Un grand jury du comté de Maricopa a accusé une conductrice de secours d’Uber d'homicide par négligence dans un accident survenu le 18 mars 2018 à Tempe qui a tué une femme, selon l’acte d’accusation. Selon la vidéo enregistrée par une caméra interne de la voiture Uber, Rafaela Vasquez, une femme de 46 ans, avait regardé dans la direction de ses genoux à plusieurs reprises dans les secondes qui ont précédé l'accident du SUV Volvo, en mode autonome, qui a frappé et tué Elaine Herzberg, âgée de 49 ans. L’année dernière, les procureurs ont décidé de ne pas inculper Uber au pénal.
L'accident s'est produit après la tombée de la nuit sur un tronçon bien éclairé de Mill Avenue. Elaine Herzberg traversait la route à plusieurs voies avec son vélo lorsque le SUV d'Uber l'a heurtée à une vitesse de 38 miles par heure (61 km/h). Les autorités ont découvert que Vasquez avait regardé sur son téléphone une émission de télé-réalité appelée The Voice juste avant l'accident.
Vasquez est accusé d'homicide par négligence, une accusation similaire à celle d'homicide involontaire qui entraîne une peine recommandée de 2,5 ans. Cependant, le grand jury a également estimé que le crime a été commis avec un "instrument dangereux", à savoir la voiture. Lorsque l'homicide par négligence est commis avec une arme ou un instrument dangereux, la peine recommandée passe à six ans.
Le bureau du procureur du comté de Maricopa, Allister Adel, a déclaré mardi que Rafaela Vasquez a été inculpée le 27 août dans l'accident de 2018 à Tempe. Vasquez a plaidé non coupable mardi dernier lors d'une audience de mise en accusation. Elle a été libérée avec un dispositif de surveillance à la cheville en attendant son procès.
« La distraction au volant est un problème de grande importance dans notre communauté », a déclaré un avocat du comté de Maricopa dans un communiqué de presse. « Lorsqu'un conducteur prend le volant d'une voiture, il a la responsabilité de contrôler et d'utiliser ce véhicule en toute sécurité et dans le respect de la loi ».
Selon un rapport préliminaire du NTSB, l’agence du gouvernement des États-Unis chargée de la sécurité du transport, le logiciel de la voiture a détecté Herzberg plus de cinq secondes avant l’accident, mais ne l’a pas identifiée comme un piéton avec un vélo traversant la rue loin d’un passage pour piétons. Mais les signes des problèmes de sécurité d'Uber étaient évidents pour les insiders de l'entreprise avant même l'accident. Et au moins un manager d'Uber a tenté de sonner l'alarme le 13 mars, quelques jours avant la mort d'Herzberg.
En effet, un ingénieur démissionnaire d'Uber - Robbie Miller qui a travaillé pour le programme de voitures autonomes de Google jusqu'en 2016 - avait envoyé un e-mail cinglant (dont The Information a eu copie) au responsable du programme de conduite autonome quelques jours avant la mort de Herzberg. « Une voiture a été endommagée presque tous les deux jours en février », a écrit Miller. « Nous ne devrions pas frapper des choses tous les 15 000 miles ».
Miller a évoqué un incident survenu la semaine précédente (neuf jours avant la mort de Herzberg), lorsqu'un véhicule de test Uber « a roulé sur le trottoir sur plusieurs mètres ». « A Waymo, je n'aurais pas été surpris que toute la flotte soit immédiatement immobilisée pendant des semaines ou plus si un véhicule présentait le même comportement », a écrit Miller. Au lieu de cela, a-t-il rapporté, l'incident « a été essentiellement ignoré » jusqu'à ce que Miller le porte à l'attention de la direction.
Mais Uber a échappé à la responsabilité pénale pour l'accident. « Après un examen très approfondi de toutes les preuves présentées, ce bureau a déterminé qu'il n'y a aucune base de responsabilité pénale pour la société Uber », a écrit en mars 2019 le bureau du procureur du comté de Yavapai dans une lettre au procureur du comté de Maricopa dans lequel se trouve la ville de Tempe . Uber a conclu un accord rapide avec les héritiers de Herzberg.
Malgré des facteurs qui impliquent Uber dans l’accident, comment convaincre un jury qu'Uber était en faute alors que le chauffeur avait essentiellement abandonné toute attention pour regarder son émission préférée.
De nombreux facteurs ont conduit à cette tragédie, selon le rapport du NTSB
En 2018, un rapport préliminaire a révélé que le véhicule n'avait pas serré ses freins avant de heurter Herzberg. Uber avait déconnecté le système d'évitement des collisions installé en usine sur la Volvo. Bien que le système autonome du véhicule Uber ait détecté Herzberg avant l'impact, le véhicule - et Uber - comptaient sur Vasquez pour prendre des mesures nécessaires en cas d'urgence. L’agence a conclu que la désactivation par Uber de ce système de freinage d'urgence a augmenté les risques associés aux essais de véhicules autonomes sur la voie publique.
Le système de conduite autonome d’Uber a détecté Herzberg 5,6 secondes avant l'accident. Mais il n'a pas réussi à déterminer si elle était un cycliste, une piétonne ou un objet inconnu, ou si elle se dirigeait vers la trajectoire du véhicule, a indiqué l’agence.
« Si le conducteur du véhicule avait été attentif, elle aurait probablement eu suffisamment de temps pour détecter le piéton qui traversait et réagir pour éviter l'accident ou atténuer l'impact », a indiqué le rapport final du NTSB en novembre 2019. « La distraction visuelle prolongée de la conductrice, un effet typique de la complaisance de l'automatisation, l'a empêchée de détecter le piéton à temps pour éviter la collision ».
D’autres facteurs qui ont contribué à l’accident cités par l’agence comprenaient les procédures de sécurité inadéquates d'Uber et la surveillance inefficace de ses conducteurs, la décision de Herzberg de traverser la rue à l'extérieur d'un passage pour piétons, et la surveillance insuffisante du ministère des Transports de l'Arizona concernant les tests de conduite autonome des véhicules. Il faut noter aussi que la nuit de l'accident, la conductrice a nié aux enquêteurs qu'elle regardait son téléphone à ce moment-là.
Ce tout premier accident mortel d’Uber a eu des répercussions dans toute l'industrie automobile et dans la Silicon Valley et a forcé d'autres entreprises à ralentir ce qui avait été une marche rapide vers des services autonomes de covoiturage sur les routes publiques. Uber a retiré ses voitures à conduite autonome de l'Arizona la veille de la publication par le NTSB de son rapport préliminaire sur l'accident, et suite à une interdiction du gouverneur de l’Arizona Doug Ducey après l'écrasement de Herzberg.
Neuf mois après l'accident, Uber a finalement repris les essais à une échelle beaucoup plus réduite à Pittsburgh. Espérons qu’Uber a travaillé à mettre en place des mesures nécessaires pour que les pilotes de secours ne soient plus distraits alors que les véhicules sont en marche.
Sources : Acte d’accusation, Grand Jury
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Le véhicule autonome Uber n’a pas reconnu la piétonne pour freiner seul. Qu’en pensez-vous ?
Uber n’a pas été inculpé au pénal dans l’affaire. Qu’en pensez-vous ?
Voir aussi :
La responsabilité pénale d'Uber n'est pas engagée dans la mort de la femme fauchée par l'un de ses véhicules autonomes, selon une décision de justice
Accident Uber : le NTSB reproche à l'entreprise de ne pas accorder suffisamment d'attention à la sécurité, mais évoque également la conductrice distraite
Accident Uber : l'opérateur à bord du véhicule suivait une émission TV sur son portable, la collision était entièrement évitable, selon la police
Accident Uber : les capteurs du véhicule étaient fonctionnels, mais il y avait un problème logiciel, d'après l'enquête préliminaire du NTSB
Une conductrice de secours d'Uber inculpée dans un accident de conduite autonome de 2018 qui a tué une femme,
Pour avoir été distraite dans les moments précédant l'accident mortel
Une conductrice de secours d'Uber inculpée dans un accident de conduite autonome de 2018 qui a tué une femme,
Pour avoir été distraite dans les moments précédant l'accident mortel
Le , par Stan Adkens
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