Les entreprises chinoises face à de nouvelles restrictions commerciales
Les potentielles nouvelles restrictions commerciales visant les entreprises chinoises ont été annoncées dans un courriel adressé par la Chambre de commerce des États-Unis à ses membres. La Chambre de commerce des États-Unis (AmCham) est le plus grand groupe de lobbying du pays. Le courriel adressé par l'organisation à ses membres laisse également entrevoir une interdiction prochaine des exportations de mémoires à large bande passante (HBM).
Cette mise à jour, si elle est exacte, montre que l'administration Biden poursuit ses projets visant à restreindre l'accès de la Chine aux semiconducteurs de dernière génération, alors même que le début du second mandat du président républicain élu Donald Trump, le 20 janvier 2025, approche. De nombreux experts affirment qu'il est fort probable que les nouvelles restrictions soient maintenues, ou même intensifiées, sous la future administration Donald Trump.
« Une autre série de règles visant à limiter les livraisons de puces de mémoire à large bande vers la Chine devrait être dévoilée le mois prochain dans le cadre d'un paquet plus large sur l'IA », indique le courriel de l'AmCham. L'administration Biden a imposé à la Chine une série de contrôles à l'exportation visant à freiner ses avancées technologiques, craignant que ces technologies ne soient utilisées pour renforcer les capacités militaires de l'armée chinoise.
D'après des sources informées, la première série de réglementations devrait inclure des restrictions sur les livraisons d'outils de fabrication de puces à la Chine. En juillet 2024, des rapports ont signalé que les États-Unis prévoient de dévoiler un nouveau paquet de mesures de contrôle des exportations vers la Chine, y compris l'ajout d'environ 120 nouvelles entreprises chinoises à leur liste de commerce restreint. Le projet semble être arrivé à maturation.
« Le département du commerce, qui supervise la politique d'exportation des États-Unis, prévoit de publier les nouvelles réglementations avant les vacances de Thanksgiving, jeudi prochain», a écrit la Chambre de commerce des États-Unis dans son courriel.
Une guerre commerciale technologique qui n'a de cesse de s'intensifier
Depuis quelques années, les États-Unis sont engagés dans une guerre des puces avec la Chine. Washington a mis en place un ensemble de politiques strictes visant à restreindre les exportations d'équipements fabriqués sur le sol américain. Ces politiques ont mis à mal les ambitions de la Chine de se hisser au sommet dans le secteur des puces. Dans le même temps, les restrictions ont également impacté négativement les fabricants américains de semiconducteurs.
Les finances des acteurs mondiaux tels que Nvidia a notamment été touché, car ces derniers ne peuvent plus exporter de GPU à haute performance vers la Chine. Cependant, certains rapports suggèrent que l'industrie chinoise des puces rattrape rapidement son retard. La Chine s'efforce de parvenir à une sorte d'autarcie des puces, mais cela s'accompagne de son lot de réserves, car elle devrait non seulement concevoir ses propres puces, mais aussi les fabriquer.
Sur le plan mondial, seule une poignée de géants, dont Intel et Samsung, disposent de leurs propres départements de conception et de fabrication de puces. Et même dans ce cas, les derniers processeurs d'Intel sont sous-traités à TSMC. Cela signifie que la Chine doit concevoir ses propres puces en interne, mais qu'elle doit ensuite fabriquer des puces basées sur ces conceptions sur des plaques de silicium fabriquées en Chine par des entreprises telles que SMIC.
L'impact des restrictions américaines se matérialise par le fait que les SoC Kirin et les accélérateurs d'IA Ascend de Huawei resteront apparemment bloqués à la technologie 7nm jusqu'en 2026, car SMIC (Semiconductor Manufacturing International Corp) ne parvient pas à se procurer des machines Extreme Ultraviolet (EUV) de pointe auprès d'ASML. Après la technologie 7nm, la Chine doit impérativement surmonter l'obstacle des machines Extreme Ultraviolet.
Cela est nécessaire si la Chine veut acquérir des capacités de fabrication de puces de moins de 5nm et être compétitive à l'échelle mondiale. Selon un rapport paru en mars 2024, la Chine prépare un fonds de 27 milliards de dollars à injecter dans son industrie de puce afin de contrer les restrictions croissantes imposées par les États-Unis. De leur côté, les États-Unis ont voté une subvention de 52 milliards de dollars visant à renforcer leur industrie des puces.
La Chine pourrait riposter face aux restrictions commerciales américaines
« Les États-Unis feront tout ce qu'il faut pour freiner l'industrie chinoise de la technologie », a déclaré la secrétaire américaine au Commerce, Gina Raimondo, en mars 2024. Gina Raimondo a ajouté que les États-Unis évaluent en permanence la nécessité d'étendre les contrôles à l'exportation pour empêcher la Chine d'acquérir des puces avancées nécessaires au développement de l'IA et aux applications militaires. Mais Pékin pourrait riposter avec des restrictions.
L'intensification de la guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis pourrait avoir un impact sur la chaîne d'approvisionnement mondiale des puces. Le Japon et les Pays-Bas, les deux principaux pays où sont développés les équipements de fabrication de puces, se sont joints aux efforts des États-Unis pour empêcher la Chine d'accéder aux puces de pointe. Toutefois, malgré les efforts de Washington et de ses alliés, des failles subsistent.
La Chine dénonce ces mesures unilatérales des États-Unis et a déclaré qu'elle prendrait toutes les mesures nécessaires pour sauvegarder ses droits et ses intérêts et a exhorté Washington à lever les contrôles à l'exportation. En août 2023, en réponse aux restrictions de Washington et ses alliés, la Chine a brièvement cessé d'exporter deux minéraux rares, notamment le germanium et le gallium, dont les fabricants de microprocesseurs du monde entier ont besoin.
La Chine est le leader mondial dans la production de ces deux minéraux. Ces minéraux n'existent pas à l'état naturel. Ils sont des sous-produits du raffinage d'autres métaux. Le germanium est utilisé dans les produits solaires et les fibres optiques, mais peut être employé dans des applications militaires telles que les lunettes de vision nocturne. Le gallium est utilisé pour fabriquer le composé chimique « arséniure de gallium » (composé de gallium et d'arsenic).
Critical Raw Materials Alliance, une initiative de l'UE, estime que la Chine produit environ 80 % du gallium et 60 % du germanium dans le monde. Bien qu'il existe d'autres producteurs, les analystes alertent sur le fait qu'à long terme, cette guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis pourrait avoir des conséquences dévastatrices sur l'industrie mondiale de la technologie. Cela pourrait affecter durablement la chaîne d'approvisionnement des puces.
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La Chine pourrait riposter avec des restrictions sur l'exportation des terres rares et autres. Quels seraient les impacts sur l'industrie ?
Comment la France devrait-elle se comporter dans cette géopolitique des semiconducteurs de pointe pour en tirer pleinement avantage ?
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