Le décret 147 s'appuie sur une loi de 2018 sur la cybersécurité qui a été vivement critiquée par les États-Unis, l'Union européenne et les défenseurs de la liberté sur Internet, qui ont déclaré qu'elle imitait la censure répressive de l'Internet en Chine. Les critiques affirment que le décret 147 exposera en sus les dissidents qui publient anonymement à un risque d'arrestation.
Des observateurs sont d’avis que le nouveau décret « pourrait encourager l'autocensure, où les gens évitent d'exprimer des opinions dissidentes pour protéger leur sécurité, ce qui, en fin de compte, nuirait au développement global des valeurs démocratiques » dans le pays. Le ministère de l'information et des communications (MIC), a pour sa part déclaré aux médias d'État que le décret 147 « réglementerait les comportements afin de maintenir l'ordre social, la sécurité nationale et la souveraineté nationale dans le cyberespace. »
Human Rights Watch appelle le gouvernement à abroger ce nouveau décret « draconien. » « Le nouveau décret vietnamien 147 et les autres lois sur la cybersécurité ne protègent pas le public des véritables problèmes de sécurité et ne respectent pas les droits de l'homme fondamentaux », a déclaré Patricia Gossman, directrice adjointe de Human Rights Watch pour l'Asie. Parce que la police vietnamienne considère toute critique du parti communiste vietnamien comme une question de sécurité nationale, ce décret lui fournira un outil supplémentaire pour réprimer la dissidence.
L’UE a de même évoqué la nécessité de procéder à une vérification de l'identité des internautes Pour lutter contre les abus sexuels à l'endroit des enfantsVietnam's Decree 147, effective Dec. 25, mandates social media users verify identities via phone or ID, while platforms must store data & remove 'illegal' content in 24 hours. Critics warn it threatens #FreeSpeech & privacy. #Vietnam #SocialMedia #DigitalRights #TechNews pic.twitter.com/5CkLuykhS8
— PUPUWEB Blog (@cheinyeanlim) December 24, 2024
L'UE a de même évoqué la nécessité que les sites web vérifient l'âge et l'identité de leurs visiteurs, éventuellement au moyen d'une carte d'identité numérique qui n'a pas encore été développée. L’initiative mise en avant en 2022 prévoyait que les sites web réputés proposer des contenus préjudiciables devront vérifier l'identité de leurs visiteurs avant de les laisser continuer. L'Union européenne affirmait que cette mesure vise à protéger les enfants contre les abus sexuels en ligne. Néanmoins, des craintes subsistent quant à l’existence de failles dans les systèmes informatiques et la possibilité que la manœuvre ôte aux internautes tout sentiment d'anonymat. Les sites web pornographiques seront tenus d'utiliser ce nouveau système tout comme les autres sites web réputés servir des contenus préjudiciables.
Le dispositif évoqué en UE n’était pas sans faire penser à la Carte Nationale d’Identité électronique (CNIe) française. Celle-ci s’est retrouvée au centre d’une controverse en raison de l’approche d’enrôlement (ou de création de l’identité numérique d’un tiers) : l’évocation de l’application Alicem qui imposait à son utilisateur de passer par une étape de reconnaissance faciale pour prouver qu’il est le titulaire légitime du titre d’identité. Grosso modo, ce type de carte d’identité soulève comme problèmes : utilisation d’une base de données centralisée, durée de conservation très longue, transmission systématique à la base de données DOCVERIF, procédure de déchiffrement perfectible et ainsi de suite.
En Estonie, ce genre de carte d'identité est déjà utilisé depuis 2002. Elle leur sert de carte vitale, à se connecter à leur banque, faire des signatures numériques, voyager en transports en commun, chiffrer des courriels, voter en ligne, etc. Elle est fournie avec un lecteur de carte USB. En 2017, le pays a procédé à la suspension de 760 000 cartes d’identité numériques comme suite à la découverte d’une faille susceptible de permettre le clonage d’identité.
Et vous ?
Pour ou contre la vérification d’identité en ligne ?
Voir aussi :
Les États de l'UE s'engagent à créer des identifiants électroniques pour tous les résidents pour faciliter l'accès à des services publics et privés
L'Estonie décide de suspendre 760 000 cartes d'identité numériques suite à la découverte d'une faille qui peut permettre le clonage d'identité
le pays lance un programme pilote de CNI numérique sur le réseau social WeChat qui pourra aussi servir de plateforme pour porter plainte
Quel serait le prix moyen d'une nouvelle identité numérique*? Des chercheurs l'estiment à 1200 dollars après avoir parcouru le Dark Web