Les informations que la police peut en général obtenir d'un compte, sans payer d'abonnement ni demander l'aide d'OnlyFans, sont l'adresse du site web, une photo non explicite du créateur de compte et du texte décrivant le compte.
L’UE a envisagé la fin de la confidentialité des communications numériques pour tous comme solution pour la protection en ligne des enfants
Cette solution est considérée comme la voie ouverte à une surveillance de masse en Europe. En effet, les utilisateurs d'applications dotées d'une fonction de communication doivent accepter, par le biais de conditions générales ou de messages contextuels, que toutes les images et vidéos envoyées à d'autres personnes soient automatiquement analysées et éventuellement signalées à l'UE et à la police. À cette fin, des portes dérobées de surveillance devaient être intégrées dans les services de messagerie précédemment chiffrés de bout en bout.
La proposition prévoit qu’un utilisateur qui n'accepte pas que ses photos et vidéos privées soient scannées, puisse toujours utiliser le service pour envoyer des messages texte, mais soit sevré de la possibilité de partager des images et de vidéos.
Les conséquences de son entrée en vigueur seraient que :
- toutes les conversations en ligne et tous les courriels seront automatiquement fouillés pour détecter tout contenu suspect. Rien ne reste confidentiel ou secret. Il ne sera pas nécessaire d'obtenir une ordonnance du tribunal ou d'avoir un soupçon initial pour effectuer une recherche dans les messages ;
- si un algorithme classe le contenu d'un message comme suspect, les photos privées ou intimes pourront être consultées par le personnel et les sous-traitants de sociétés internationales et les autorités policières. Ces mêmes contenus pourront être consultés par des personnes inconnues ou se retrouver entre les mains d’individus mal intentionnés ;
- les conversations intimes pourront être lues par le personnel et les sous-traitants de sociétés internationales et les autorités policières, car les filtres de reconnaissance de texte qui ciblent la "sollicitation d'enfants" signalent souvent à tort les conversations intimes ;
- des tiers pourront être faussement signalés et faire l'objet d'enquêtes pour diffusion présumée de matériel d'exploitation sexuelle d'enfants. Les algorithmes de contrôle des messages et des chats sont connus pour signaler des photos de vacances tout à fait légales d'enfants sur une plage, par exemple. Selon les autorités de la police fédérale suisse, 86 % de tous les signalements générés par des machines s'avèrent sans fondement ;
- lors d’un voyage à l'étranger, l’on peut se retrouver face à de gros problèmes. Les rapports générés par les machines sur les communications pourront être transmis à d'autres pays, comme les États-Unis, où la confidentialité des données demeure très mal encadrée, ce, avec des résultats incalculables ;
- ce serait la porte ouverte pour les services de renseignement et les pirates sur les conversations et courriels.
Le 20 juin 2024, le Conseil de l’UE et ses participants ont décidé de retirer le vote sur le controversé plan de contrôle des discussions proposé par la Belgique, qui assure actuellement la présidence de l’UE.
La vérification de l’âge en ligne fait partie des solutions envisagées par de nombreux gouvernements
L’un des projets les plus récents en la matière est celui de l’Irlande qui envisage une validation d’âge rigoureuse sur Internet. Cette initiative, présentée par Jeremy Godfrey, président exécutif de la nouvelle autorité irlandaise de régulation du contenu Internet, vise à instaurer un code de conduite régissant l'accès des adultes aux sites Internet.
Jeremy Godfrey a exposé au Irish Examiner le plan présenté à la page 17 du document de consultation et de proposition de la commission. Cet organisme réglemente le contenu (et en particulier le contenu vidéo) pour les plus grandes sociétés Internet du monde, du fait que nombre d'entre elles sont basées en Irlande. Jeremy Godfrey a déclaré que le nouveau code de sécurité en ligne visait à protéger les enfants de ce qui pourrait nuire à leur développement physique et mental.
Dans le cadre des efforts déployés pour protéger les enfants contre les contenus préjudiciables en ligne, il pourrait bientôt être demandé aux internautes de télécharger les détails de leur passeport ou un selfie sur les sites web s'ils souhaitent visionner des contenus pour adultes. Le nouveau régulateur des médias a déclaré qu'une partie du nouveau code de sécurité en ligne indiquera aux plateformes numériques qu'elles doivent utiliser une forme efficace de vérification de l'âge pour visionner des visionner des contenus pour adultes sur le web. « Se contenter de demander à quelqu'un s'il a plus de 18 ans n'est pas efficace », a déclaré Jeremy Godfrey, président exécutif de Coimisiún na Meán. « Il faut faire plus que cela avant qu'ils ne voient ce type de contenu. »
Bien que Godfrey ait déclaré que son bureau ne serait pas « absolument prescriptif » sur la manière dont la vérification de l'âge devrait fonctionner, l'obligation pour une personne de présenter son passeport puis un selfie pour vérifier qu'elle est bien la personne figurant sur le passeport pourrait être décrite comme un « étalon-or » de la vérification de l'âge d'une personne.
« Nous nous soucions beaucoup plus de l'efficacité que de la manière dont elle est obtenue », a-t-il déclaré. « Il y a d'autres moyens que l'on pourrait envisager, comme une selfie en direct à chaque fois que l'on veut accéder au passeport et que l'on utilise la biométrie pour vérifier. « C'est moins précis. Il peut être difficile de distinguer un jeune de 17 ou 18 ans de cette manière. Mais cela protégera les enfants plus jeunes ».
Et la responsabilité parentale ? Qu’en est-il ? Le parallèle avec l’univers des jeux vidéo permet de se questionner sur les responsabilités
Des parents ont déclaré que leurs enfants refusent de manger ou de se doucher à cause de leur addiction au jeu vidéo Fortnite. C’est ce qui ressortait d’une action collective en justice contre Epic Games que le juge de la Cour supérieure du Québec Sylvain Lussier venait d’autoriser.
Ce cas ramenait ainsi sur la table plusieurs questions qui divisent l’opinion à l’échelle mondiale depuis des années : Qui des éditeurs ou des parents est le plus à blâmer pour ce qui est des comportements déviants des enfants dont certains sont d’avis qu’ils résultent de l’exposition aux jeux vidéo ? De la même façon, qui des parents ou des éditeurs de sites web pornographiques est le plus à blâmer ?
Le positionnement chinois sur ces questions laisse penser qu’il revient aux parents d’assurer l’encadrement de leur progéniture. C’est la raison pour laquelle le gouvernement chinois interdit aux jeunes de moins de 18 ans de jouer à des jeux vidéo pendant plus de trois heures par semaine. L’interdiction aux adolescents de moins de 18 ans de jouer à des jeux vidéo pendant plus de trois heures par semaine s’applique aux plateformes de jeux vidéo. Le régulateur leur impose de ne proposer des jeux en ligne aux mineurs que de 20 heures à 21 heures les vendredis, week-end et jours fériés. La manœuvre s’inscrit dans ce que les autorités du pays considèrent comme la lutte contre de « l’opium spirituel. »
La posture chinoise contraste avec ceux de pays comme les USA où le gouvernement ne prend pas de position ferme. Résultat : les parents versent en aveux d’impuissance. « LN joue donc à Fortnite sur une base quasi-quotidienne depuis plusieurs mois et il devient très frustré et fâché lorsque ses parents tentent de limiter le temps qu’il passe à jouer. Lorsqu’il joue à Fortnite en réseau avec ses amis son langage est très agressif et vulgaire alors que dans la vie courante c’est un enfant sage et posé ayant un bon vocabulaire. Lorsqu’il perd il s'énerve et commence à jouer inlassablement jusqu’à ce que ses parents lui demandent d’arrêter, ce qui est une grande source de conflit. Dès qu’il invite des amis à la maison, la principale activité est de jouer à Fortnite alors que dans le passé c’était d’aller au parc, de jouer au basket, de jouer à cache-cache ou à des jeux de société, en hiver », souligne la plainte.
L’argumentaire derrière ces aveux est que les éditeurs de jeux vidéo rendent leurs titres intentionnellement addictifs ce qui met les enfants hors de contrôle des parents. « Si ses parents ne limitaient pas ses temps de jeu, LN pourrait passer des journées entières à jouer à Fortnite. D’ailleurs le fait que la console soit dans le salon familial permet d’avoir un certain contrôle sur son utilisation », indique la plainte. Néanmoins, le juge de la Cour supérieure du Québec Sylvain Lussier avait formulé l’avis selon lequel les arguments mis en avant ne sont pas suffisants pour établir qu’Epic Games use d’artifices pour rendre Fortnite très addictif.
La multiplication des projets de vérification de l’âge en ligne (dans le but de protéger les enfants) s’apparente à un alignement à la vision chinoise en matière d’Internet : contrôle total du cyberespace par le gouvernement. Pour parvenir à une telle maîtrise de son cyberespace, la Chine s’appuie sur un levier de taille : le contrôle de l’anonymat en ligne.
Il n’y a qu’à jeter un œil à l’article 6 de la réglementation chinoise en la matière. À la réalité, la question revient de plus en plus en Europe ; le cas autrichien l’illustre puisque le pays a lui aussi annoncé son intention de mettre fin à l’anonymat en ligne. On anticipe à 2020 la période à laquelle il ne sera plus possible dans ce pays de rédiger un commentaire en ligne sans fournir son nom, prénom et adresse exacts. La raison, souligne le ministère en charge des médias dans ce pays, est très simple ; en cas d’enquête, les opérateurs de plateformes seraient tenus de fournir des informations aux agences gouvernementales ou, dans certains cas, aux personnes privées en cas d'insulte ou de diffamation.
Le train est en marche ; lentement certes, mais il semble que la destination finale soit, à l’échelle globale, un Internet régulé, modéré et censuré par les États.
Source : Reuters
Et vous ?
Pour ou contre la surveillance de masse au motif de protéger les enfants en ligne ?
Êtes-vous pour ou contre le recueil de données comme l’âge ou de façon plus large de pièces d'identité à l'occasion de la création de comptes sur les réseaux sociaux ou le sites web ? Pourquoi ? Que pensez-vous de l’applicabilité de telles mesures ?
Et la responsabilité parentale ? Qu’en est-il dans ces développements ? N’est-ce pas une erreur de ne pas en faire mention ?
Quelle est la solution qui permet de protéger les enfants tout en conservant aux internautes leur droit à la vie privée ?
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