Les loot box ou les boîtes à surprises constituent une stratégie utilisée par les éditeurs de jeux vidéo pour gagner de l’argent avec leurs jeux. Dans l’industrie des jeux vidéo aujourd’hui, les éditeurs proposent des modèles de monétisation qui favorisent les achats compulsifs par les consommateurs en leur proposant, dans les jeux, des éléments de conception « manipulateurs » qui les incitent, entre autres, à dépenser de l'argent afin de progresser rapidement dans les étapes difficiles des jeux. Toutefois, cette stratégie de gain qui profite de la vulnérabilité de certains joueurs est peut-être en voie de disparition aux États-Unis d’après ce que propose Josh Hawley.
Le sénateur républicain Josh Hawley a annoncé en début de ce mois son intention d'introduire la « Loi sur la protection des enfants contre les jeux abusifs », qui viserait « l'exploitation des enfants par le biais de pratiques de monétisation « loot box » et « pay-to-win » (payer-pour-gagner) de l'industrie du jeu vidéo, selon un résumé publié par le bureau du sénateur. La loi, désormais déposée officiellement, interdira, si elle est adoptée, la vente de loot box dans les jeux destinés aux enfants de moins de 18 ans.
Josh Hawley
« Seule l’économie de la toxicomanie pourrait produire un modèle commercial reposant sur le fait de placer un casino entre les mains de tous les enfants américains, dans le but de les accrocher désespérément. Je suis fier de présenter ce projet de loi bipartite historique pour mettre fin à ces pratiques d'exploitation », a déclaré ce jeudi le sénateur Josh Hawley. Il est soutenu par le sénateur démocrate Ed Markey qui considère la loi comme étant juste, car, a-t-il expliqué, l’écosystème actuel du divertissement est un défi en ligne pour les enfants. Ce dernier dénonce les fonctionnalités de jeu intrinsèquement manipulatrices qui tirent parti des enfants et transforment le temps de jeu en temps de paiement.
« Cela devrait être interdit », a-t-il suggéré, tout en se disant fier de collaborer avec le sénateur Hawley et le sénateur Blumenthal sur cet important projet de loi, car les bénéfices des entreprises ne doivent jamais précéder le bien-être des enfants. « Je suis fier de parrainer cette législation bipartite destinée à protéger les enfants des applications de jeu prédateurs et à demander des comptes aux mauvais acteurs pour leurs pratiques répréhensibles. Le Congrès doit envoyer un avertissement clair aux développeurs d'applications et aux entreprises de technologie : les enfants ne sont pas des vaches à lait à exploiter à des fins lucratives », a-t-il conclu par la suite.
Dans la FAQ sur la loi proposée par le sénateur Hawley, on y lit que la loi sur l’interdiction des boîtes à surprises concerne deux catégories de jeux : ceux orientés vers les mineurs et ceux qui sont destinés à un public général. Dans la première catégorie, Hawley explique que la loi est définie à l’aide d’un cadre inspiré de la célèbre loi sur la protection de la vie privée des enfants en ligne et de la récente mise à jour proposée par les sénateurs Hawley et Markey. Le public cible d’un jeu serait déterminé en fonction d’un certain nombre de facteurs, notamment le sujet, le contenu visuel, l’utilisation de personnages animés, le matériel publicitaire et d’autres indicateurs.
Dans la deuxième catégorie, l'interdiction s'appliquerait aux jeux vidéo si les développeurs et les distributeurs ont une connaissance constructive du fait que certains utilisateurs ont moins de 18 ans. Autrement dit, dans ce deuxième cas, un nombre important des jeux accessibles à un grand public pourraient également être pénalisés par des organismes de réglementation comme la Federal Trade Commission si les entreprises permettent sciemment aux enfants d'acheter ces pochettes-surprises. Alors, comment les développeurs sauront-ils dans quels jeux pourrait-on inclure des boîtes à surprises ?
À cette question, le sénateur a répondu que seuls les jeux destinés aux adultes pourraient inclurent ces fonctionnalités. Néanmoins, il reconnaît qu’il n’est pas aisé de distinguer quel joueur est mineur ou non, mais selon lui, les développeurs doivent faire tous leurs possibles pour parvenir à dissuader les enfants de jouer aux jeux adressés aux adultes. « Il incombe aux développeurs de dissuader les enfants de consommer des produits qui favorisent le jeu et des comportements d'achat compulsifs similaires, comme dans d'autres industries qui limitent l'accès à certains types de produits et de divertissements aux consommateurs adultes », a-t-il expliqué.
À l'instar des deux sénateurs démocrates, des groupes de pression, notamment Focus on the family, Common Sense Media, le Conseil de télévision pour les parents et la Campagne pour une enfance sans publicité, ont apporté leur soutien au projet de loi du sénateur Josh Hawley à travers un communiqué. L’un d’entre eux, Jim Steyer, le PDG de Common Sense a déclaré qu’inciter les enfants à dépenser de l'argent pendant qu'ils jouent à des jeux est inacceptable et devrait être illégal. Il a félicité le sénateur Hawley d'avoir tenu tête à ces entreprises qui exploitent les enfants. D’après ce qu’il dit, les leaders de l’industrie devraient soutenir la création d’une législation et encourager leurs collègues à concevoir des produits réellement bénéfiques pour le bien-être des enfants et de leurs familles.
Cela dit, il semblerait que l’on ait mal pris la nouvelle de la loi dans le rang des développeurs et des éditeurs de jeux vidéo. Stanley Pierre-Louis, le PDG de Entertainment Software Association voit la loi comme une législation imparfaite et semée d’inexactitudes. Il estime que cette législation ne reflète pas le fonctionnement des jeux vidéo ni la manière dont l’industrie du jeu s'efforce de fournir des expériences de divertissement innovantes et convaincantes au public. Selon lui, l’impact de ce projet de loi serait considérable et aurait en fin de compte des conséquences néfastes sur l’expérience des joueurs, sans parler des plus de 220 000 Américains employés par l’industrie du jeu vidéo. « Nous encourageons les coauteurs du projet de loi à collaborer avec nous pour mieux faire connaître les outils et les informations en place permettant de garder le contrôle du jeu vidéo et des dépenses associées au jeu entre les mains des parents plutôt que du gouvernement », a-t-il conclu pour finir.
Le projet de loi (pdf)
Source : Josh Hawley
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