
Le Congrès américain enquête sur des allégations selon lesquelles les membres de l'Alliance mondiale pour des médias responsables (Global Alliance for Responsible Media - GARM) s'entendent pour bloquer les dépenses publicitaires des médias conservateurs et donc pour censurer leurs voix. Témoignant devant le Congrès, le journaliste américain Ben Shapiro a déclaré que les sociétés de médias sociaux telles que X, Google et Meta avaient été contraintes par la sénatrice Dianne Feinstein d'adopter les lignes directrices de la GARM. Cette soi-disant coercition se serait produite en 2017. Il a ensuite comparé la GARM à un "cartel".
Having seen the evidence unearthed today by Congress, 𝕏 has no choice but to file suit against the perpetrators and collaborators in the advertising boycott racket.
— Elon Musk (@elonmusk) July 11, 2024
Hopefully, some states will consider criminal prosecution. https://t.co/5W4yf1wxVO
Shapiro a expliqué que les contributions des membres représentent 90% des dépenses publicitaires américaines. Le journaliste a ajouté : « si vous ne suivez pas leurs récits politiques préférés [...], vous ne serez pas considéré comme une marque sûre. Votre entreprise sera étranglée ». Shapiro a également déclaré qu'il existe "un système de pression informel créé par les législateurs démocrates, la Maison Blanche, les médias traditionnels, les annonceurs et les organisations pseudo-objectives de protection des marques". « Ce système garantit que l'argent de la publicité ne va qu'aux marques de médias de gauche », a-t-il dit.

Le rapport indique que les fondateurs de la GARM se sont entendus pour réduire au silence les discours et les plateformes conservateurs en violation de la loi antitrust. Parmi les membres de la GARM figurent Dentsu, Meta, Microsoft, Omnicom Media Group, Publicis Media, Snap, Spotify, TikTok et l'Association australienne des annonceurs nationaux (AANA). X quant à lui n'a réintégré le groupe que ce mois-ci, après s'être éloigné de l'alliance à la suite de la prise de contrôle par Musk. Toutefois, d'après la dernière crise de Musk, il ne serait pas étonnant de voir X claquer la porte de l'organisation très prochainement.
À l'heure où nous écrivons ces lignes, X est toujours listé comme membre de la GARM, une décision soutenue publiquement par Linda Yaccarino, PDG de X. Mais son soutien indéfectible à la GARM pourrait s'avérer problématique. On ne sait pas encore si le soutien apparent de Yaccarino à l'alliance risque de peser sur ses relations avec Musk. En outre, le rapport de la Chambre des représentants indique que la GARM pourrait avoir le Sherman Act, qui rend illégales les restrictions déraisonnables du commerce, y compris dans certains cas où "les boycotts de groupe et les actions coordonnées" nuisent aux consommateurs.
Musk a racheté X pour 44 milliards de dollars fin 2022. S'en est suivi un chaos sans précédent sur la plateforme, avec des licenciements massifs qui ont touché toutes les équipes, y compris le personnel de modération. Selon les critiques, la plateforme s'est rapidement transformée en "un cloaque de désinformation et de discours haineux" après son acquisition par Musk. Le rapport de la Chambre de représentant estime que la GARM a incité les annonceurs à boycotter X peu après que Musk a pris les rênes de l'entreprise. Une conclusion qui ne manquera pas de donner plus de zèle à Musk pour mener sa vendetta.
« Les membres de la GARM se sont entendus pour réduire les revenus de Twitter après l'acquisition par Elon Musk. La collusion pour supprimer les voix et les points de vue désapprouvés par les responsables du marketing des plus grandes entreprises et agences de publicité du monde est au cœur des principes fondateurs de la GARM », indique le rapport. Les revenus de X se sont très vite effondrés après que Musk a racheté l'entreprise. Le mois dernier, Bloomberg a rapporté que la plateforme a perdu près de 40 % de ses revenus au cours des six premiers mois de 2023 par rapport à la même période de l'année précédente.
L'année dernière, dans le cadre du boycott de X, Musk a poursuivi des chercheurs spécialisés dans les discours haineux, notamment Center for Countering Digital Hate (CCDH) et Media Matters for America (MMFA). Cependant, son action contre le CCDH a été rejetée en mars dernier, et Media Matters a affirmé que l'action de Musk contre MMFA au Texas pourrait être "fatale" en raison d'un défaut de compétence. Aujourd'hui, il semble que Musk envisage de poursuivre la GARM, bien que son billet ne mentionne pas nommément l'alliance. Les experts juridiques sont sceptiques quant à l'aboutissement de cette plainte.
En effet, les déclarations de Musk semblent indiquer que le milliardaire veut qu'il soit illégal pour les entreprises de refuser de faire de la publicité sur sa plateforme. Selon le rapport, la part de marché élevée de la GARM dans les campagnes publicitaires et les dépenses, avec à la preuve directe de la démonétisation de certains discours pour limiter le choix des consommateurs, répondrait à la charge initiale de démontrer le préjudice causé aux consommateurs. Pour sa part, la GARM maintient qu'elle n'a rien fait de mal, affirmant qu'elle reste convaincue qu'elle joue un rôle utile à l'industrie de la publicité numérique.
Dans le rapport, les législateurs précisent que chaque annonceur peut légalement choisir de ne pas faire de publicité sur une plateforme ou un média de son choix. Toutefois, une seule marque boycottant X n'aurait pas l'impact que la GARM aurait cherché à obtenir. « Ce que ces sociétés n'ont pas pu réaliser unilatéralement pour réduire au silence les opinions conservatrices, elles ont travaillé intensivement depuis 2019 pour le réaliser en se coordonnant par l'intermédiaire de la GARM », note le rapport. Les législateurs craignent que les règles strictes de la GARM conduisent à une censure plus stricte à l'ère de l'IA générative.
[QUOTE=Extrait du rapport]
Les partenaires de la GARM développent des outils d'IA qui intégreront les normes de la GARM de manière transparente sur les plateformes de médias sociaux. Un tel effort de censure automatisé pourrait entraîner la démonétisation de toute opinion ou voix que le cartel publicitaire de la GARM n'apprécie pas, potentiellement sans aucune intervention humaine. Une telle concentration du pouvoir de marché est dangereuse, et les implications de la technologie de l'IA sur la censure publicitaire sont effrayantes.[/quote=extrait du rapport]...
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