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L'exploitant de Bitcoins4Less reconnaît n'avoir mis en place aucune protection contre le blanchiment d'argent,
Il a probablement permis aux criminels de blanchir des dizaines de millions de dollars

Le , par Mathis Lucas

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Une nouvelle affaire judiciaire illustre une fois de plus comment les bourses de cryptomonnaies font preuve de négligence en matière de sécurité et permettent les crimes de toutes sortes. Pour sa part, le propriétaire de la bourse américaine de cryptomonnaies Bitcoins4Less a tout bonnement ignoré les lois fédérales relatives à la lutte contre le blanchiment de capitaux. Il a admis n'avoir intégré aucune mesure de protection contre le blanchiment d'argent sur sa plateforme, permettant probablement à des escrocs et à des trafiquants de drogue de blanchir des millions de dollars par l'intermédiaire de son service. Il risque jusqu'à 5 ans de prison fédérale et 250 000 dollars d'amendes.

L'affaire concerne Charles James Randol, un homme de 33 ans résidant à Santa Monica, à Los Angeles, en Californie. Il est accusé d'avoir aidé des criminels à blanchir de l'argent par le biais de sa société d'échange de cryptomonnaies et d'espèces. Selon le ministère américain de la Justice (DOJ), Randol a accepté de plaider coupable de ne pas avoir maintenu un programme efficace de lutte contre le blanchiment d'argent (AML) dans son entreprise. Ce qui représente une violation de la loi fédérale relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux. Un communiqué du bureau du procureur des États-Unis indique qu'un accord serait finalisé dans les semaines à venir.

Selon la description des faits, la société de Randol, Digital Coin Strategies LLC, proposait d'échanger des cryptomonnaies telles que le bitcoin contre de l'argent liquide ou vice versa, moyennant une commission. Elle permettait à des clients anonymes d'effectuer des transactions en personne, contrôlait un réseau de kiosques automatisés et effectuait des transactions en bitcoins contre de l'argent liquide pour des gens inconnus qui lui envoyaient par la poste de grandes quantités de devises américaines. Par exemple, la société de Randol ne s'est pas tracassée pour connaître la véritable identité de la personne se cachant derrière un pseudonyme comme "Yogurt Monster".


Randol est accusé d'avoir effectué des transactions en personne avec des personnes qu'il ne connaissait que par des pseudos Internet tels que "Puppet Shariff", "White Jetta", "Aaavvv", "Aaaa", "Yogurt Monster" et "Hood". Ces transactions dépassaient souvent les 10 000 dollars. En outre, Randol a admis trois transactions en personne entre octobre 2020 et janvier 2021, au cours desquelles il a donné à un agent du FBI sous couverture un total de 273 940 $ en espèces pour des bitcoins, et a gardé une commission de quatre pour cent. Selon l'accord de plaidoyer, Randol n'a pas demandé de preuve confirmant que son client était bien un argent du FBI.

L'accord renseigne : « Randol n'a pas demandé de nom, de preuve d'identité, de numéro de sécurité sociale ou toute autre information sur [l'agent d'infiltration] ou la source des fonds échangés », indique l'accord de plaidoyer. En ce qui concerne ses activités par courrier postal, les documents du tribunal indiquent ce qui suit : « lorsque l'accusé recevait les colis, l'argent était souvent emballé de manière suspecte. Il pouvait être à l'intérieur de livres pour enfants cachés, dissimulé dans de faux cadeaux d'anniversaire ou de vacances, enfouis dans des pièces de puzzle ou enveloppé dans de multiples magazines ». Randol n'ignorait pas l'illégalité de telles actions.

Randol fait partie des personnes possédant des entités qui participent activement au blanchiment d'argent dans la sphère des cryptomonnaies. Selon le dernier rapport annuel de Chainalysis sur le blanchiment de capitaux, environ 23,8 milliards de dollars en cryptomonnaies ont été envoyés par des adresses illicites en 2022, soit une hausse de près de 68 % par rapport à l’année précédente. La société de recherche a indiqué dans le document que les bourses centralisées traditionnelles étaient les principaux destinataires de la majorité des cryptomonnaies illicites et que près de 40 % des fonds illégaux transitaient par des services intermédiaires.

Ces services étant composés principalement de mixeurs, de services clandestins et de protocoles DeFi. Plus précisément, le rapport de Chainalysis, publié en janvier 2023, révèle que 915 rampes d’accès de monnaie fiduciaire ont reçu des cryptomonnaies illicites en 2022, contre 1 124 en 2021, soit le plus faible nombre observé depuis 2012. Environ 67,9 % des encaissements illicites reçus par les bourses de cryptomonnaies durant cette période ont alors été gérés par seulement cinq bourses centralisées, contre 56,7 % en 2021, indiquant ainsi une plus grande concentration des échanges permettant de blanchir de l’argent.

Les agents du FBI ont interrogé Randol sur les produits de la fraude qui avaient été envoyés à ses boîtes postales en juin 2019. Deux jours plus tard, Randol a dit à un client qu'il faisait une "pause" dans la conversion des colis remplis d'espèces en cryptomonnaies parce qu'il avait rencontré un problème avec les autorités fédérales. Peu de temps après, cependant, Randol a accepté d'échanger 10 000 dollars en espèces contre des bitcoins pour ce même client anonyme. Les procureurs ont déclaré que le service de Randol était utilisé pour aider les escrocs à voler les victimes. Ils ont cité des cas où des innocents ont été lésés par le comportement de Randol.

« Par exemple, entre juin 2018 et début 2020, Randol a échangé des bitcoins contre de l'argent liquide qui lui a été envoyé par un résident du New Jersey qui avait été trompé en croyant que son petit-fils faisait l'objet de poursuites pénales après avoir prétendument tué une femme âgée dans un accident routier et que l'argent que la victime envoyait serait utilisé pour aider le petit-fils de la victime à résoudre ses problèmes juridiques. Et sur la base de ces mensonges, la victime a vidé ses comptes d'épargne et de retraite », rapportent les enquêteurs du DOJ. Randol s'est chargé de convertir l'espèce en bitcoins et les envoyés à des clients inconnus.

Le DOJ souligne que : « bien que Randol n'ait pas participé à la fraude, son entreprise a converti l'argent liquide de la victime en cryptomonnaie et l'a envoyé à divers portefeuilles numériques sans faire preuve de diligence raisonnable à l'égard du client ni enquêter sur la source de l'argent qu'il recevait ». L'activité de kiosque a été utilisée de manière inappropriée, Randol permettant aux clients d'effectuer des transactions sans créer de compte ni fournir d'identification. Randol a continué à agir de la sorte même après avoir engagé un responsable de la conformité, qui l'a mis en garde contre le risque que l'entreprise reçoive des fonds illégaux.

Mais Randol finira toutefois par être épinglé par les régulateurs. En effet, Randol a faussement prétendu que son entreprise était en parfaite conformité avec les règles sur les services monétaires. Selon l'accord, il faisait de la publicité pour ses services sur son site Web et sur des sites tiers tels que "localbitcoins.com" qui présentaient faussement Digital Coin Strategies comme une société de services monétaires enregistrée auprès du FinCEN. Le FinCEN (Financial Crimes Enforcement Network) est l'organisme américain de réglementation qui veille à ce que les sociétés de transfert de fonds respectent la loi sur le secret bancaire (Bank Secrecy Act).

Cette loi fédérale exige que ces entreprises élaborent et maintiennent un programme de lutte contre le blanchiment d'argent, qu'elles déposent des rapports pour les échanges de devises supérieurs à 10 000 dollars, qu'elles fassent preuve de diligence raisonnable à l'égard de leurs clients et qu'elles déposent des rapports sur les activités suspectes afin d'empêcher le blanchiment d'argent et d'autres délits financiers. Mais comme il l'a admis lui-même, Randol n'a pas recueilli les informations appropriées sur ses clients, n'a pas établi des rapports sur les transactions et n'a pas notifié au gouvernement les transactions suspectes répétées.

« Randol a violé à plusieurs reprises la loi fédérale et les propres politiques de lutte contre le blanchiment d'argent de son entreprise en facilitant des opérations de change suspectes et en prenant des mesures pour les dissimuler aux forces de l'ordre, notamment en omettant de remplir les rapports requis sur les opérations de change et les rapports sur les activités suspectes », note le DOJ. Comme souligné plus haut, Randol a bien embauché un responsable de la conformité en septembre 2020, mais il n'a pas tenu compte de son conseil de ne plus utiliser les comptes étiquetés "test" pour les transactions des clients sur les kiosques à bitcoins.

Cette personne a également averti Randol que ses transactions en personne augmentaient le risque d'infraction à la loi, mais Randol n'a pas non plus tenu compte de ce conseil. Bien que l'accord de plaidoyer ait été déposé mardi, Randol plaidera formellement coupable de l'accusation devant le tribunal au cours des prochaines semaines. Randol risque une peine maximale de cinq ans de prison fédérale et trois ans de liberté surveillée, ainsi qu'une amende pouvant aller jusqu'à 250 000 dollars ou deux fois le montant total des recettes illicites provenant des escroqueries, le montant le plus élevé étant retenu.

Source : le ministère américain de la Justice

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Les cryptomonnaies peuvent-elles se passer des lois sur la finance traditionnelle ?
Les cryptomonnaies permettent-elles de lutter contre le blanchiment d'argent ?

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