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La vente forcée de Chrome pourrait rapporter jusqu'à 20 milliards de dollars si le juge donne son accord,
Mais Google s'y oppose et affirme que l'opération pourrait ruiner l'expérience des consommateurs

Le , par Mathis Lucas

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7  0 
Le sort du navigateur Google Chrome est entre les mains du juge de district Amit Mehta. Le ministère américain de la Justice a proposé la vente forcée de Chrome après que le juge a statué en août 2024 que Google monopolise illégalement le marché de la recherche en ligne. Si le juge donne son accord, la vente de Chrome pourrait rapporter jusqu'à 20 milliards de dollars. Ce qui constituerait une mesure de répression historique à l'encontre de l'une des entreprises les plus précieuses au monde. Google s'insurge contre cette proposition et affirme que la vente forcée de son navigateur Chrome nuirait aux consommateurs et aux entreprises.

Google pourrait être contraint à céder son navigateur Web Chrome

« La domination de Google est restée incontestée pendant plus d'une décennie. Les accords de distribution de Google verrouillent une partie substantielle du marché des services de recherche générale et compromettent les possibilités de concurrence des rivaux », a déclaré le juge Amit Mehta. Les données indiquent que Google a payé un total de 26 milliards de dollars en 2021 pour faire de Chrome l'option par défaut sur les smartphones et les navigateurs Web.


Le juge Amit Mehta estime que ces paiements ont empêché d'autres concurrents de réussir sur le même marché de la recherche en ligne. Google a perdu son procès pour monopole illégal face aux régulateurs antitrust et doit maintenant subir des mesures correctives. Parmi les mesures proposées par le ministère américain de la Justice (DOJ) figure la vente de Chrome. Si le juge Amit Mehta autorise cette transaction, cela aurait un impact considérable sur Google.

Le DOJ demande également au juge Amit Mehta de fixer des exigences pour l'IA de Google et son système d'exploitation mobile Android. Le gouvernement américain a déclaré que son objectif est d'accroître la concurrence sur le marché de la recherche. Ses avocats ont écrit dans un document déposé au tribunal :

Citation Envoyé par Ministère américain de la Justice

Un remède à la monopolisation illégale de Google doit simultanément : (1) libérer ces marchés de la conduite d'exclusion de Google ; (2) les ouvrir à la concurrence ; (3) priver Google des fruits de ses violations de la loi ; et (4) empêcher Google de monopoliser ces marchés et d'autres marchés connexes à l'avenir.
Les autorités antitrust et les États qui se sont joints au procès intenté par le plaignant initial, le Colorado, recommandent au juge Amit Mehta d'appliquer les exigences en matière de licences de données. Parmi les États qui se sont joints au procès figurent le Tennessee, le Missouri, l'Indiana, le Texas, la Caroline du Sud, le Montana, la Floride, le Mississippi, le Wisconsin, la Californie, le Michigan, l'Arkansas, Washington, la Louisiane, et le Kentucky.

Si le juge Amit Mehta accepte ces propositions, elles pourraient remodeler le marché de la recherche en ligne et l'industrie florissante de l'IA. L'affaire a été déposée sous la première administration Trump et s'est poursuivie sous la présidence de Joe Biden. Il s'agit de l'effort le plus agressif pour contrôler une entreprise technologique depuis que Washington a tenté en vain de démanteler Microsoft pour monopole illégal au début des années 2000.

Que signifierait la vente de Chrome pour Google et pour l'industrie ?

La vente de Chrome par Google aurait des répercussions sur les activités publicitaires de l'entreprise. Alphabet, la société mère de Google, a une capitalisation boursière de plus de 2 000 milliards de dollars, et selon le juge Amit Mehta, « une grande partie de cette valeur est due à l'activité publicitaire extrêmement rentable de Google ». Les données de StatCounter montrent que Chrome est le navigateur le plus utilisé au monde, avec 66,68 % du marché.

Google Search détient 89,33 % du marché mondial des moteurs de recherche. La possession du navigateur le plus populaire au monde est essentielle pour l'activité publicitaire de Google. L'entreprise est en mesure de « tracer l'activité des utilisateurs en ligne et d'utiliser ces données pour cibler plus efficacement les promotions », qui génèrent l'essentiel de son chiffre d'affaires. Google a utilisé Chrome pour diriger les internautes vers son chatbot d'IA Gemini.

« L'intégration de l'IA générative est peut-être l'exemple le plus clair d'une concurrence qui fait progresser la qualité de la recherche », précise l'avis du juge Amit Mehta. Selon certains experts, Chrome pourrait valoir jusqu'à 20 milliards de dollars. « Si la vente a lieu, Chrome vaudrait au moins 15 à 20 milliards de dollars, étant donné qu'il compte plus plus de 3 milliards d'utilisateurs actifs mensuels », a déclaré Mandeep Singh, analyste chez Bloomberg Intelligence.

D'autres analystes se montrent plus prudents et pensent que le prix que les acheteurs potentiels sont prêts à payer peut dépendre de leur capacité à lier le navigateur à d'autres services. « Il n'est pas directement monétisable. Il sert de passerelle vers d'autres choses. Il n'est pas évident de savoir comment mesurer cela d'un point de vue purement générateur de revenus », a déclaré à Bloomberg Bob O'Donnell, de TECHnalysis Research, à propos de Chrome.

« L'avantage de Chrome, que Google ne facture pas directement, réside en partie dans le confort qu'il offre aux utilisateurs, en rendant leur expérience des produits Google plus transparente. La séparation de ces entreprises ne va pas fondamentalement résoudre l'ennui que vous ressentez à leur égard », a déclaré l'ex-PDG de Google Eric Schmidt sur CNBC. Selon certains experts, les acheteurs potentiels pourraient ne pas tirer pleinement profit du navigateur.

Google a déclaré dans un billet de blogue que « si d'autres entreprises possédaient Chrome, elles ne seraient pas incitées à y investir autant ou à le maintenir gratuit ». La firme de Mountain View a déclaré que les acheteurs potentiels devraient probablement modifier leur modèle d'entreprise.

Google dénonce un plan radical qui va au-delà des questions juridiques

Lee-Anne Mulholland, vice-présidente des affaires réglementaires de Google, a déclaré que « le DOJ continue de promouvoir un programme radical qui va bien au-delà des questions juridiques dans cette affaire », ce qui pourrait nuire aux clients. Elle a déclaré : « le gouvernement, en mettant son pouce sur la balance de cette manière, nuirait aux consommateurs, aux développeurs et au leadership technologique américain au moment même où il en a le plus besoin ».

Le DOJ demande au tribunal de contraindre Google à dissocier son système d'exploitation mobile Android de ses autres produits, notamment son moteur de recherche et sa boutique d'applications mobiles Google Play, qui sont désormais vendus en tant qu'ensemble. Les régulateurs sont également prêts à demander à Google de partager davantage d'informations avec les annonceurs et de leur donner plus de contrôle sur l'emplacement de leurs publicités.

Au cours du premier mandat de Donald Trump, il a soutenu le procès antitrust intenté par le DOJ contre Google en 2020, après avoir estimé que l'entreprise utilisait des tactiques et des stratégies illégales pour monopoliser le marché des moteurs de recherche. Mais il n'est pas certain que Donald Trump continue à soutenir les efforts du DOJ visant à démanteler Google. Sa campagne victorieuse a été largement soutenue par le secteur technologique américain.

Une scission forcée, si elle se produit, dépendrait également de la possibilité de trouver un acheteur intéressé. Ceux qui auraient les moyens de s'offrir la propriété et pourraient en avoir envie, comme Amazon, sont également soumis à un examen antitrust qui pourrait empêcher une transaction aussi importante.

« Je pense que c'est très peu probable », a déclaré Mandeep Singh. Mais il a ajouté qu'il pourrait voir un acheteur comme OpenAI, le fabricant du chatbot d'IA ChatGPT. « Cela lui donnerait à la fois une distribution et une activité publicitaire pour compléter ses abonnements aux chatbots grand public », a-t-il déclaré.

Source : les propositions du ministère américain de la Justice (PDF)

Et vous ?

Quel est votre avis sur le sujet ?
Que pensez-vous des propositions du DOJ pour briser le monopole de Google ?
Selon vous, les mesures proposées par le DOJ vont-ils au-delà de la décision rendue par le tribunal ?
Quels impacts le démantèlement de Google pourrait-il avoir sur Google et sur le marché de la recherche en ligne ?

Voir aussi

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Google réagit avec colère à l'annonce de la vente de Chrome : "Cela nuirait aux consommateurs et aux entreprises s'il était contraint de vendre Chrome", un juge a statué que Google était un monopole

Le ministère de la justice veut que Google vende Chrome pour briser son monopole dans la recherche, des procureurs américains tenteraient de forcer Google à vendre Chrome et démanteler Android

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Avatar de Flupke68
Membre à l'essai https://www.developpez.com
Le 28/11/2024 à 12:05
"Pourrait ruiner l'expérience des consommateurs..."
Entendre:
"On pourra plus espionner comme on voulait..."

Font ch... avec leurs éléments de langage.
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Avatar de NotABread
Membre habitué https://www.developpez.com
Le 28/11/2024 à 15:14
Imaginons que Google doit se séparer de Chrome, qui peut racheter ?
D'ailleurs, parlerait-on de Chrome et Chromium ou seulement de Chrome ? Chromium sert de base à de nombreux dérivés. Si Google le garde, il pourrait faire pression pour pousser son agenda ou entraver les efforts du repreneur de Chrome. Si Chromium est aussi vendu, le nouveau propriétaire gagnerait un incroyable pouvoir pour pousser ses "nouvelles techno du future web".

Ca ne va pas être vendu à petit prix et il faudra que le racheteur inspire la confiance (donc avec les politiques anti Chine, inimaginable que les Etats-Unis laissent un groupe chinois s'en emparer).
J'imagine qu'il serait difficile pour Microsoft de racheter Chrome sans que les régulateurs ne réagissent.
Je doute que Nvidia fera une offre, pas impossible mais c'est pas leur coeur de métier.
Est-ce que Apple voudrait maintenir une application en dehors de leur écosystème ? Stratégiquement, ils pourraient fermer Chrome à ses plateformes pour inciter les gens à passer aux iDevice, mais ça leur ferait aussi une très mauvaise image auprès des utilisateurs restant sous Windows et Android.
Je verrai peut-être Amazon, Facebook ou X Corp s'en emparer, mais je doute que la vie privée des utilisateurs ne s'améliore sous leur égides (sachant qu'elle n'est déjà pas glorieuse avec Google)
4  0 
Avatar de Leruas
Membre éclairé https://www.developpez.com
Le 28/11/2024 à 13:59
Quel dommage, Google ne sera plus par défaut dans Chrome et il n'y aura plus de connexion au compte Google dans le navigateur
3  0 
Avatar de OrthodoxWindows
Membre expert https://www.developpez.com
Le 29/11/2024 à 10:45
Mais Google s'y oppose et affirme que l'opération pourrait ruiner l'expérience des consommateurs
L'expérience est déjà mauvaise pour les consommateurs, le problème est que les consommateurs sont dans l'ignorance où le déni.

D'ailleurs le terme consommateurs est tout de même révélateur, là où pour Firefox, on va parler d'utilisateur... Ou même pour un outil de bricolage : on consomme la première fois en achetant l'outil, mais après on l'utilise on ne le consomme pas Au moins que l'outil continue à rapporter du fric avec de la publicité.
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Avatar de Zefling
Expert confirmé https://www.developpez.com
Le 29/11/2024 à 15:40
Citation Envoyé par Aizen64 Voir le message
Certaines technologies en CSS comme le nesting, le positionnement par ancrage (anchor positionning) sont implémentés en premier sur Chrome. Firefox met de nombreux mois à les sortir et la même chose peut être dite de Safari.
Ce qui compte le plus c'est ça :
https://wpt.fyi/interop-2024

Puis la version finalisée du nesting est arrivé 3 mois avant sur Firefox, anchor positionning est encore à l'état de discussions côté W3C (le premier draft: 26 March 2024) et il y a eu du changement depuis, etc. Si on va par là masonry ça fait 4 ans qu'on peut en faire sur Firefox (en expérimental) et pas chez les autres. Mais sûrement que tu regardes que ce qui est poussé par Chrome, t'as l'impression que les autres ne font rien.

Et fait un truc 6 mois après celui qui l'a poussé, ça me semble logique. Si tu suis le W3C, y'a des trucs chez Firefox qui ne sont pas sur Chrome, et pareil sur Apple. C'est souvent expérimental, mais comme il faut aller toujours plus vite, des specs incomplète se retrouver utilisées.

Il faut aussi prendre en compte qu'Apple et Firefox sont un peu seuls pour leur moteur alors que Google à l'aide de Ms, Opera, Vivaldi, Electron. Mais ça reste Google qui a le lead et on voit ce que ça donne avec le Manifest V3, FLOC,*Topics et toutes les merdes qu'il inclue pour ces propres sites.
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Avatar de Aizen64
Membre confirmé https://www.developpez.com
Le 29/11/2024 à 13:31
En 2024, Google Chrome m'a l'air d'être le navigateur qui adopte le plus rapidement de nouveaux standards web comparé à Webkit/Salari maintenu par Apple et Gecko/Firefox maintenu par Mozilla.

Certaines technologies en CSS comme le nesting, le positionnement par ancrage (anchor positionning) sont implémentés en premier sur Chrome. Firefox met de nombreux mois à les sortir et la même chose peut être dite de Safari.

C'est des gros bouts, des fonctionnalités nécessitant beaucoup de travail et à haute complexité.

Je pose la question en tant que développeur et par extension aux utilisateurs finaux : la vente de Google Chrome ne va t-elle pas ralentir le développement de Chrome si Google n'est plus au commandes ?

Microsoft contribue activement au projet, c'est un de leurs développeurs qui a finalisé les sous-grilles.
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Avatar de petitours
Membre émérite https://www.developpez.com
Le 29/11/2024 à 14:38
Je me demande bien comment un telle vente pourrait se faire sans que google continue de tirer les ficelles tout pareil
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