Le 24 juin, le département américain de la Justice a renforcé ses accusations contre Julian Assange. Le fondateur de WikiLeaks est emprisonné au Royaume-Uni depuis avril 2019 où il attend la décision de la justice britannique sur la question de son extradition aux États-Unis. Les nouveaux éléments à charge contre lui indiquent qu’il aurait recruté des hackers pour accéder à des systèmes informatiques, dont celui d’un pays de l’OTAN en 2010. Ses avocats affirment que la procédure est basée sur des « mensonges ». De son côté, WikiLeaks a indiqué dans un tweet que ces nouvelles allégations constituaient « une nouvelle tentative pathétique du département de la Justice pour tromper le public ».
Collaboration avec des membres d’Anonymous, LulzSec et Gnosis
« Le nouvel acte d'accusation n'ajoute pas de chefs d'accusation supplémentaires à l'ancien acte d'accusation de 18 chefs d'accusation qui avait été rendu contre Assange en mai 2019. Il élargit cependant la portée de la conspiration entourant les prétendues intrusions informatiques dont Assange était précédemment accusé. Selon le document d'accusation, Assange et d'autres personnes de WikiLeaks ont recruté et convenu avec des pirates informatiques de commettre des intrusions informatiques au profit de WikiLeaks », déclare le département américain de la Justice.
Le nouveau document stipule notamment qu’en 2010, le fondateur de WikiLeaks aurait demandé à un jeune hacker de 17 ans, résidant dans un État membre de l’OTAN, de procéder à des intrusions dans le système informatique du gouvernement de son pays et d’obtenir des enregistrements de conversations téléphoniques entre des hauts fonctionnaires, y compris les membres du Parlement. Ensuite, Assange a chargé le hacker d’exploiter, d’administrer et de surveiller le canal de discussion du relais Internet de WikiLeaks.
Vers la fin de l’année 2010, une hacker affiliée à Anonymous du nom de Laurelai, qui s’est identifiée comme membre du groupe Gnosis, a contacté le jeune pirate. Celui-ci a alors dit qu’il était « en charge des recrutements » pour WikiLeaks. Laurelai a ensuite présenté le jeune hacker à Kayla, un pilier de Gnosis. Kayla et Laurelai auraient affirmé qu’elles étaient prêtes à commettre des intrusions informatiques pour le compte de WikiLeaks. En mars 2011, Laurelai a donné à WikiLeaks des failles zero day non publiées, qui peuvent être utilisées pour pirater des systèmes informatiques. Elle a également envoyé une liste d’environ 200 comptes e-mail prétendument utilisés par le gouvernement US, y compris des mots de passe de spécialistes des technologies de l’information dans des institutions gouvernementales.
En mai 2011, des membres d’Anonymous, dont ceux qui ont participé à l’ « Operation Payback », ont décidé de créer le groupe LulzSec. Ce dernier s’est organisé autour de Sabu, de son vrai nom Hector Xavier Monsegur, arrêté un mois plus tard à New York. Les membres du groupe ont piraté les ordinateurs de plusieurs sociétés audiovisuelles et publié les mots de passe utilisés par ses journalistes, affiliés et employés, en représailles à la couverture médiatique négative dont WikiLeaks faisait l’objet. Le groupe s’est également vanté d’avoir mené une attaque DdoS visant le site web public de la CIA.
Julian Assange risque jusqu'à 175 ans de prison
« Un acte d'accusation contient des allégations selon lesquelles un accusé a commis un crime. Assange est présumé innocent à moins que et jusqu'à ce que sa culpabilité soit établie hors de tout doute raisonnable », explique le département de la justice. S’il est reconnu coupable, il encourt donc une peine de 10 ans pour chaque chef d’accusation, sauf pour l’accusation d’intrusion informatique dont le plafond est de 5 ans, soit 175 ans au total. « Les peines réelles pour les crimes fédéraux sont généralement inférieures aux peines maximales. Un juge du tribunal fédéral de district déterminera toute peine après avoir pris en compte les directives américaines en matière de peines et d'autres facteurs légaux », ajoute la juridiction.
Par ailleurs, la justice britannique a reporté l’examen de la demande d’extradition du lanceur d’alerte au 7 septembre, à cause de la crise du Covid-19. Ses avocats avaient demandé une libération sous caution à cause de son état de santé des risques liés à la pandémie. Mais la juge Vanessa Baraitser a refusé la demande, au moins jusqu’au 29 juin, date de la prochaine audience administrative.
Source : Département américain de la Justice, WikiLeaks
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Le , par Axel Lecomte
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