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Bluesky, la plateforme de médias sociaux, alternative de Twitter, enfreint les règles de l'UE,
Même s'il ne s'agit pas encore d'une « très grande plateforme »

Le , par Bruno

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L'Union européenne estime que Bluesky, la plateforme de médias sociaux en pleine expansion, alternative de Twitter, enfreint les règles de la loi sur les services numériques de l'UE en matière de divulgation d'informations. Mais comme Bluesky n'est pas encore assez grand pour être considéré comme une « très grande plateforme en ligne » au sens de la loi sur les services numériques, l'autorité de régulation déclare qu'elle ne peut pas réglementer Bluesky comme elle le fait pour X ou Threads. « Toutes les plateformes de l'UE, même les plus petites qui sont en dessous du seuil, ce qui est le cas de Bluesky, doivent avoir une page dédiée sur leur site web où elles indiquent le nombre d'utilisateurs qu'elles ont dans l'UE et où elles sont légalement établies. Ce n'est pas le cas de Bluesky à ce jour », a déclaré le porte-parole.

« Toutes les plateformes de l'UE doivent avoir une page dédiée sur leur site web indiquant le nombre d'utilisateurs qu'elles ont dans l'UE et le lieu où elles sont légalement établies », a déclaré Thomas Regnier, porte-parole de la Commission. « Ce n'est pas le cas de Bluesky à ce jour. Cette règle n'est pas respectée. Regnier aurait ajouté que la Commission avait demandé aux 27 gouvernements nationaux de l'UE de rechercher « toute trace de Bluesky », comme des bureaux basés dans l'UE.


Le 25 août 2023 a marqué l'entrée en vigueur du DSA (Digital Services Act). Les plateformes ont commencé à déployer de nouveaux moyens permettant aux utilisateurs européens de signaler les contenus en ligne illégaux et les produits douteux, que les entreprises seront obligées de supprimer rapidement et objectivement. Amazon a ouvert un nouveau canal pour signaler les produits suspectés d'être illégaux et fournit davantage d'informations sur les marchands tiers. TikTok a offert aux utilisateurs une « option de signalement supplémentaire » pour les contenus, y compris la publicité, qu’ils jugent illégaux. Des catégories telles que les discours de haine et le harcèlement, le suicide et l’automutilation, la désinformation ou les fraudes et escroqueries les aideront à identifier le problème.

Le DSA (Digital Services Act) est un nouveau règlement européen qui vise à réguler les services numériques et à protéger les droits des utilisateurs. Entré en vigueur le 25 août 2023, il s’applique à tous les services qui fournissent du contenu ou des biens en ligne, notamment les réseaux sociaux, les moteurs de recherche, les plateformes de commerce électronique et les applications mobiles. Voici, ci-dessous, quelques points clés à savoir sur le DSA :

  • Le DSA impose des obligations de transparence, de responsabilité et de modération aux services numériques, en fonction de leur taille, de leur impact et de leur nature. Les services qui ont plus de 45 millions d’utilisateurs dans l’UE sont considérés comme des « très grandes plateformes » et sont soumis aux règles les plus strictes ;
  • Le DSA vise à prévenir et à combattre les contenus illégaux ou nuisibles, tels que la haine, la violence, la désinformation, la manipulation ou la contrefaçon. Les services numériques doivent mettre en place des systèmes efficaces pour détecter, signaler et supprimer ces contenus, tout en respectant la liberté d’expression et le droit au recours des utilisateurs ;
  • Le DSA renforce la protection des consommateurs européens face aux pratiques déloyales ou trompeuses des services numériques. Les services doivent informer clairement les utilisateurs sur les conditions d’utilisation, les modalités de paiement, les garanties et les recours possibles. Ils doivent également assurer la sécurité et la qualité des produits et des services qu’ils proposent ou qu’ils facilitent ;
  • Le DSA crée un cadre de coopération entre les autorités nationales et la Commission européenne pour surveiller et faire respecter les règles. La Commission dispose du pouvoir exclusif de sanctionner les très grandes plateformes en cas de non-conformité, avec des amendes pouvant aller jusqu’à 6 % de leur chiffre d’affaires mondial.

Le DSA impose un principe de transparence aux plateformes et aux services en ligne qui comptent plus de 45 millions d'utilisateurs sur le continent, en les contraignant à ouvrir leurs algorithmes tant aux États membres qu'à la Commission européenne.

Bluesky a été lancé avec une ambition claire : proposer une alternative décentralisée aux réseaux sociaux centralisés traditionnels. La plateforme repose sur le protocole AT Protocol, qui permet une interopérabilité et une personnalisation accrues par rapport aux modèles centralisés classiques. Bien que cet aspect technique soit complexe, il séduit un public soucieux de la confidentialité des données et de la liberté d’expression.

Bluesky, réseau social concurrent de X (anciennement Twitter), a profité de la vague de départs des utilisateurs de l'application d'Elon Musk. Aujourd'hui, la plateforme a franchi une étape importante en dépassant les 20 millions d'utilisateurs. De plus, de nouvelles données indiquent que la croissance rapide de Bluesky lui permet de réduire l'écart avec un autre grand rival de X, Instagram Threads, en termes d'utilisateurs actifs quotidiens et de visites de sites web.

La DSA est conçue pour tenir les plateformes légalement responsables du contenu qui y est publié, mais avec moins de 45 millions d'utilisateurs, Bluesky n'est pas encore assez grande pour prétendre à l'étiquette de très grande plateforme en ligne. L'explosion des inscriptions dans le sillage de l'élection présidentielle américaine a fait grimper le nombre d'utilisateurs à 15 millions il y a dix jours, et il atteint désormais 22,5 millions d'utilisateurs, selon un site de suivi des statistiques mis en place par l'un des développeurs de la plateforme. Sa croissance continue pourrait bientôt la mettre en porte-à-faux avec les autorités de régulation de l'UE.


Réseaux sociaux émergents, faut-il une surveillance anticipée en Europe ?

Bluesky, en tant que plateforme de médias sociaux émergente, représente une alternative intéressante à des réseaux centralisés comme X (anciennement Twitter). Son architecture décentralisée reflète une volonté de repenser la manière dont les données et les interactions en ligne sont gérées. Cependant, le non-respect apparent de certaines exigences de la loi sur les services numériques (DSA) soulève des préoccupations.

Ne pas divulguer des informations clés, comme le nombre d'utilisateurs dans l'UE ou l'établissement légal de l'entreprise, est une omission préoccupante, même pour une plateforme encore en croissance. Cela reflète soit un manque de préparation pour répondre à des obligations légales essentielles, soit une sous-estimation des implications de son expansion rapide. Cette négligence pourrait non seulement freiner sa crédibilité en Europe mais aussi miner les efforts pour instaurer la transparence dans le domaine des technologies.

Toutefois, il est important de souligner que Bluesky, n’étant pas encore qualifiée de « très grande plateforme », bénéficie d’un certain répit réglementaire. Cela pose la question : la croissance rapide des plateformes comme Bluesky justifie-t-elle des mesures de surveillance plus proactives dès leurs premiers stades ?

L’Union Européenne et Bluesky, entre régulation proactive et attentisme

La DSA, en tant que cadre réglementaire, marque une avancée majeure dans la responsabilisation des plateformes numériques. Son objectif de garantir la transparence, la sécurité et la responsabilité des entreprises opérant dans l’UE est crucial à une époque où les géants technologiques dominent les flux d’information. L'exigence de divulguer des données de base, comme le nombre d'utilisateurs et l'établissement légal, semble minimale mais essentielle pour protéger les consommateurs et favoriser une concurrence loyale.


Toutefois, la stratégie de la Commission européenne dans le cas de Bluesky pourrait être perçue comme trop rigide ou, au contraire, insuffisamment proactive. D’une part, exiger des informations basiques même pour des plateformes plus petites est légitime, mais l’absence d’un engagement direct avec Bluesky révèle un décalage. Pourquoi attendre que les États membres identifient des « traces » de l’entreprise plutôt que de contacter directement ses responsables ? Cette approche dilatoire pourrait freiner l’efficacité de la DSA face à l’émergence rapide de nouvelles plateformes.

Enfin, la DSA semble mieux adaptée aux grandes plateformes qu’aux acteurs émergents. Si Bluesky dépasse le seuil des 45 millions d'utilisateurs, son inclusion parmi les « très grandes plateformes » posera des défis de mise en conformité. Il pourrait être opportun de prévoir des mécanismes graduels pour les plateformes en croissance rapide, afin d’éviter de brusquer des entreprises innovantes tout en garantissant une régulation efficace.

Source : Reuters

Et vous ?

Quel est votre avis sur le sujet ?

La DSA est-elle suffisamment adaptée pour traiter des plateformes émergentes à croissance rapide comme Bluesky ?

En l'absence de sanctions pour les plateformes en dessous du seuil des « très grandes plateformes », la DSA peut-elle réellement garantir la transparence et la responsabilité pour ces acteurs ?

Voir aussi :

Le DSA impose de nouvelles règles strictes pour les grandes entreprises technologiques en Europe. Des tests de chercheurs suggèrent qu'elles ont encore du mal à se mettre en conformité

Bluesky serait sur le point de dépasser le réseau social Threads de Meta dans tous les domaines importants, mais les critiques considèrent l'afflux d'utilisateurs vers Bluesky comme un feu de paille

Entrée en vigueur du DSA : l'Europe sévit contre les Big Tech. Voici ce qui va changer lorsque vous vous connecterez. « Le vrai test commence maintenant », estime Thierry Breton

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