Google pourrait être contraint à céder son navigateur Web Chrome
« La domination de Google est restée incontestée pendant plus d'une décennie. Les accords de distribution de Google verrouillent une partie substantielle du marché des services de recherche générale et compromettent les possibilités de concurrence des rivaux », a déclaré le juge Amit Mehta. Les données indiquent que Google a payé un total de 26 milliards de dollars en 2021 pour faire de Chrome l'option par défaut sur les smartphones et les navigateurs Web.
Le juge Amit Mehta estime que ces paiements ont empêché d'autres concurrents de réussir sur le même marché de la recherche en ligne. Google a perdu son procès pour monopole illégal face aux régulateurs antitrust et doit maintenant subir des mesures correctives. Parmi les mesures proposées par le ministère américain de la Justice (DOJ) figure la vente de Chrome. Si le juge Amit Mehta autorise cette transaction, cela aurait un impact considérable sur Google.
Le DOJ demande également au juge Amit Mehta de fixer des exigences pour l'IA de Google et son système d'exploitation mobile Android. Le gouvernement américain a déclaré que son objectif est d'accroître la concurrence sur le marché de la recherche. Ses avocats ont écrit dans un document déposé au tribunal :
Envoyé par Ministère américain de la Justice
Si le juge Amit Mehta accepte ces propositions, elles pourraient remodeler le marché de la recherche en ligne et l'industrie florissante de l'IA. L'affaire a été déposée sous la première administration Trump et s'est poursuivie sous la présidence de Joe Biden. Il s'agit de l'effort le plus agressif pour contrôler une entreprise technologique depuis que Washington a tenté en vain de démanteler Microsoft pour monopole illégal au début des années 2000.
Que signifierait la vente de Chrome pour Google et pour l'industrie ?
La vente de Chrome par Google aurait des répercussions sur les activités publicitaires de l'entreprise. Alphabet, la société mère de Google, a une capitalisation boursière de plus de 2 000 milliards de dollars, et selon le juge Amit Mehta, « une grande partie de cette valeur est due à l'activité publicitaire extrêmement rentable de Google ». Les données de StatCounter montrent que Chrome est le navigateur le plus utilisé au monde, avec 66,68 % du marché.
Google Search détient 89,33 % du marché mondial des moteurs de recherche. La possession du navigateur le plus populaire au monde est essentielle pour l'activité publicitaire de Google. L'entreprise est en mesure de « tracer l'activité des utilisateurs en ligne et d'utiliser ces données pour cibler plus efficacement les promotions », qui génèrent l'essentiel de son chiffre d'affaires. Google a utilisé Chrome pour diriger les internautes vers son chatbot d'IA Gemini.
« L'intégration de l'IA générative est peut-être l'exemple le plus clair d'une concurrence qui fait progresser la qualité de la recherche », précise l'avis du juge Amit Mehta. Selon certains experts, Chrome pourrait valoir jusqu'à 20 milliards de dollars. « Si la vente a lieu, Chrome vaudrait au moins 15 à 20 milliards de dollars, étant donné qu'il compte plus plus de 3 milliards d'utilisateurs actifs mensuels », a déclaré Mandeep Singh, analyste chez Bloomberg Intelligence.
D'autres analystes se montrent plus prudents et pensent que le prix que les acheteurs potentiels sont prêts à payer peut dépendre de leur capacité à lier le navigateur à d'autres services. « Il n'est pas directement monétisable. Il sert de passerelle vers d'autres choses. Il n'est pas évident de savoir comment mesurer cela d'un point de vue purement générateur de revenus », a déclaré à Bloomberg Bob O'Donnell, de TECHnalysis Research, à propos de Chrome.
« L'avantage de Chrome, que Google ne facture pas directement, réside en partie dans le confort qu'il offre aux utilisateurs, en rendant leur expérience des produits Google plus transparente. La séparation de ces entreprises ne va pas fondamentalement résoudre l'ennui que vous ressentez à leur égard », a déclaré l'ex-PDG de Google Eric Schmidt sur CNBC. Selon certains experts, les acheteurs potentiels pourraient ne pas tirer pleinement profit du navigateur.
Google a déclaré dans un billet de blogue que « si d'autres entreprises possédaient Chrome, elles ne seraient pas incitées à y investir autant ou à le maintenir gratuit ». La firme de Mountain View a déclaré que les acheteurs potentiels devraient probablement modifier leur modèle d'entreprise.
Google dénonce un plan radical qui va au-delà des questions juridiques
Lee-Anne Mulholland, vice-présidente des affaires réglementaires de Google, a déclaré que « le DOJ continue de promouvoir un programme radical qui va bien au-delà des questions juridiques dans cette affaire », ce qui pourrait nuire aux clients. Elle a déclaré : « le gouvernement, en mettant son pouce sur la balance de cette manière, nuirait aux consommateurs, aux développeurs et au leadership technologique américain au moment même où il en a le plus besoin ».
Le DOJ demande au tribunal de contraindre Google à dissocier son système d'exploitation mobile Android de ses autres produits, notamment son moteur de recherche et sa boutique d'applications mobiles Google Play, qui sont désormais vendus en tant qu'ensemble. Les régulateurs sont également prêts à demander à Google de partager davantage d'informations avec les annonceurs et de leur donner plus de contrôle sur l'emplacement de leurs publicités.
Au cours du premier mandat de Donald Trump, il a soutenu le procès antitrust intenté par le DOJ contre Google en 2020, après avoir estimé que l'entreprise utilisait des tactiques et des stratégies illégales pour monopoliser le marché des moteurs de recherche. Mais il n'est pas certain que Donald Trump continue à soutenir les efforts du DOJ visant à démanteler Google. Sa campagne victorieuse a été largement soutenue par le secteur technologique américain.
Une scission forcée, si elle se produit, dépendrait également de la possibilité de trouver un acheteur intéressé. Ceux qui auraient les moyens de s'offrir la propriété et pourraient en avoir envie, comme Amazon, sont également soumis à un examen antitrust qui pourrait empêcher une transaction aussi importante.
« Je pense que c'est très peu probable », a déclaré Mandeep Singh. Mais il a ajouté qu'il pourrait voir un acheteur comme OpenAI, le fabricant du chatbot d'IA ChatGPT. « Cela lui donnerait à la fois une distribution et une activité publicitaire pour compléter ses abonnements aux chatbots grand public », a-t-il déclaré.
Source : les propositions du ministère américain de la Justice (PDF)
Et vous ?
Quel est votre avis sur le sujet ?
Que pensez-vous des propositions du DOJ pour briser le monopole de Google ?
Selon vous, les mesures proposées par le DOJ vont-ils au-delà de la décision rendue par le tribunal ?
Quels impacts le démantèlement de Google pourrait-il avoir sur Google et sur le marché de la recherche en ligne ?
Voir aussi
Les autorités américaines de régulation cherchent à démanteler Google en forçant la vente de Chrome pour empêcher l'entreprise de continuer à écraser la concurrence avec son moteur de recherche dominant
Google réagit avec colère à l'annonce de la vente de Chrome : "Cela nuirait aux consommateurs et aux entreprises s'il était contraint de vendre Chrome", un juge a statué que Google était un monopole
Le ministère de la justice veut que Google vende Chrome pour briser son monopole dans la recherche, des procureurs américains tenteraient de forcer Google à vendre Chrome et démanteler Android