Après la promulgation des règlements de la Commission européenne pour encadrer les systèmes basés sur l’intelligence artificielle (IA) en début de ce mois, le Parlement vient d’approuver une nouvelle directive de la Commission visant à faire usage des réseaux Wifi 5G dans les voitures connectées. Cette norme semble connaître déjà deux camps. La norme est soutenue par Volkswagen et Renault, mais le camp adverse, composé de Daimler, Ford et PSA, espère toujours pouvoir modifier cette décision du Parlement.
En effet, Daimler, Ford et PSA pensent que la norme actuelle, baptisée C-V2X (Cellular Vehicle to Everything), pour les voitures connectées s’améliorera avec le temps et surtout avec l’avènement de la cinquième génération des réseaux de téléphonie mobile, la 5G. Pour ces derniers, cette norme est déjà viable et très prometteuse. Le problème, rapporte Reuters, c’est que cette norme semble ne pas être compatible avec le Wifi. « La Chine, premier marché automobile du monde, a déjà opté pour la norme C-V2X, conçue pour fonctionner sur les réseaux 5G, mais incompatible avec le wifi. Le constructeur automobile américain Ford entend proposer cette norme en 2021 en Chine et s’est engagé à la déployer sur tous ses véhicules neufs aux États-Unis à compter de 2022 », a indiqué le média.
Ford et les autres qui soutiennent cette norme en Europe se sont réunis en une alliance dénommée 5G Automotive Association (5GAA) en 2016. Selon Reuters, environ 100 constructeurs automobiles et équipementiers composent aujourd’hui la 5GAA pour soutenir la norme C-V2X. Pour les membres (Intel, Ford, Audi, BMW, etc.) de cette alliance, la norme C-V2X est meilleure que le Wifi en termes de sécurité, de fiabilité, de portée du signal et de temps de latence.
Cependant, la Commission européenne voit les choses autrement. Elle croit plutôt qu’il y aura plus de sécurité dans les voitures intelligentes avec la loi fonctionnant avec le Wifi. Elle a donc fait une nouvelle proposition que le Parlement vient de voter, une proposition qui est soutenue par les constructeurs comme Volkswagen et Renault. D’après ce que rapporte Reuters, la Commission européenne a proposé un acte juridique pour réglementer les systèmes de transport coopératifs intelligents (C-ITS) en soutenant la norme wifi ITS-G5, déjà adoptée par une grande partie de l’industrie automobile et également déjà homologuée.
De son côté, Volkswagen compte déployer, dès cette année, la norme ITS-G5 sur ses véhicules intelligents. Pour conforter sa position, le constructeur allemand a indiqué que le déploiement effectif de la technologie soutenue par le camp adverse, la norme C-V2X, prendra des années et qu’aucun équipement n’est actuellement commercialement disponible pour réaliser des tests, a indiqué Reuters.
Par contre, les membres de l’alliance 5GAA pensent que le projet de la Commission d’intégrer par la suite d’autres technologies à la norme C-ITS lorsqu’elles seront homologuées sera impossible en raison de l’incompatibilité entre le wifi et la 5G. « C’est comme insérer un DVD dans un lecteur VHS et essayer de le jouer », écrit Mats Granryd, directeur de la GSMA, une fédération des télécoms, dans une lettre adressée au Parlement européen. Il faut également noter que la nouvelle proposition adoptée par le Parlement compte d’autres soutiens. À l’instar de Volkswagen et Renault, l’ITS-G5 est également soutenue par Toyota, MAN et Scania (filiales de VW), le fabricant de puces NXP, la société de péage routier Kapsch et le groupe d’homologation technique VdTüV.
On remarque donc que l’industrie automobile en Europe est divisée sur la question du meilleur choix entre ces deux normes. Selon Reuters, les participants au débat s’accordent à dire que la norme C-V2X sur des réseaux 5G constituera la meilleure technologie, mais ils sont divisés sur le calendrier de son déploiement et sa disponibilité pour le marché de masse. Ils ont expliqué que cette norme pourrait, par exemple, permettre à une voiture connectée de repérer un piéton grâce à son smartphone avant même que l’automobiliste ne s’en aperçoive. Le véhicule freinera alors automatiquement et enverra une alerte sur le téléphone du piéton. Il reste donc à savoir qui aura le dernier mot.
Le Parlement européen a adopté l’acte juridique de la Commission à une faible majorité et le dossier est à présent devant le Conseil européen. Selon certaines sources, indique Reuters, la tâche s’annonce difficile, mais les partisans de la 5G espèrent qu’un avis dubitatif exprimé par l’équipe de conseillers juridiques de la Commission jouera en leur faveur. Un groupe de travail du Conseil se réunira à nouveau les 3 et 10 mai prochain pour examiner cet avis. Pour finir, l’Allemagne a, de son côté, déclaré avoir pris note de ces réserves, mais qu’elle n’avait pas encore pris de décision sur le sujet. Le Conseil européen doit en principe rendre sa décision sur le dossier le 13 mai.
Source : Reuters
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Le , par Bill Fassinou
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