La firme de Mountain View a décidé de mettre fin à une poursuite fédérale intentée contre l’entreprise il y a plusieurs années pour discrimination à l'égard des demandeurs d'emploi plus âgés. Pour cela, Google a accepté de verser 11 millions de dollars, une entente qui équivaut à un paiement moyen de plus de 35 000 dollars pour 227 demandeurs d’emploi qui ont participé au recours collectif. Los Angeles Times a rapporté vendredi que Cheryl Fillekes, une américaine ingénieure en logiciel, qui a été victime de la politique de recrutement du géant de la Silicon Valley est a l’origine de l’action en justice.
L’entreprise avait déjà accepté de régler l'affaire en décembre, mais l'accord de règlement final a été présenté à un juge fédéral vendredi dernier. En effet, selon Los Angeles Times, les avocats de l'entreprise et les avocats représentant les plus de 40 demandeurs d'emploi qui ont intenté une action en justice ont soumis vendredi une proposition de règlement final à un juge fédéral à San Jose.
En plus du paiement prévu pour chaque demandeur, le règlement prévoit également que Google doit former les employés et les gestionnaires au sujet des préjugés liés à l'âge, créer un comité axé sur la diversité des âges dans le recrutement et veiller à ce que les plaintes fassent l'objet d'enquêtes adéquates, a rapporté le quotidien de Los Angeles.
Cheryl Fillekes prétendait avoir été interviewée par Google quatre fois en sept ans et ne s'est jamais vu offrir un emploi malgré ses « qualifications et son expérience très pertinentes en programmation » en raison de son âge. Elle a accusé l'entreprise d' « un modèle et une pratique systématiques de discrimination » envers les personnes âgées.
La firme a rejeté les allégations de pratique de discrimination dans sa politique de recrutement, affirmant que Fillekes et d'autres chercheurs d'emploi impliqués dans l’affaire n'ont pas démontré l'aptitude technique requise pour l'emploi, même si les intervieweurs du personnel ont trouvé qu'ils étaient suffisamment « Googley » pour être un bon choix pour employeur.
Mais le caractère collectif de l’action en justice et les dernières statistiques selon lesquelles l'âge médian des employés de Google en 2017 était de 30 ans, soit une décennie de moins que l'âge médian des travailleurs américains, ont joué en faveur des plaignants. Daniel Low, un avocat de Fillekes, a déclaré dans un courriel :
« La discrimination fondée sur l'âge est une question qui doit être abordée dans l'industrie de la technologie, et nous sommes très heureux d'avoir pu obtenir un règlement équitable pour nos clients dans cette affaire ».
L’affaire remonte en juillet 2015, lorsque Cheryl Fillekes, une citoyenne américaine ayant une quarantaine d’années de pratique de la programmation, a porté plainte contre Google. La plaignante, qui accusait, à l’époque, le géant de l’IT de lui avoir refusé des opportunités d’emploi à 4 reprises à cause de son âge, a rejoint un recours collectif lancé contre la société quatre mois plus tôt.
En effet, un ingénieur de 64 ans du nom de Robert Heath avait porté plainte contre Google pour discrimination basée sur l’âge en avril 2015. Avec une expérience professionnelle construite chez IBM, Compaq et General Dynamics, M. Heath a postulé chez Google pour des opportunités liées au développement de logiciels, avant d’être contacté par un recruteur de la firme, selon un magazine.
Dans le processus de recrutement, l’un des recruteurs aurait reconnu que Robert Heath serait « un grand candidat pour travailler chez Google », mais au final, M. Heath n’a pas été retenu à l’issue d’un entretien téléphonique. Pour des raisons qu’il a exposées, Robert Heath affirme que le poste lui a été refusé à cause de son âge avancé. Il a donc porté plainte et appelé toutes les « victimes » de Google à un recours collectif.
Cheryl Fillekes aussi a commencé la programmation en 1976 alors qu’elle était encore élève au secondaire. Elle a à son actif, selon le magazine, un bachelor of science en ingénierie obtenu à Cornell University (1982), un PhD en géophysique à l’université de Chicago (1990), avant de poursuivre des études postdoctorales à Harvard. Son profil LinkedIn, Fillekes possède de nombreux autres diplômes et qualifications, y compris une spécialisation en C, C++, Pyhton, Bash et en développement de systèmes embarqués Linux. Elle a aussi travaillé en tant qu’ingénieur systèmes senior.
Selon Fillekes, a chaque fois qu’elle a été contactée par Google en 2007, 2010, 2011 et 2013 pour des postes possibles dans l’équipe d’ingénierie et de tests ou dans l’équipe de développement de logiciels de la société, elle aurait passé la série d’entretiens téléphoniques pour des interviews en tête à tête avec un recruteur de Google. En 2010, un recruteur de Google lui aurait même dit qu’elle était une candidate idéale et pourtant, aucun de ses entretiens n’a débouché sur une embauche, comme elle s’y attendait.
Google a dit que M. Fillekes et les autres plaignants n'avaient pas démontré l'aptitude technique requise pour l'emploi sollicité, bien que les intervieweurs de l’entreprise avaient trouvé qu'ils étaient un bon choix pour l’employeur.
Google a un long passé de politique de recrutement basé sur la « compatibilité culturelle »
Dans un article publié samedi, le magazine économique américain Forbes a rapporté que ce n’est pas la première fois que Google fait l’objet de poursuites fédérales pour sa « culture » ni pour une affaire de discrimination fondée sur l'âge.
Selon le magazine, Google a réglé une précédente poursuite en 2010. Le procès a été intenté par Brian Reid, alors âgé de 52 ans, et qui avait été engagé par Google en 2002 comme directeur des opérations et directeur de l'ingénierie. Selon Forbes, deux ans après son recrutement, il a été muté à la tête d’un nouveau programme pour retenir les ingénieurs où il n'a reçu ni budget ni personnel et le programme a été rapidement dissous. Et pour couronner tout, Reid n’a reçu qu’une indemnité de départ de deux mois lorsqu’il a quitté Google en 2004.
Reid n’est pas parti de Google pour de mauvais rendements relatifs à ses compétences techniques, mais il lui a été reproché de ne pas s'intégrer dans la culture de Google, selon Forbes. Son superviseur, Wayne Rosing, a écrit : « À tort ou à raison, Google est tout simplement différent : les jeunes contributeurs, les gestionnaires de première ligne inexpérimentés et le rythme très rapide ne sont que quelques exemples de l'environnement ».
Selon Forbes, les documents de la Cour citent l'un des successeurs de Reid, Urs Hölzle, 38 ans, ingénieur suisse en informatique, qui a déclaré à Reid que ses opinions étaient « obsolètes » et « trop vieilles pour compter », et qu'il était « lent », « confus », « léthargique ». D'autres collègues l'appelaient un « vieil homme ». Reid a été remplacé ensuite par deux employés qui avaient respectivement 15 et 20 ans de moins que lui. Selon Forbes, Rosing n’a donné aucune autre raison à Reid pour son action que le manque d'ajustement culturel.
Google a commencé à publier des statistiques sur la diversité et s'est engagé à embaucher plus de femmes, de minorités et de travailleurs LGBTQ, en 2014, a également rapporté Forbes. Mais l’entreprise n'a pas inclus de statistiques sur la diversité selon l'âge dans son rapport sur la diversité, ni même l'âge de référence, y compris dans le rapport de 2019.
Mais cette pratique devrait pendre fin à l’avenir chez Google. Alphabet Inc. a accepté de former les employés et les gestionnaires sur les préjugés liés à l'âge et de créer un comité qui va s’occuper de la diversité des âges dans le recrutement.
Source : Los Angeles Times, Forbes
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Le , par Stan Adkens
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