
Et ordinateurs livrés sans applis conçues par des locaux
Alors que le mois de novembre 2019 tirait à son terme, la Douma ou chambre basse du Parlement russe a adopté en troisième et dernière lecture un projet de loi qui impose l'installation obligatoire de logiciels conçus par des entreprises locales sur les appareils électroniques vendus en Russie.
Le projet de loi ne veut pas dire « plus d’applications conçues par des entreprises étrangères », mais que les applications conçues par des locaux doivent être proposées en même temps que celles d’entreprises étrangères. Téléphones intelligents, ordinateurs et téléviseurs connectés font partie des appareils que la note explicative adossée au projet de loi mentionne comme ceux sur lesquels les logiciels mis sur pied par des entreprises locales doivent être installés. Seuls les appareils qui n'exécutent pas un système d'exploitation complexe ou un logiciel personnalisé devraient échapper à la nouvelle mesure.
Le projet de loi vise à protéger les intérêts des entreprises russes de l'Internet et à réduire le nombre d'abus par les grandes entreprises étrangères du domaine des technologies de l'information. Il fournit aux entreprises nationales des mécanismes juridiques pour promouvoir leurs propres applications auprès des utilisateurs russes. Le projet de loi prévoit des sanctions et les fournisseurs d’équipements qui ne s’y conformeront pas seront passibles d'amendes allant jusqu'à 200 000 roubles (environ 3100 dollars) et d'une interdiction éventuelle à la suite d'infractions répétées.
Le texte est passé de projet à loi début décembre 2019 après promulgation par le président russe Vladimir Poutine. La loi entre en vigueur le 1er juillet 2020 en tant qu’amendement du texte relatif aux droits des consommateurs. Seulement, la future entrée en vigueur de la loi divise. En effet, l’une des craintes les plus formulées par les observateurs est celle liée à la surveillance de masse. Le gouvernement va publier une liste d’appareils concernés et d’applications fabriquées en Russie à préinstaller et ils y voient un moyen d’introduire des portes dérobées.
Apple et les autres géants américains du groupe des GAFAM disposent donc encore de 6 mois avant de décider s’ils installent (ou pas) les applications approuvées par le Kremlin sur leurs smartphones et ordinateurs. Le décret y relatif est clair : c’est la condition pour pouvoir écouler leurs produits en Russie.
Seulement, les derniers développements suggèrent que ces derniers devraient s’aligner. En effet, alors que Hong Kong connaissait des affrontements dangereux entre manifestants pro démocratie et la police début octobre 2019, Apple a interdit une application qui permet aux habitants de suivre les manifestations et les activités de la police avant de l’autoriser par la suite. Cette décision d'autoriser l’application HKmap Live avait suscité la colère du gouvernement chinois qui n’avait pas manqué d’émettre des avertissements à l’endroit du géant de la technologie US. Y faisant suite Apple avait fini par éjecter l’application de sa boutique en ligne. Dans une sortie relative à la manœuvre, Tim Cook s’était justifié en soulignant que « Apple a reçu des informations crédibles du Bureau de la cybersécurité et de la criminalité technologique de Hong Kong, ainsi que d'utilisateurs de Hong Kong, selon lesquelles l'application était utilisée à des fins malveillantes pour cibler des agents de police individuels et pour victimiser des individus et des biens en l'absence de policiers. »
Le cas Apple n’est pas différent de celui de Google sur le terrain chinois. En effet, des rapports faisant état de ce que la firme de Mountain View prévoit de déployer une version censurée de son moteur de recherche en Chine (pour bloquer des sites Web ainsi que certains termes de recherche sur les droits de l'homme, la démocratie, la religion et les manifestations pacifiques) ont fait surface en août 2018. Selon des employés de l’entreprise, elle était toujours lancée sur son projet de moteur de recherche censuré pour la Chine au courant du premier trimestre 2019, ce, même si dans les sphères officielles on niait tout en bloc. Dans une publication parue à mi-parcours de l’année précédente, un représentant de l’entreprise a fait une sortie pour annoncer l’abandon du projet dénommé DragonFly.
Source : The Economist
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