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Elizabeth Warren appelle à la répression d'un « monopole » d'Internet dont vous n'avez jamais entendu parler : la sénatrice veut enquêter pour savoir si Verisign arnaque ses clients et viole les lois antitrust

Le , par Mathis Lucas

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La sénatrice démocrate Elizabeth Warren dénonce un monopole présumé de Verisign sur le marché des domaines de premier niveau et ses pratiques de tarification. Elle accuse Verisign d'abuser de sa position dominante sur ce marché pour surfacturer les clients. D'après elle, Verisign a pressuré ses clients pour enrichir ses investisseurs tout en ne faisant pas grand-chose pour améliorer la qualité du service. Elle appelle les régulateurs américains à enquêter sur ce qu'elle considère comme une « tarification prédatrice » des adresses Web .com, le principal actif de Verisign. Un porte-parole de Verisign a réfuté les allégations de la sénatrice Elizabeth Warren.

Verisign accusé d'être un monopole qui surfacture les consommateurs

Verisign est une société américaine est spécialisée dans la gestion des noms de domaine et dans la sécurité d'Internet. Il exploite une vaste infrastructure réseau comprenant notamment deux des treize serveurs racines du DNS. Il gère le registre officiel pour les domaines de premier niveau (TLD) génériques .com, .net et .name, les domaines de premier niveau géographiques .cc et .tv, et les systèmes back-end pour les domaines de premier niveau .jobs et .edu.


Verisign propose plusieurs services de sécurité comme le DNS géré, la limitation des attaques par déni de service distribué (DDoS) et la création de rapports sur les cybermenaces. La société a racheté le domaine .web pour 135 millions de dollars auprès de l'ICANN (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers). À l'époque, cette acquisition avait suscité des préoccupations du contrôle exercé par Verisign sur des domaines de premier niveau.

Ce mois-ci, la sénatrice Elizabeth Warren et le député Jerry Nadler ont demandé aux organismes gouvernementaux des États-Unis d'enquêter sur ce qu'ils considèrent comme une « tarification prédatrice » des adresses Web .com. Dans une lettre adressée au ministère de la Justice et à la National Telecommunications and Information Administration (NTIA), les deux accusent Verisign d'abuser de sa position dominante sur le marché afin de surfacturer les clients.

La NTIA est une branche du ministère américain du Commerce qui conseille le président. En 2018, sous l'administration de Donald Trump, la NTIA a modifié les conditions relatives au montant que Verisign pouvait facturer pour les domaines .com. Cela dit, les deux élus démocrates affirment dans leur lettre que Verisign a depuis augmenté ses prix de 30 %, bien que son service reste identique et pourrait prétendument être fourni à bien moindre coût par d'autres.

Citation Envoyé par Extrait de la lettre de Jerry Nadler et Elizabeth Warren

VeriSign exploite son pouvoir de monopole pour facturer à des millions d'utilisateurs des prix excessifs pour l'enregistrement d'un domaine de premier niveau .com. VeriSign n'a pas modifié ou amélioré ses services ; il a simplement augmenté ses prix parce qu'il détient un monopole garanti par le gouvernement.
Toute personne souhaitant obtenir une adresse de site Web se terminant par .com, un nom de domaine de premier niveau utilisé par plus de 150 millions de sites Web, doit payer une redevance annuelle à Verisign. Contrairement à Google et Microsoft, Verisign est loin d'être un nom connu de tous. Mais la société engrange chaque année environ 1,5 milliard de dollars de recettes par an grâce à ses activités spécialisées liées à l'infrastructure technique d'Internet.

« Verisign a pressuré ses clients pour enrichir ses investisseurs tout en ne faisant pas grand-chose pour améliorer le service. Verisign arnaque les propriétaires de 150 millions de sites Web .com en facturant plus de 10 dollars par an pour chaque enregistrement .com, ce qui lui permet de gagner plus d'un milliard de dollars grâce à son système de prix prédateurs, que la société utilise ensuite pour remplir les poches de ses actionnaires », indique la lettre.

Verisign critiqué par d'autres acteurs du marché des noms de domaines

La plainte de Jerry Nadler et Elizabeth Warren intervient peu après que l'American Economic Liberties Project (AELP) et d'autres groupes ont demandé à la NTIA et au ministère américain de la Justice de ne pas renouveler le contrat de Verisign sans appel d'offres, alléguant que l'entreprise détenait un monopole sur le secteur des noms de domaines de premier niveau. Verisign réfute ces allégations, affirmant depuis des années qu'elles sont sans fondement.

Laurel Kilgour, responsable de la recherche du groupe AELP, affirme : « Verisign est l'exemple même d'un termite économique et utilise depuis trop longtemps son monopole sur les domaines, approuvé par le gouvernement, pour augmenter les prix sans justification ». Selon Jerry Nadler et Elizabeth Warren, Verisign a exploité son droit exclusif de facturer les adresses .com, très recherchées, pour accroître ses revenus et faire grimper le prix de ses actions.

La lettre affirme que des accords distincts avec la NTIA et l'ICANN ont permis à Verisign d'établir un pouvoir monopolistique. Le premier fixe le montant que la société peut facturer à ses clients pour l'enregistrement d'adresses .com, tandis que le second fait de Verisign « l'opérateur unique » du domaine .com. La lettre allègue également que Verisign pourrait être en infraction avec le Sherman Act, la loi américaine sur la lutte contre les pratiques antitrust.

Selon la lettre, la décision prise en 2018 par la NTIA de lever le plafonnement des prix imposés à Verisign a également profité à l'ICANN qui, dans son rôle de superviseur, peut rejeter les augmentations de prix proposées par les services d'enregistrement de domaines. L'ICANN a signé un accord avec Verisign en 2020, sanctionnant les augmentations de prix maximales autorisées en échange de 20 millions de dollars sur une période de cinq ans.

Ainsi, selon Warren et Nadler, « Verisign et l'ICANN pourraient avoir une relation collusoire ». Dans une lettre datée du mois d'août, la NTIA a fait savoir à Verisign qu'elle avait des questions concernant les prix pratiqués par l'entreprise et qu'elle souhaitait discuter des solutions possibles. Mais Jerry Nadler et Elizabeth Warren pressent désormais publiquement la NTIA afin que l'agence s'assure que les clients ne peuvent pas être surfacturés par Verisign.

Ils pressent également le ministère américain de la Justice pour qu'il examine les violations potentielles de la loi antitrust. « Nous avons l'intention de répondre à la lettre du sénateur Warren et du représentant Nadler, qui répète des inexactitudes et des déclarations trompeuses qu'un petit groupe intéressé d'investisseurs en noms de domaine promeut agressivement depuis des années », a déclaré David McGuire, porte-parole de Verisign dans un communiqué.

« Nous sommes impatients de rectifier le tir et de travailler avec les décideurs politiques pour trouver de vraies solutions qui profiteront aux utilisateurs d'Internet », a ajouté le porte-parole. La société affirme que le discours autour de sa gestion du domaine .com est « déformé par des inexactitudes factuelles ».

Source : la lettre des démocrates Jerry Nadler et Elizabeth Warren, Verisign

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Selon vous, Verisign constitue-t-il un monopole sur le marché des noms de domaine de premier niveau ?

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