De nos jours, la Chine est reconnue comme leader mondial en matière d’adoption des technologies de reconnaissance faciale. Les autorités s’en servent pour une panoplie d’usages. Le système chinois de reconnaissance faciale enregistre presque tous les citoyens du pays, grâce à un vaste réseau de caméras réparties dans tout le pays. Des rues remplies de caméras aux applications qui nécessitent une identification biométrique, l'utilisation de la reconnaissance faciale s'est développée en Chine, mais une nouvelle enquête menée par un média d'État indique que les résidents chinois sont sceptiques quant à l'utilisation de cette technologie dans les espaces publics.
Une récente enquête de 1 515 résidents chinois anonymes, menée par le groupe de réflexion de Beijing News, a constaté que 87,46 % des personnes interrogées s'opposent à l'utilisation de la technologie de reconnaissance faciale dans les zones commerciales. Et 68,64 % pensent que la reconnaissance faciale ne devrait pas être utilisée pour accéder aux zones résidentielles, tandis que la désapprobation de son utilisation dans des endroits comme les hôpitaux, les écoles et les bureaux se situe entre 43 et 52 %.
Pour certains analystes, le projet de Laurent Wauquiez est un pur projet de Technopolice, dangereux et illégal, que l’assemblée plénière du conseil régional se doit de rejeter. Laurent Wauquiez présentera un projet qu’il entend bien faire voter. Au programme, notamment :
- « accompagner, dans les trains régionaux et les gares à titre expérimental, un premier dispositif de reconnaissance faciale, uniquement accessible aux autorités compétentes » ;
- « déployer la vidéoprotection à l’intérieur des cars scolaires et interurbains » ;
- « poursuivre l’équipement en caméras de vidéoprotection en temps réel des trains régionaux » ;
- « renforcer le bouclier “vidéoprotection” avec 10 000 caméras supplémentaires et en l’étendant à la vidéoprotection intelligente ainsi qu’à l’expérimentation de systèmes innovants ».
Dans le document qui présente le projet, Laurent Wauquiez revient ainsi sur sa politique de sécurité des dernières années : déploiement massif de caméras dans les gares, les trains et les lycées, financement de la vidéosurveillance en temps réel… Selon lui, cela ne suffit toujours pas : il faut surveiller encore plus et « intégrer de nouveaux espaces », comme les « stationnements des vélos, certains ascenseurs, passages souterrains, passerelles », sans oublier « l’ensemble des transports scolaires ».
Laurent Wauquiez n’est pas le seul avec de tels projets. Il rejoint Christian Estrosi qui désire mettre des projecteurs de lumière ultra-puissants dans la ville qui se déclencheraient en cas d’attroupements : « comme si l’ombre était liée à la criminalité », indique un analyste.
En 2020, la technologie de reconnaissance faciale a été mise en œuvre à titre expérimental au Royaume-Uni, à la fois à Londres par le Met (Metropolitan Police Service) et dans le Pays de Galles par la police du pays. Mais une Cour d'appel a statué mardi que l'utilisation par la police de la technologie de reconnaissance faciale dans le Pays de Galles présente des « lacunes fondamentales » et viole plusieurs lois. Cette décision qui venait au terme d’une procédure très suivie par les opposants à la reconnaissance faciale, fut reçue comme une grande victoire pour les défenseurs de la vie privée au Royaume-Uni.
L'organisation de défense des droits de l'homme Liberty a revendiqué une victoire en Grande-Bretagne après la décision d’un tribunal indiquant que les essais de la police concernant la technologie de reconnaissance faciale enfreignaient les lois sur la vie privée. La Cour d'appel avait statué que l'utilisation de systèmes de reconnaissance faciale automatique avait injustement porté atteinte au droit à la vie privée du plaignant nommé Ed Bridges. Les juges avaient ajouté qu'il y avait des problèmes concernant la manière dont les données personnelles étaient traitées, et ont déclaré que les essais devraient être arrêtés pour le moment.
Laurent Wauquiez veut : « reconstituer rapidement a posteriori le parcours de délinquants ou criminels dans les trains régionaux ». Pour les réticents à ce projet, « de tels dispositifs seraient illégaux, car ils ne remplissent en aucun cas les critères posés par la loi française ou le droit européen, ils n’obéissent nullement à une ‘’nécessité absolue’’ et ne sont encadrés par aucun texte spécifique », explique certains.
La reconnaissance faciale serait la technologie parfaite pour la tyrannie
« La reconnaissance faciale est une forme de surveillance particulièrement dangereuse. Ce n'est pas seulement une technologie Orwellienne du futur – elle est utilisée par les forces de l'ordre dans tout le pays en ce moment, et elle fait du mal aux communautés en ce moment », a déclaré dans un communiqué Evan Greer, directeur adjoint de Fight for the Future, un groupe de droits numériques qui a demandé l'interdiction de l'utilisation de la reconnaissance faciale par les forces de l'ordre.
« La reconnaissance faciale est la technologie parfaite pour la tyrannie. Elle automatise les opérations de police discriminatoires et exacerbe les injustices existantes dans notre système de justice pénale profondément raciste. Cette législation interdit effectivement l'utilisation de la reconnaissance faciale par les forces de l'ordre aux États-Unis. C'est exactement ce dont nous avons besoin en ce moment. Nous soutenons pleinement ce projet de loi », a ajouté Greer.
Au cours de l'année dernière, une poignée de gouvernements locaux et municipalité ont également interdit l'utilisation de cette technologie. La Californie, le New Hampshire et l'Oregon ont tous interdit l'utilisation de la reconnaissance faciale dans les caméras de surveillance du corps de la police, et les villes d’Oakland et de San Francisco ont interdit son utilisation par les agences municipales.
Cependant, de plus en plus de pays suivent la Chine sur cette voie (l’utilisation de la reconnaissance faciale). Selon un rapport de la Fondation Carnegie pour la paix internationale (une organisation non gouvernementale ainsi qu'un cercle de réflexion et d'influence globale dédiée au développement de la coopération interétatique et à la promotion des intérêts des États-Unis sur la scène internationale), au moins 75 pays utilisent de façon active des outils d'intelligence artificielle tels que la reconnaissance faciale pour la surveillance de masse.
Dans le cas de la France, la reconnaissance faciale en temps réel n’est toujours pas autorisée. De nombreuses expérimentations ont pourtant déjà lieu, et des sociétés se positionnent, avec dans leur viseur les Jeux olympiques de Paris en 2024.
Et vous ?
Que pensez-vous de la technologie de reconnaissance faciale ?
Quel est votre avis sur ce projet de loi de Laurent Wauquiez ?
Êtes-vous d’accord avec ceux qui pensent que ce n’est qu’une question de temps avant que le modèle chinois de surveillance des réseaux ne s’applique aux démocraties du monde ?
Voir aussi :
La reconnaissance faciale utilisée en Chine pour tout, de la collecte des déchets à la distribution de rouleaux de papier toilette, d'après une enquête, les citoyens sont de plus en plus préoccupés
L'utilisation de la reconnaissance faciale par la police viole les droits de l'homme, selon un tribunal britannique, cependant, la Cour n'a pas complètement interdit l'utilisation de la technologie
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Le Congrès américain présente un projet de loi visant à interdire aux agences fédérales d'utiliser la reconnaissance faciale, emboîtant ainsi le pas à des États qui ont déjà adopté une loi similaire