Depuis trois ans, Craig Wright, un informaticien australien, n’a pas cessé d’affirmer qu’il est Satoshi Nakamoto, l’inventeur du Bitcoin. Bien évidemment, tout le monde n’est pas d’accord avec cette affirmation et la plupart des critiques traitent Wright de voleur et de menteur. Ces allégations ne sont pas passées inaperçues aux yeux de l'intéressé, car Wright a décidé le mois passé de poursuivre tous ses détracteurs en justice pour diffamation. Est-il vraiment Satoshi Nakamoto ? Pour l’instant, il continue de l’affirmer. Craig Wright affirme qu'il a inventé le Bitcoin, et Dave Kleiman, décédé en 2013, l'aurait aidé.
Mais l'année dernière, la succession de Kleiman a affirmé que Wright avait frauduleusement transféré environ un million de Bitcoins que lui et Kleiman avaient extraits ensemble (environ 10 milliards de dollars). Le 28 juin passé, Wright a été invité à comparaître devant le tribunal du district de West Palm Beach, en Floride. En plus des accusations sur la disparition mystérieuse du million de Bitcoin, Wright devait répondre également d’accusations portant sur la falsification de documents liés à certaines transactions du Bitcoin. Selon le média britannique Decrypt, il aurait été confronté à un contre-interrogatoire difficile et se serait trompé sur certains points.
En effet, Wright a passé une grande partie de l'année avec des avocats. Il se défend actuellement contre une plainte devant un tribunal américain, accusé d’avoir fraudé la succession de Dave Kleiman, un ancien partenaire commercial décédé en 2013. Les deux parties reconnaissent Wright comme étant le créateur du Bitcoin, mais Wright est accusé d'avoir volé des Bitcoins que lui et Kleiman ont exploités ensemble il y a environ 10 ans. Un juge fédéral avait ordonné à Wright de soumettre des documents sur ses premiers avoirs en Bitcoin (des avoirs qui avaient été scellés). Selon Decrypt, la déposition de Wright a introduit un certain nombre de détails discordants.
Craig Wright
Wright a été convoqué en Floride dans le cadre de l'action civile afin d'expliquer pourquoi il n'avait pas abandonné les adresses des Bitcoins perdus de Satoshi, auxquelles il dit qu'il pourrait ne jamais avoir accès. Pour se défendre, Wright a déclaré qu’il ne pouvait pas accéder aux pièces, car elles étaient détenues dans une fiducie aveugle protégée par un mécanisme de cryptage labyrinthique et empêtrée dans un réseau d'accords juridiques complexes rédigés par une succession d'avocats. Ce dernier a également déclaré qu'il ne souhaitait pas accéder aux pièces, car elles le porteraient sous le pseudonyme de Satoshi Nakamoto.
Aux yeux de nombreuses autres personnes, cette affirmation de Wright est totalement ridicule si l'on tient compte du fait qu’il réclame la paternité du Bitcoin. Ceci n’est pas le seul fait qui pourrait nuire à Wright dans cette affaire. L’accusation a essayé de démontrer devant la Cour de West Palm Beach que les documents fournis par Wright à la demande du juge peu de temps avant cette séance sont tous falsifiés. L’accusation a allégué que plusieurs courriels prétendument datant de 2011 et 2012 portaient des « métadonnées » les indiquant beaucoup plus récemment. Et une police protégée par un droit d'auteur en 2015 est apparue sur un autre courrier supposé avoir été envoyé en 2011.
Wright a bien sûr nié toutes ces allégations, témoignant que les documents qui sont dans leur grande majorité des PDF, sont logés sur un serveur qui a peut-être été compromis. Selon lui, ces documents constituent des copies légitimes. « Lorsque quelqu'un modifie un fichier sur un serveur compromis qui a été piraté et que l'on sait qu'il l'a été, toutes sortes de choses amusantes se produisent », a-t-il déclaré. Selon l’accusation, Wright aurait fait usage d’une société-écran pour transférer la fiducie sans droit de regard. « Une entreprise que vous n'avez pas achetée jusqu'en 2014 est répertoriée comme bénéficiaire d'un document de confiance que vous avez prétendument rédigé en 2012 ? », a déclaré l’avocat de l’accusation.
La Cour a voulu avoir le cœur net sur la qualité des documents présentés par Wright comme preuve en lui demandant si ces derniers étaient de faux documents. « Euh, je ne sais pas », a répondu Wright à la question. Wright a par la suite joué la carte du regret, parlant de la création du Bitcoin. Il a exprimé ses regrets pour sa prétendue invention qui, selon lui, aurait été gâchée par le crime. Il a indiqué qu'il avait initialement voulu détruire l'énorme fortune et n'avait confié les clés à Kleiman qu'après beaucoup de convictions convaincantes. « Dave m'a dissuadé de le détruire complètement. Si je l’avais su, j'aurais mis un marteau à travers le disque dur qui contenait ceux-ci », a-t-il déclaré.
D’après Decrypt, Wright aurait énuméré à plusieurs reprises des caractéristiques qui ne sont pas celles du Bitcoin. Il a expliqué que la principale raison pour laquelle il ne peut pas accéder aux pièces est qu'il lui manque certaines parties de la clé détenues par Kleiman. Ces parties doivent lui revenir l’année prochaine. Selon lui, si ces parties de la clé ne lui sont pas passées, il ne pourra peut-être jamais accéder aux pièces. Wright est impliqué dans plusieurs autres procès avec des personnes qui prétendent qu'il n'est pas l'inventeur de Bitcoin. Parmi eux, on retrouve le podcasteur Peter McCormack à qui il réclame 100 000 livres (129 000 $) de dommages et intérêts.
Daniel Miessler, un expert en cybersécurité et auteur du livre « The Real Internet of Things », est l’un de ceux qui pensent que Craig Wright est un vulgaire usurpateur. Dans un billet en date du samedi dernier, il a présenté les arguments lui permettant d’affirmer que Wright n’est pas le créateur légitime du Bitcoin. Selon ces propos, il connaissait bien Craig Wright pour avoir échangé sur quelques sujets avec lui sur le Bitcoin. Miessler refuse l’idée que Craig Wright soit Satoshi, avançant cet argument : « Craig cherche à attirer l'attention, alors que Satoshi l'évitait».
Voici décrite ci-dessous la manière dont Daniel Miessler voit les deux personnages :
Craig Wright
- Craig a parlé de lui constamment ;
- Craig a constamment recherché l'attention ;
- Craig aimait débattre publiquement avec les gens ;
- Craig aimait se vanter de ses réalisations ;
- on dirait qu'il a parlé de diplômes qu'il n'avait pas encore ;
- il ferait des choses comme poster des photos de lui travaillant sur un rameur.
Satoshi Nakamoto
- brillant ;
- introverti ;
- veut faire le bien dans le monde ;
- ne veut pas un peu du crédit ;
- préfère rester anonyme si possible.
Après son analyse, Miessler a indiqué qu’il pourrait bien se tromper, mais la probabilité est très mince (3 % de chance selon lui) pour que Craig et Satoshi soient le même personnage. « Je n'ai aucune preuve cryptographique que Satoshi est quelqu'un d'autre, ou que Craig ne soit pas lui. Mais tout ce que je sais sur les humains, et en particulier les egos masculins, me dit que Craig est presque le contraire du vrai Satoshi. Si Craig est vraiment en train de commettre un crime ici, j'aimerais qu'il arrête. Et s'il est vraiment Satoshi et que je me trompe, eh bien, j'espère qu'il me pardonnera cette analyse », a-t-il déclaré. Certains observateurs ont également suggéré que, si l'audience en Floride soulevait suffisamment de doutes sur ces affirmations, ce serait assez suffisant pour que les nombreuses poursuites entreprises par Wright pour diffamation à l’encontre de ces détracteurs soient rejetées.
Sources : Decrypt, Daniel Miessler
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