Le 19 juillet 2024, une panne informatique mondiale a touché des entreprises, des aéroports et des médias à travers le monde. Microsoft a confirmé qu'elle était consciente de ces problèmes, mais de nombreux experts en cybersécurité ont indiqué que la source potentielle du problème était l'entreprise de cybersécurité CrowdStrike, qui fournit une surveillance et une protection contre les cyberattaques à de nombreuses entreprises de premier plan.
Le PDG de Delta, Ed Bastien, a critiqué Microsoft pour cette panne, la qualifiant de "plateforme probablement la plus fragile", tout en louant la fiabilité d'Apple. Malgré ces propos sévères, M. Bastian a affirmé que Delta poursuivait son partenariat avec Microsoft, tout en soulignant la nécessité pour Microsoft de faire preuve d'une plus grande vigilance.
De son côté, l'entreprise de cybersécurité CrowdStrike est confrontée à une vague de poursuites judiciaires à la suite de la panne mondiale provoquée par une défaillance de sa mise à jour. L'affaire la plus médiatisée est celle de Delta, qui réclame à CrowdStrike jusqu'à 500 millions de dollars de dommages et intérêts. La compagnie aérienne a fait appel au célèbre avocat David Boies, connu pour son travail avec Theranos, Harvey Weinstein et Al Gore, pour mener sa bataille juridique.
La faille logicielle, qui affecte principalement les machines Windows, a donné lieu à de nombreuses actions en justice. Avant l'action en justice de Delta, des actionnaires avaient déjà intenté une action collective, accusant CrowdStrike de les avoir induits en erreur au sujet de ses procédures de mise à jour logicielle.
CrowdStrike a fait appel à Quinn Emanuel Urquhart & Sullivan pour se défendre contre ces actions en justice, ce qui témoigne de la gravité de la situation. Bien que Microsoft soit impliqué de manière indirecte en raison de l'impact de la mise à jour sur Windows, c'est CrowdStrike qui fait l'objet de la plus grande attention de la part de la justice.
Rob Wilkins de Jones Foster, qui copréside le département des litiges complexes et de la résolution des conflits du cabinet, note que les limites contractuelles des dommages-intérêts dans les accords sur les logiciels d'entreprise pourraient jouer un rôle crucial. Toutefois, le fait que Delta invoque une négligence grave ou une faute intentionnelle pourrait permettre de contourner ces limites. Delta a connu une interruption de service de cinq jours, contre trois jours pour United, mais CrowdStrike estime que les systèmes internes de Delta peuvent également avoir contribué à la panne.
Le défi pour Delta et les autres plaignants est de prouver qu'il y a eu négligence grave, une exigence élevée qui nécessite de démontrer une fausse déclaration intentionnelle ou des lacunes importantes dans les procédures de sécurité. Les actionnaires ont également du mal à démontrer que CrowdStrike les a trompés sur ses pratiques de test de logiciels.
Wilkins prévoit que les procès individuels se regrouperont probablement en une action collective en raison de la complexité et du coût des affaires séparées. Les recours collectifs débouchent souvent sur un procès de type "bellwether", où une affaire sert de test pour les autres, ce qui pourrait orienter les futurs règlements. Les compagnies d'assurance pourraient également jouer un rôle, en cherchant éventuellement à récupérer les coûts auprès de CrowdStrike.
Au-delà des implications financières, c'est la réputation de CrowdStrike qui est en jeu. La résolution rapide de ces questions juridiques par l'entreprise sera cruciale pour maintenir ses relations avec ses actionnaires et ses clients. Selon M. Wilkins, CrowdStrike se prépare à une défense vigoureuse, mais la résolution de la situation à l'amiable sera essentielle pour le succès futur de l'entreprise.
Source : Delta
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