'immatriculation et des analyses d'empreintes digitales retrouvées sur des bouteilles de vin utilisées pour fabriquer des cocktails Molotov. Lansky est accusé d'avoir lancé des cocktails Molotov sur des Cybertrucks dans un concessionnaire Tesla à Salem le 20 janvier, puis d'avoir tiré sur le même concessionnaire le 19 février avec un fusil semi-automatique équipé d'un silencieux.
La déclaration sous serment fédérale précise que Lansky aurait causé pour 500 000 dollars de dégâts, endommageant sept véhicules Tesla, dont un entièrement détruit. Des captures d'écran de vidéosurveillance montrent une personne vêtue de noir, portant une cagoule et un masque, tenant un cocktail Molotov allumé ainsi qu'un « fusil de type AR-15 avec un silencieux ». Ces éléments ont été intégrés au dossier pour étayer les accusations.
Une analyse détaillée des événements captés par les caméras de surveillance
Le suspect, tirant un chariot noir pliable, a été vu marchant depuis l'est du Tesla Center en direction de Mission Street Southeast. Il s'est arrêté derrière le panneau Tesla devant le centre avant de se diriger vers le bâtiment. Là, il a allumé un engin incendiaire de type cocktail Molotov et l'a lancé sur un Cybertruck garé devant le Tesla Center. L'engin a rebondi sur le camion sans s'enflammer. Le suspect s'est ensuite approché de la salle d'exposition, où il a allumé deux autres dispositifs, en lançant un sur le bâtiment et un autre sur un SUV Tesla rouge garé à proximité. Ce dernier a rebondi sur le véhicule avant de se briser sur le trottoir.
Alors qu'il se déplaçait entre le SUV et la salle d'exposition, le suspect a allumé un autre engin qu'il a lancé vers le nord. À ce moment-là, il a remarqué un témoin s'éloigner en voiture. Le suspect a alors laissé tomber l'engin allumé, qui s'est brisé et a pris feu à ses pieds, avant de brandir ce qui semblait être un fusil de type AR-15 équipé d'un silencieur, pointé en direction du témoin. Après cet incident, le suspect a repris son chariot et s'est dirigé vers le nord, à l'avant de la salle d'exposition. Il a lancé une pierre sur la vitrine, brisant la fenêtre, puis a jeté un engin enflammé à l'intérieur du bâtiment. Enfin, il a lancé deux autres engins incendiaires sur deux véhicules avant de s'enfuir en courant vers la clôture à l'ouest du Tesla Center.
Dans une troisième affaire, un agent de l'ATF a enquêté sur un cas médiatisé à Loveland, dans le Colorado, impliquant une femme nommée Lucy Nelson. Elle est accusée d'avoir tagué « NAZI » et « FUCK MUSK » sur l'enseigne d'un concessionnaire Tesla, vandalisé plusieurs véhicules et lancé un cocktail Molotov sur un Cybertruck entre fin janvier et début février. Une déclaration sous serment inclut des captures d'écran de vidéosurveillance montrant une personne vêtue de noir, portant une cagoule et un masque, traversant le parking du concessionnaire, ainsi que des images d'incendies sur les lieux.
Nelson a été identifiée grâce à une Toyota Prius filmée quittant un parking voisin. Un système automatisé de lecture de plaques d'immatriculation (RPM) de la marque Flock a enregistré sa plaque, révélant que le véhicule était enregistré à son nom. Flock, une technologie de RPM largement répandue aux États-Unis et souvent adoptée par des communautés locales, a joué un rôle clé dans cette identification.
Le 24 février 2025, le service de police de Loveland a signalé que la Prius de Nelson était « mobile », déclenchant une surveillance. Les enquêteurs l'ont suivie jusqu'au concessionnaire Tesla, où elle a été observée en train de garer le véhicule et de marcher vers l'entreprise, portant les mêmes vêtements que ceux vus lors de l'incident du 7 février. Elle avait également une sacoche similaire à celle du suspect. Après avoir rôdé près du concessionnaire, Nelson est retournée à sa voiture. Avant de repartir, elle a été interpellée par les agents du LPD, qui avaient surveillé ses mouvements et confirmé son implication dans les événements décrits.
Une réponse disproportionnée qui interroge l’équité de la justice
La réponse des forces de l’ordre fédérales face aux actes de vandalisme visant les véhicules Tesla, qualifiés d’actes de « terrorisme intérieur », suscite un d...
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