Depuis le jeudi 16 avril, les six entrepôts logistiques d’Amazon en France sont fermés. La décision du géant du commerce en ligne fait suite à une autre de justice qui condamne les mesures de protection des employés insuffisantes au regard de la pandémie...
Un grief qui revient à l’endroit du géant du commerce en ligne en pleine pandémie de Covid-19
C’est une action syndicale initiée au motif de ce qu’Amazon a failli à implémenter les mesures nécessaires à la protection des employés contre l’épidémie de coronavirus qui a conduit à la décision du tribunal judiciaire de Nanterre. Amazon s’était défendu en soulignant avoir distribué sur ses sites « plus de 127 000 paquets de lingettes désinfectantes, plus de 27 000 litres de gel hydroalcoolique, ainsi que plus de 1,5 million de masques » et avoir « mis en place des contrôles de température et des mesures de distanciation sociale. » Toutefois, le cas d’Amazon France n’est pas isolé. Emily Cunningham fait partie de ces employés que le géant du commerce en ligne a licenciés il y a peu. Son compte Twitter est révélateur de la raison pour laquelle l’entreprise a pris cette décision à son endroit : elle s’est positionnée en dénonciatrice des conditions de travail dangereuses dans les entrepôts en raison de l’épidémie de coronavirus.
Une récente publication du Washington Post fait état de plusieurs autres cas de licenciement similaires au sien, ce, pour le même motif. « Nous soutenons le droit de chaque employé de critiquer les conditions de travail de son employeur, mais cela ne s'accompagne pas d'une immunité totale contre toutes les politiques internes », rapporte le Washington Post des propos d’un responsable d’Amazon. La politique de communication d'Amazon interdit aux employés de faire des commentaires publics sur ses activités sans l’approbation des dirigeants.
Amazon France toujours en activité, mais au ralenti
Les six entrepôts d’Amazon en France sont fermés pour une durée indéterminée. C’est ce que confirme une récente publication de Reuters qui rapporte des propos du CEO Frederic Duval : « Amazon ignore à quel moment la réouverture de ses entrepôts en France aura lieu. » À date, l’entreprise se limite « aux seules activités de réception des marchandises, de préparation et d’expédition des commandes de produits alimentaires, d’hygiène et médicaux, sous astreinte d’un million d’euros par jour de retard et par infraction constatée » par les autorités françaises. Toutefois, elle entend contourner la décision de la justice française en mettant à contribution ses entrepôts situés dans les pays voisins.
Si donc les choses semblent aller au ralenti pour Amazon France, il semble que l’entreprise se porte plutôt bien à l’échelle globale en cette période de pandémie. Alors que ses pairs du monde entier se débattent avec des flux de trésorerie toujours faibles, Amazon connaît un autre type de problème : la demande de produits de première nécessité et d’autres classés dans d’autres catégories connaît une escalade, car les acheteurs évitent de se rendre dans les magasins locaux et autres points d’approvisionnement physiques. En pleine pandémie de coronavirus, le chiffre d’affaires mondial de l’entreprise serait de 11 000 dollars par seconde.
C’est à tel point que l’entreprise croule sous les commandes. Elle met donc en œuvre des stratagèmes pour garder le contrôle sur le flux. Désormais, elle avertit avec insistance sur la possibilité de retards de livraison, dépriorise les livraisons des marchandises non essentielles et limite la livraison d’épices aux clients existants. Les moyens informatiques mis à contribution ne sont pas en reste. Sur le site web de l’entreprise, l’heure est à l’affichage d’une bannière qui rappelle que la priorité va à la livraison de produits liés à la lutte contre le coronavirus.
Grosso modo, c’est une subtile refonte de l’interface utilisateur de la plateforme afin de supprimer les recommandations, de réduire les promotions par coupon, ce, pour inciter les visiteurs à ne pas remplir leur panier avec des biens physiques qu'ils pourraient autrement acheter de manière impulsive. Désormais, bon nombre de modules suggérés sur les pages où l’on retrouvait certains articles sont liés à la réponse de l’entreprise au Covid-19. En sus, on peut remarquer une promotion plus importante des biens et services numériques.
C’est des mesures qui, logiquement, ne devraient durer que le temps que la pandémie se tasse. D’après ce que rapporte le Wall Street Journal, Amazon pourrait avoir besoin de plus de deux mois à compter de maintenant pour pouvoir retrouver ses habitudes prépandémiques.
Sources : Reuters, WP, WSJ
Et vous ?
Est-ce du cynisme de la part d’Amazon que d’opter pour la fermeture de ses entrepôts en France pour s’appuyer sur ceux des pays voisins ?
La justice française s’acharnerait-elle à tort sur Amazon ?
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Le , par Patrick Ruiz
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