Sony aurait activement œuvré pour éliminer la concurrence
La question de monopole dans les différentes filières de la Tech est devenue plus importante que jamais au cours de ces cinq dernières années. Steam, Apple, Google et Facebook ont tous dernièrement fait face à des actions en justice alléguant qu'ils exercent un pouvoir de monopole sur Valve, l'App Store, le Play Store, le marché des moteurs de recherche et les réseaux sociaux. Accusé de pratiquer des prix "déraisonnables" avec sa boutique PlayStation Store, le japonais Sony rejoint le lot. Les plaignants estiment que le contrôle monopolistique de Sony sur le PlayStation Store conduit à des "prix supraconcurrentiels" pour les jeux PlayStation numériques.
En effet, Microsoft et Nintendo gèrent également des vitrines numériques qui constituent le seul moyen légitime de télécharger des logiciels sur les plateformes Xbox et Switch. Mais en 2019, Sony serait devenu le seul fabricant de consoles à ne plus autoriser la vente de codes de jeux numériques par l'intermédiaire de détaillants en brique et mortier et en ligne. Ce faisant, la poursuite allègue que « Sony avait spécifiquement l'intention d'éliminer et a éliminé la concurrence par les prix des autres détaillants de jeux vidéo numériques », en limitant les joueurs à une seule source pour l'achat de tout contenu numérique PlayStation.
Sony les forcerait ensuite à payer un prix plus élevé pour les jeux PlayStation numériques qu'ils ne le feraient dans un marché de détail concurrentiel libre et sans restriction. L'action en justice suggère que lorsque les codes de téléchargement sont disponibles auprès de détaillants extérieurs, ces derniers se font concurrence entre eux et avec les magasins installés sur la console pour offrir le meilleur prix. Elle tente également de faire valoir que, dans un marché numérique réellement concurrentiel, les prix des jeux téléchargeables chez les détaillants seraient encore moins cher que ces disques.
« Il n'y a aucune raison légitime pour que les jeux numériques soient plus chers que leurs homologues physiques », dénoncent les plaignants. « En fait, compte tenu des coûts économisés sur l'emballage et la distribution, les prix des jeux numériques sur un marché réellement concurrentiel seraient probablement inférieurs à ceux des jeux sur disque », ont-ils suggéré.
De plus, la plainte estime qu'une augmentation du prix des jeux PlayStation numériques n'incitera pas un nombre significatif de consommateurs à acheter des copies physiques de jeux PlayStation à la place. Selon cet argument, les jeux physiques moins chers ne semblent pas être une bonne preuve que les versions numériques de ces jeux, contrôlées par Sony, sont nécessairement trop chères.
Sony fixerait le prix des jeux à la place des développeurs
Par ailleurs, la plainte note qu'une autre différence entre les consoles PlayStation et les autres est que les éditeurs de jeux PlayStation doivent céder à Sony le contrôle total du prix de détail. La plainte cite un accord de développeur et d'éditeur PlayStation Global déposé auprès de la SEC qui stipule que : « les filiales locales de Sony Interactive Entertainment ont le droit unique et exclusif de fixer le prix de détail aux utilisateurs pour les produits livrés numériquement vendus ou rendus disponibles à l'achat sur ou via PSN dans son territoire et de modifier le prix de détail de tout produit livré numériquement à tout moment sans préavis à l'éditeur ».
Ceci est en contraste avec Microsoft et Nintendo, qui « permettent aux développeurs qui vendent des jeux sur leurs plateformes de fixer le prix de détail ». Toutefois, l'on ne sait pas exactement à quelle fréquence Sony utilise cette clause pour imposer des changements de prix sur les jeux numériques PlayStation ni dans quelle mesure les prix "imposés" par Sony sont différents de ceux recommandés par les éditeurs. Néanmoins, la plainte allègue que "Sony a empêché la concurrence par les prix entre les éditeurs de jeux vidéo dans une large mesure.
Sony aurait fait en sort qu'ils ne peuvent plus mettre en œuvre une stratégie consistant à proposer des prix de détail plus bas pour obtenir une part plus importante des ventes. L'on estime que le japonais a intérêt à maintenir les prix des jeux numériques à un niveau élevé, car la société supporte les coûts marginaux de chaque téléchargement de jeu (tels que les frais de bande passante). En revanche, si les éditeurs contrôlaient directement les prix des jeux numériques PlayStation, ils maximiseraient leurs profits à un prix plus bas, mais avec un volume de ventes plus important, par rapport à Sony.
Le résultat final serait une réduction de la production et de l'offre de jeux vidéo PlayStation, car une baisse des prix entraînerait à la fois une augmentation de la demande et une augmentation de l'offre pour répondre à cette demande. La poursuite propose que toute personne qui a acheté un jeu téléchargeable sur une console PlayStation depuis avril 2019 puisse être partie à ce procès, et elle demande le mélange habituel de réparation monétaire et injonctive pour fixer la "conduite anticoncurrentielle" et la "monopolisation illégale du marché pertinent" de Sony."
Source : Plainte contre Sony
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